FÉAT Henri

Par Daniel Grason, Michel Laubier

Né le 1er juillet 1926 à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine) ; garçon de ferme, ajusteur, mécanicien ; membre des FFI à Oucques arrondissement de Blois (Loir-et-Cher).

Henri Féat à dix-sept ans.
Henri Féat à dix-sept ans.

Fils de Guillaume, sergent de ville et de Rosalie, Joséphine, née Le Gouic, tous les deux originaires de Bretagne, gazé pendant la Première Guerre mondiale, son père Guillaume en avait été très marqué. Démobilisé il a d’abord travaillé à la Société des Transports en commun de la région parisienne (STCRP), puis il entra dans la police parisienne.
Le couple habita à La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), puis à Bagnolet en Seine-Saint-Denis où se déroula son enfance et adolescence avec sa sœur, son aînée. Ses parents se séparèrent en 1935, son père après avoir pris sa retraite de policier retourna en Bretagne dans le Finistère. Il souffrait des séquelles de son gazage de 1914, requis par le Maire de Plouézoch commune de l’arrondissement de Morlaix, il travailla très peu de temps pour l’agence Todt à la construction du mur de l’Atlantique. Parla-t-il de son état de santé ? Assurément sa sensibilité antifasciste en fut soulagé.
Henri Féat obtint son CEP en 1937 à l’âge de onze ans. Il se souvient de « la drôle de guerre » en 1940, le départ à Oléron puis le retour à Bagnolet, la défaite de juin 1940, le bombardement des Usines Renault dans la nuit du 3 au 4 mars 1942 par la Royal Air Force dont le bruit résonna jusque dans la banlieue nord. Il a été reçu en 1942 à Montreuil-sous-Bois pour entrer au cours complémentaire, il ne suivit pas cette formation.
Un autre souvenir marquant chez Henri Féat, le port de l’étoile jaune imposée aux juifs par une ordonnance allemande du 29 mai 1942, la rafle des juifs rassemblés au Vel d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942. Il en eut connaissance par son oncle Henri Robin chauffeur à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP), requis lors de cette opération. Celui-ci pour le moins hardi vola le revolver et les cartouches du soldat allemand qui l’accompagnait, le Walter 141967P, fut caché chez Henri. Cet oncle hébergea Pierre Kérautret, ex. maire communiste de Romainville évadé d’un camp d’internement, et Leroy, secrétaire général de la mairie, ainsi que sa femme et sa famille.
Il prit l’initiative de partir travailler dans la Beauce où il arriva le 5 septembre 1942. Sa mère le rejoignit en 1943, elle a été hébergée chez Georges Fesneau. Henri Féat travailla chez René Leroux à Villexanton (arrondissement de Blois) du 22 septembre 1942 au 1er novembre 1943, puis chez Georges Fesneau du 1er novembre 1943 au 24 juin 1944 commune d’Epiais, enfin chez Désiré Maury du 26 aout au 4 novembre 1944 à Pontijou commune de Maves. Sa mère Joséphine se remaria avec Désiré Maury le père de Gérard et Lucien, ce dernier était résistant. Un parachutage d’armes destiné aux maquis de Sologne eut lieu en mai 1944, vingt containers d’armes de largués, dix-neuf furent récupérés. Les anglais parachutèrent d’autres armes après le débarquement du 6 juin 1944 pour le maquis d’Oucques.
La répression allemande fut terrible, dix résistants ont été fusillés le 12 juin 1944 vers 22 heures 30, trois autres noms ont été gravés sur le monument commémoratif de Maves : Roger Aguenier, Maurice Aubry, Marcel Aufrère, Marcel Bailly, Jean Falck, Albert Kristolstein, Maurice Lazard, Pierre Loyau, Michel Léon, Aimé Milhau, Guy Robin, Gabriel Thion et Alfred Weill, deux survécurent. Ils étaient de diverses obédiences de la Résistance : FFI, FTPF, Armée secrète et du SOE. Un autre mourra en captivité.
Lucien Maury fils du fermier, était résistant, prit « par un soldat allemand, alors [qu’il s’éveillait] dans une botte de foin. », il sera déporté à Neuengamme en Allemagne. Il survivra, témoigna dans La Nouvelle République sous le titre « Avoir vingt ans dans les camps » Henri Féat travailla à la ferme remplaçant le fils déporté, des habitants pensaient qu’il avait été fusillé. Henri Féat devint charretier chez Leroux. Il récupéra un fusil Mauser et une musette de deux cents cartouches, promptement dissimulés dans une meule de foin, il remit arme et cartouches à des résistants du maquis de Oucques.
Les combats de la libération furent très durs dans le département. Henri Féat était bien jeune, la carte FFI-FTP qui lui a été délivré porte la date de naissance du 1er janvier 1926 alors qu’il était né le 1er juillet de la même année. La mention « Compagnie FTPF-FFI » figure sur le tampon avec la Croix de Lorraine. Il a gardé une autre carte du « Conseil National de la Résistance commission militaire ex. COMAC » signée du Chef de Bataillon Henry Commandant départemental FFI, avec la signature Maurice Kriegel Valrimont. L’attestation d’appartenance aux FFI délivrée le 14 novembre 1946 par le lieutenant Perrin mentionna la période du 10 août au 19 septembre 1944.
Il rentra à Bagnolet, son oncle Henri Robin avait hébergé pendant la guerre Pierre Kérautret, ex. maire de Romainville évadé d’un camp d’internement, Henri Féat devint secrétaire à la mairie. Appelé sous les drapeaux, il fit un an de service militaire au Maroc. Á son retour il reprit son métier d’ajusteur P1 en soufflerie, chez Rateau à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis).
Il épousa le 24 août 1948 Carmen, Louisette Hoffmann en mairie du Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne), le couple habita la ville, quatre enfants naquirent. Henri Féat fut ajusteur P2 chez Facom à la réparation des machines-outils à Gentilly, puis à La Précision mécanique dans le XIIIe arrondissement.
Il se présenta au concours de mécanicien organisé par la Préfecture de police, il fut reçu. Il travailla en équipe 3 X 8 pendant seize ans du 1er avril 1950 à juillet 1966 au fonctionnement des chaudières au Centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans-abris (CHAPSA) à Nanterre, il devint contremaître. Il travailla à la Direction de la circulation des transports et du commerce dont faisait partie les fourrières, il y passa vingt ans au cours desquelles il fut en contact avec des personnes de différents milieux, des forts des Halles aux Pervenches. Il partit en retraite en 1986, il vit depuis dans sa ville d’adoption, Nanterre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200562, notice FÉAT Henri par Daniel Grason, Michel Laubier, version mise en ligne le 3 mars 2018, dernière modification le 3 mars 2018.

Par Daniel Grason, Michel Laubier

Henri Féat à dix-sept ans.
Henri Féat à dix-sept ans.

SOURCES : Entretien avec Henri Féat le 18 janvier 2018. – La Nouvelle République, s. date. – Site internet GenWeb. – État civil Nanterre.

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