SCHUTEE-SCHWARZE Julien

Par Dominique Tantin

Fusillé le 7 avril 1943 à Chizon, commune de Sainte-Pezenne aujourd’hui rattachée à Niort (Deux-Sèvres) ; soldat autrichien de la Wehrmacht ; condamné pour désertion.

Il est fait mention de cette exécution dans un rapport du Commissaire principal des Renseignements généraux de Niort en date du 4 novembre 1945 qui donne la liste des fusillés à Chizon par les Allemands entre 1942 et 1944, huit français auxquels s’ajoute ce déserteur sur lequel ledit rapport ne donne aucune autre précision.
Un article de la presse locale relate le procès devant la Cour de Justice des Deux-Sèvres de sa dénonciatrice, Yvonne Barbier, née Barré, âgée de 44 ans, gérante du « Stop-Bar » sis rue Brisson avec son mari Jean Bourdier, âgé de 49 ans. Ce bar et l’hôtel attenant furent réquisitionnés dès le 26 juin 1940 par l’occupant, les chambres étant réservées pour les troupes tandis que le salon et la salle à manger devenaient le mess des officiers. Yvonne Barbier était, de notoriété publique, « en relations intimes » avec le Feldkommandant Kreiss et le colonel Muller. Son époux approvisionnait en vin le Cercle et le Casino des Allemands.
Julien Schutee-Schwarze s’était caché à Thouars (Deux-Sèvres) après sa désertion. Mais il commit l’imprudence de revenir à Niort pour chercher de l’argent chez des amis. Il semble qu’il était bien connu dans les bars du quartier sous le surnom de « Julot ». Un gardien de la paix, Robert Piet, dont un parent tenait un café 5 rue Basse, relata au Tribunal les faits suivants : « Un vendredi d’octobre où le café était fermé, il a vu venir en civil, coiffé d’un grand chapeau, l’autrichien […] Cinq minutes plus tard, « Julot » n’avait que le temps de disparaître et de monter l’escalier du café pour se cacher au grenier car des gendarmes allemands venaient de faire irruption. Ils recherchaient, disaient-ils, un homme à grand chapeau portant une cravate rouge à pois. M. Piet, qui avait fait disparaître le chapeau à la dernière minute, jura, ainsi que ses parents, qu’il n’avait vu personne. Les Boches, tranquillisés, s’en allèrent chercher « Julot » plus loin et ce dernier en profita pour filer non sans avoir dit au gardien de la paix : « C’est la grande du Stop-bar qui m’a vendu. »
Julien Schutee-Schwarze fut finalement arrêté, condamné et exécuté.
Yvonne Barbier fut condamnée à 1 an de prison, 100 000 francs d’amende et cinq ans d’interdiction de séjour. Son mari écopa de 10 ans d’indignité nationale.


Voir Niort, Chizon de Sainte-Pezenne, stand de tir (1942-1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200482, notice SCHUTEE-SCHWARZE Julien par Dominique Tantin, version mise en ligne le 28 février 2018, dernière modification le 21 février 2019.

Par Dominique Tantin

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 158W221 et 158W224.

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