VACHER, Henri Marcel

Par Huguette Juniet, Eric Panthou

Né le 1er juillet 1912 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort sous la torture par la police allemande le 23 février 1944 à Chamalières (Puy-de-Dôme) ; employé du service du STO ; résistant au sein des Ardents.

Fils de Jean-Marie Vacher et Marguerite Monteix, née le 11 avril 1891 à Larrode (Puy-de-Dôme), Henri Vacher n’a pas connu son père, mort de la tuberculose quelques mois après sa naissance. Sa mère épousa en seconde noce Louis Curie, né en 1892 à Baumes-les-Dames (Doubs). Le ménage résida à Chamalières (Puy-de-Dôme) où il ouvrit un café et vécut jusqu’à leur mort.
Après avoir passé son certificat d’études en 1927, Henri Vacher entra comme employé à la maison Palauzi, vins et spiritueux, rue de Bordeaux, à Chamalières.
En 1932, il effectua son service militaire à la 7ème escadre de chasse de Dijon. Rappelé en 1939 au camp de Caylus (Tarn-et-Garonne), il fut démobilisé en juin 1940. Il retrouva son emploi à la maison Palauzi et célibataire, résidait chez sa mère, 12 rue du Bosquet à Chamalières (Puy-de-Dôme).
En 1941, il entra comme employé au Service du travail obligatoire (STO), rue Barbançon, affecté comme secrétaire administratif du service médical. C’est alors qu’il entre dans la Résistance et adhère en octobre 1941 au mouvement les Ardents sous les ordres de Charles Rauzier alias Tranchet. Son emploi lui permit, avec la complicité du médecin, de fournir des certificats d’exemption, de détruire un certain nombre de dossiers de jeunes gens "fichés" pour partir en Allemagne. En plus de cette activité, il avait une petite imprimerie avec laquelle il composait des petits tracts reprenant des slogans contre l’Occupant tels que "Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand". Le soir, après son travail, il allait les distribuer dans les boîtes aux lettres. Il avait rejoint le Corps franc des Truands le 1er septembre 1943.
Il fut arrêté avec le médecin du service médical du STO par le SD le 20 décembre 1943, sur dénonciation de Jacob Toussaint alias Jean Mathurin, lieutenant à la base aérienne d’Aulnat et ancien résistant devenu agent du SD, qui demeurait impasse Bonnabaud à Clermont-Ferrand.

Emprisonné à la prison militaire allemande du 92e RI à Clermont-Ferrand, il fut martyrisé et torturé. Le 23 février 1944 il fut conduit au siège de la Gestapo installée dans la Villa René à Chamalières où il fut, ce même jour, encore torturé jusqu’à mort s’ensuive, mort par strangulation. Le lendemain, son corps fut identifié à la morgue par son père et son cousin germain, Louis Bordel. Il aurait reconnu être une boîte aux lettres pour les résistants.
Dans la valise remis à sa famille, on trouva caché dans la poignée, une lettre à ses parents. Dans celle-ci, il pense être bientôt envoyé à Compiègne puis être déporté, affirmant n’avoir donné aucun nom et faisant des recommandations pour prévenir certains camarades. Il s’inquiète néanmoins d’être encore là et espère qu’il n’y aura pas de complications. Il dit avoir été tapé une fois à coups de nerfs de bœuf lors de son 3éme interrogatoire par un membre du SD. Depuis cette date, il fit et neurasthénique et a été affecté pour faire des petits travaux aux cuisines, lui permettant de fournir un peu de nourriture à deux camarades arrêtés en même temps que lui : Arnaud et Bouchet.
Le gestapiste Vernières indiqua lors de son procès : « Il fut retrouvé mort dans sa cellule le lendemain matin. On vint chercher son corps le soir vers 22 heures et je puis vous dire qu’il fut enterré à Aulnat. »
Henri Vacher fut reconnu "Mort pour la France", homologué Déportés et internés de la résistance (DIR), Forces françaises de l’intérieur (FFI) mais un avis défavorable fut donné à la demande d’attribution de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance par son ayant-droit, sa mère, en 1959.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts 1939-1945 de Chamalières.
Son dénonciateur, né le 1er novembre 1916 à Saint-Caradec-Trégomel (Morbihan) fut condamné à mort par contumace le 11 mai 1945. Il avait été déporté en Allemagne. Arrêté ensuite à Vannes à son retour vers le 20 juin 1945 il fut condamné à dix ans de travaux forcés. Il n’aurait pas fait toute sa peine selon un témoignage tandis qu’un autre affirme, à tort, qu’il serait mort noyé, jeté dans la Saône. Il aurait plusieurs dizaines de dénonciations à son actif. Il est en réalité décédé à Plérin (Côtes-du-Nord, aujourd’hui Côtes-d’Armor), le 28 avril 1976, après s’y être remarié en 1962.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200510, notice VACHER, Henri Marcel par Huguette Juniet, Eric Panthou, version mise en ligne le 1er mars 2018, dernière modification le 3 août 2022.

Par Huguette Juniet, Eric Panthou

SOURCES : Arch. dép. Puy-de-Dôme, 908 W 506, 908 W 629 . — Arch. Dép. Du Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945 .— Témoignage de sa mère Mme veuve Vacher.— AVCC Caen, AC 21P 157422, dossier d’Henri Vacher (non consulté). Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 2546 W 9527. Dossier de demande de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance pour Henri Vacher .— SHD Vincennes : GR 16 P 581639, dossier de résistant d’Henri Vacher (non consulté) .—Henri Vacher dit Samos, par Louis Bordel, 4 pages dactyl., archives Roger Champrobert. — MémorialGenweb .— Mémoire des Hommes. — État civil Saint-Caradec-Trégomel.

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