RUFIN Louis, Amand. Pseudonyme dans la Résistance, Aman

Par Vincent Flauraud

Né le 13 février 1912 à Marizy-Sainte-Geneviève (Ain), mort le 29 octobre 2003 à Petite-Pierre (Bas-Rhin) ; professeur ; militant communiste, membre du bureau du PC cantalien ; résistant, membre du CDL du Cantal.

Louis Rufin ne connut pas vraiment son père, Roger, Louis Rufin, cultivateur, disparu sur le front à la butte de Souain (Marne), le 8 octobre 1915. Adopté par la Nation en 1921, il fut élevé par sa mère, Nathalie Delaire. Il effectua des études secondaires et universitaires en allemand. Il se maria le 22 mai 1936 à Paris (XIXe arr.) avec Hélène Mesmer, dont il divorça en juillet 1953. Ayant échoué à l’agrégation, il obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand en 1939, alors qu’il effectuait son service militaire.

À Aurillac (Cantal), Louis Rufin, professeur d’allemand au lycée Émile-Duclaux, participa aux côtés d’Alphonse Bouloux à la reconstitution clandestine du parti communiste cantalien en 1942-1943. « Aman » dans la Résistance était l’un des deux principaux relais du Front national et des FTP fin 1943. Il fut délégué au CDL par le Parti communiste (seul représentant), en relation avec le responsable régional du parti, Girardot. Il s’y opposa fréquemment à Jean Lépine (MUR), qui en assurait la direction. Il lui reprochait en avril 1944 de ne pas réunir assez souvent le CDL. Lorsque les réunions devinrent régulières, à Mauriac, sous-préfecture libérée, Rufin s’opposa encore à Lépine. Ce dernier, s’estimant injurié le 29 juillet, refusa de siéger, et Rufin, allié à Matarasso (MUR) et Molinier (CGT), fit voter le remplacement de Lépine à la présidence, remplacement assuré par Amarger. Louis Rufin continua à s’opposer aux représentants des MUR, notamment à Chastang. Mais le 5 août, Lépine fut finalement réintégré, et une commission permanente fut désignée, comprenant, outre Rufin, Amarger (MUR-SFIO), Gaudemer (SFIO) et Molinier (CGT). Dès l’installation du CDL à Aurillac (11 août 1944), Louis Rufin fut désigné pour représenter le CDL aux côtés de Matarasso, au sein de la commission chargée de contrôler les arrestations. Il s’opposa à la nomination de Mitanchez (pseudo Milton), alors sous-préfet de Saint-Flour par interim, à la préfecture du Cantal, comme le proposait Lépine. Il fut par la suite homologué FFI.

D’août à octobre 1944, Rufin, Alphonse Bouloux et quelques Cantaliens, dont un groupe de jeunes militants, déployèrent une activité intense pour relancer le Parti communiste qu’ils avaient entretenu dans la clandestinité. Ils organisèrent des réunions, lancèrent des journaux, dont Le Patriote – Organe du Front national du Cantal dès le 8 septembre, Le Cantal ouvrier et paysan,reparaissant le 17.

Le 8 octobre, Louis Rufin reprocha cette fois à Lépine son hostilité à l’Église, défendant une politique de la main tendue à tous les catholiques qui n’avaient pas collaboré. « Résolu à une large entente avec tous les patriotes », il s’employa aussi, en novembre, à plaider auprès des socialistes du CDL la constitution de listes uniques lors des élections à venir. A la mi 1945, un comité d’entente entre communistes et socialistes fut finalement mis en place. En juin 1945, Rufin participait ainsi à une réunion d’échanges entre PC et SFIO.

En mars 1945, il avait été chargé des masses, au sein du bureau régional du parti communiste cantalien. En août, il appela, à l’occasion des États généraux de la Renaissance, à l’« union profonde et large des républicains de toutes nuances, de tous les démocrates attachés aux libertés ». On ne trouve plus sa trace, par la suite, dans la presse cantalienne.

Louis Rufin fut en effet mis à la disposition du Secrétariat d’État aux affaires allemandes et autrichiennes dans la zone d’occupation française, maintenu du 1er octobre 1947 au 28 février 1948. Puis il fut mis à disposition du Directeur de l’enseignement supérieur puis du ministère des Affaires étrangères pour exercer les fonctions d’assistant à l’Université de Hambourg de février 1948 à septembre 1952.
Il se remaria le 24 février 1954 à Trèves (Allemagne) avec Catherine Marx, née Schmitt.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200843, notice RUFIN Louis, Amand. Pseudonyme dans la Résistance, Aman par Vincent Flauraud, version mise en ligne le 13 mars 2018, dernière modification le 20 août 2022.

Par Vincent Flauraud

SOURCES : Archives Départementales du Cantal, 9 W 3518 ; Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945. Les troupes allemandes à travers le Massif central, Cournon d’Auvergne, De Borée, 1993, 701 p. – Le Cantal ouvrier et paysan, 30 décembre 1944, 22 avril 1945, 31 avril 1945, 30 juin 1945, 4 août 1945. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 527817. — JO, 26 janvier 1950, 10 novembre 1950. — État civil. — Bulletin des langues vivantes, juin 1939. — Notes d’Alain Dalançon.

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