CLARAC Louise [née THIBAULT Madeleine]

Par Claude Pennetier

Née le 17 mai 1898 à Angoulême (Charente), morte en 1946 à Bruxelles (Belgique) ; blanchisseuse ; militante communiste ; compagne de Jean Crémet.

Fille d’un chaudronnier mort jeune et d’une lingère remariée avec un typographe militant socialiste puis communiste après 1920, Louise Thibault apprit le métier de blanchisseuse à treize ans, se maria et gagna Paris vers 1918. Elle travailla chez Renault, dans un atelier de presse hydraulique puis dans une usine d’ameublement. « Par instinct de classe », elle soutint des mouvements revendicatifs sans adhérer à une organisation. Son adhésion au Parti communiste date de 1923. Secrétaire et amie du dirigeant communiste Jean Crémet, Louise Clarac aurait participé, dès 1923, à un réseau de renseignement - dit réseau Crémet - qui s’intéressait à la production des usines de guerre françaises. À Marseille, en juillet 1924, un de ses interlocuteurs (Rousset) prévint le commissaire spécial Borelli qui la laissa faire pour mieux contrôler ses activités. Elle raconte elle-même dans un document autobiographique conservé dans les archives du Komintern : « En 1923, j’entre au parti communiste ; je fus presque aussitôt employée au service illégal et là je travaille de 1923 à 1927 ; en janvier 1927 on me licencie du travail sous prétexte que j’étais trop connu par la police. On me donna une place à lHumanité où je travaille jusqu’en mars 1927. En mars se déclenche l’affaire d’espionnage, je quitte l’Humanité parce que plus ou moins compromise dans l’affaire, d’accord évidemment avec le parti, et comme une partie des camarades sont arrêtés ou doivent se cacher, l’on me prend dans le service en rapport avec cette affaire et travaille à peu près 10 mois, et à nouveau je dus quitter car la police me recherchait au sujet d’une deuxième affaire, et même ayant voulu m’arrêter je pus m’enfuir par une sortie que cette dernière ne connaissait pas. Et, d’accord avec mon parti et ce service, je partis pour Moscou où je suis arrivée le 3 mars 1928. » (Autobiographie, RGASPI, 495 270 6639, feuillet 16.)

Un mandat d’amener avait en effet été lancé contre elle en avril 1927. La Xe chambre correctionnelle la condamna le 25 juillet 1927, par défaut, à cinq ans de prison. Elle subit une nouvelle condamnation le 14 mars 1928 dans l’affaire de l’École d’application de l’Aéronautique. Louise Clarac s’était réfugiée en URSS avec Crémet. Henri Barbé affirme les avoir rencontrés au début de l’année 1929 à Bruxelles, alors que Crémet s’apprêtait à s’embarquer à Anvers pour un voyage en Chine dont il ne revint pas. En juin 1929, elle vivait dans les environs de Moscou sous son nom de jeune fille, Madeleine Thibault, et travaillait comme dactylo. Elle se confond avec « Louise » dont le nom apparaît souvent, en 1930, dans la correspondance entre Cilly et Albert Vassart (Arch. J. Maitron). Elle était encore répertoriée dans les services du Komintern en avril 1936. En 1934, elle aurait obtenu des autorités soviétiques l’autorisation de quitter la Russie.

Louise Clarac rejoignit en Suisse Crémet qui avait disparu (ou plutôt s’était fait disparaître) au cours d’une mission secrète en Chine quelques années plus tôt. Elle passa la guerre à Vitry-sur-Seine près de sa sœur Marie-Madeleine Clarac, elle-même agent de liaison du réseau Cremet, présente dans leur exil en URSS et devenue en 1932 assistante sociale à la mairie de Vitry-sur-Seine. Louise Clarac décida de partager la vie discrète de Cremet en Belgique sous le faux nom de Marie-Thérèse Voisin. Elle mourut d’une congestion cérébrale, fin 1946, dans le train qui l’emmenait vers Cremet à Bruxelles. Sa sœur, veuve Mercier, mourut en octobre 1982 à Grasse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20063, notice CLARAC Louise [née THIBAULT Madeleine] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 avril 2021.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 6639. — H. Barbé, Souvenirs, op. cit., p. 105-111. — E. Bougère, Espionnage soviétique, inédit. — R. Faligot, R. Kaufer, As-tu vu Cremet ?, Fayard, 1991.

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