DESVIGNES Robert

Par Daniel Grason

Né le 23 octobre 1909 à Paris (VIIIe arr.), mort le 3 janvier 1978 à Paris (XVIIe arr.) ; cantonnier à la Ville de Paris ; militant communiste ; interné, résistant.

Robert Desvignes
Robert Desvignes

Fils d’Émile, Louis, brossier et de Blanche, Émilie Galet, ménagère, Robert Desvignes épousa Louise Eminal le 9 janvier 1932 en mairie du XVIIe arrondissement. Le couple habitait 75 rue Pouchet à Paris (XVIIe arr.), trois enfants naquirent.
Le 16 février 1935 il fut embauché comme cantonnier à la Ville de Paris, affecté dans le XVIIe arrondissement, il adhéra au parti communiste pendant le Front populaire. De la classe 1929, il fut affecté spécial comme cantonnier à la ville de Paris, de la déclaration de guerre à juin 1940. Il fit partie en 1940 du Comité populaire d’atelier des cantonniers du nettoiement des XVIIe et XVIIIe arrondissements.
Le 6 juin 1942 deux inspecteurs de la BS2 se présentèrent chez Robert Desvignes, fouillé, il portait sur lui une liste de souscription et des feuilles annotées, dans son logement les policiers saisissaient ce qu’ils considéraient comme « un projet de tract manuscrit. »
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, d’emblée les inspecteurs lui affirmèrent qu’il était le dimanche 31 mai rue de Buci. Ils lui demandèrent qui l’avait sollicité, il répondit qu’il avait fait son marché au marché des Ternes, puis avait rendu visite pour du ravitaillement à une concierge rue de Toricelli. Á 11 heures 45, au café « Julien », tous les deux prenaient l’apéritif. Il rentra chez lui à pied, déjeuna en compagnie de sa femme et de ses trois enfants. L’après-midi la famille alla au Cinéma « Lumière » avenue de Saint-Ouen. Il affirma qu’il avait pris connaissance de ce qui s’était passé rue de Buci à la lecture des journaux le mardi ou le mercredi.
La liste de souscription comportait trois noms, il s’agissait en fait d’une collecte pour la veuve d’un camarade de travail qui était mort. Les policiers lui demandèrent ce que signifiaient les mots qui étaient écrits sur le papier saisi chez lui : « Français, la collaboration par laquelle on vous contraint… » Tranquillement Robert Desvignes expliqua qu’il avait trouvé ce papier par terre dans une rue. Il avait eu l’intention de le lire à ses camarades de travail, mais l’avait rangé chez lui dans une boîte.
Il resta au dépôt de la préfecture de police jusqu’au 13 juin 1942, puis fut incarcéré à la Santé. Le 26 juin 1942, Camille Fégy, rédacteur en chef de l’hebdomadaire collaborationniste La Gerbe, écrivit au Préfet de police. Il se faisait l’interprète des frères de Robert Desvignes : André, Arsène et Raymond « tous trois anciens Croix de Feu » qui étaient persuadés « qu’il n’a commis aucun délit. » et « qu’on pourrait détacher de l’action communiste ».
Robert Desvignes comparut le 26 février 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris en compagnie de Léonard Marcellesi, Mayer Kaliski, Eugénie Dietrich et Marcel Leclerc. Tous étaient soupçonnés d’être impliqués dans l’initiative du dimanche 31 mai rue de Buci où Madeleine Marzin avait très brièvement prit la parole.
Il a été considéré par le tribunal comme « l’un des organisateurs de la manifestation du 31 mai et inculpé de détention de tracts. » Le 26 mars 1943, le tribunal considéra qu’il n’y avait pas la « preuve certaine qu’il ait contrevenu à la loi pénale », il fut relaxé. Robert Desvignes a été interné administrativement en application du décret du 18 novembre 1939 au centre des Tourelles à Paris (XIXe arr.). Il en fut libéré par les autorités allemandes en tant que « travailleur ».
Il participa aux combats de la Libération, fut grand électeur du Parti communiste aux élections sénatoriales du 24 novembre 1946. Robert Desvignes a été homologué Interné résistant et au titre des FFI. Il mourut le 3 janvier 1978 à Paris XVIIe arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200816, notice DESVIGNES Robert par Daniel Grason, version mise en ligne le 12 mars 2018, dernière modification le 14 mars 2019.

Par Daniel Grason

Robert Desvignes
Robert Desvignes

SOURCES : Arch. PPo. GB 098, 77W 346, GB 176 (photo). – Bureau Résistance GR 16 P 181394. – État civil numérisé 8N 155 acte n° 1673, Paris 8e arr.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 176

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable