TRICOT Henri [TRICOT Jean Henri]

Par Vincent Flauraud

Né le 4 décembre 1896 à Saint-Mamet (Cantal), mort le 7 mars 1986 à Aurillac (Cantal) ; dentiste ; résistant ; conseiller général et maire socialiste d’Aurillac (Cantal)

Fils d’instituteur, Henri Tricot naquit à Saint-Mamet (Cantal) où son père Jean, originaire de Marmanhac (Cantal) était en poste, avant que la famille ne rejoignît Aurillac, quand celui-ci fut nommé à l’Ecole d’application du chef-lieu du Cantal. Sa mère, Marguerite Moirat, était originaire de l’Allier. Henri Tricot fut élève au lycée Emile-Duclaux. Engagé volontaire pendant la Grande Guerre, il fut artilleur, puis, comme officier, observateur-aérostier – il reçoit une citation pour n’avoir sauté en parachute de son ballon d’observation incendié le 26 septembre 1918 qu’« à la dernière extrémité ». Ses études le conduisirent à devenir dentiste, exerçant d’abord à Paris, avant de rejoindre Aurillac en 1927, avec son épouse.
Mobilisé de nouveau en 1939, Henri Tricot était de retour à Aurillac en 1940. « Henri Tricot, peu marqué politiquement, était passionné de liberté et de démocratie. Il devint antipétainiste quand il vit Pétain prendre Laval comme bras droit. La dissolution du parlement, le proconsulat de Laval lui firent comprendre que le régime de Vichy était une forme de fascisme. Or Tricot avait lu et relu Mein Kampf que lui avait communiqué un professeur d’allemand du lycée. » (E. Martres). En septembre 1940, il était entré en relation avec le mouvement de résistance du général Cochet. Avec le Dr Garrigoux, il accomplit l’un des tout premiers actes de résistance du département, en inscrivant sur des murs d’immeubles, dans la nuit du 23 au 24 octobre 1940, « A bas Laval. Français tu seras soldat d’Hitler ». Il lisait des passages de Mein Kampf à ses patients, en recopiait des extraits destinés à divers correspondants. Courant 1942, il était devenu agent n°A 42 du réseau Alliance de l’Intelligence service, pour lequel, en fait, il travailla peu. Fin 1942, Jean Lépine, chef départemental du mouvement Franc-tireur, entra en contact avec lui par l’intermédiaire de Marcel Gaillard, et lui confia la responsabilité de la ville et de l’arrondissement. Début 1943, Tricot découvrit aussi le mouvement Libération, via Léon Matarasso. Il conserva la responsabilité de l’arrondissement d’Aurillac, lors de la constitution des M.U.R. en mars 1943, assisté de Marcel Gaillard pour l’Armée secrète. En décembre 1943, il intégra le CDL du Cantal, où il était l’un des cinq représentants des MUR, et en devint vice-président. En juin 1944, n’approuvant pas la concentration de la résistance au mont Mouchet, il transmit néanmoins l’ordre pour exécution, mais l’A.S. aurillacoise s’abstint pour l’essentiel, à la différence des cantons du sud-ouest. En juillet, Tricot gagna le maquis au « camp Bernard », dirigé par Bernard Cournil, sans éviter quelques frictions entre les deux hommes. « Insensiblement, Tricot se rapprocha de l’ORA et, fin juillet, il abandonna à peu près définitivement le « camp Bernard » pour s’installer à Mauriac [Cantal] où siégeait d’ailleurs le CDL » (E. Martres).
Le 22 août 1944, Joly, le maire d’Aurillac nommé par Vichy, avait écrit à Tricot « qui s’imposait nettement comme la première personnalité aurillacoise. Il s’agissait nettement d’une passation de pouvoir » (E. Martres). Henri Tricot fut désigné comme membre du Conseil municipal provisoire, devenant le premier-adjoint du Dr Chanal, le maire radical d’avant-guerre réinstallé dans ses fonctions.
Membre influent du MLN cantalien, Henri Tricot s’opposa, avec Lépine, à sa fusion avec le Front national, pourtant votée lors du congrès départemental du 18 janvier 1945. Une commission paritaire réunissant les deux mouvements fut formée, siégeant en février-mars sous la présidence de Tricot. Elle réclama l’application du programme du CNR puis tomba bien vite dans l’oubli.
C’est en 1945 qu’il adhéra à la SFIO. Candidat sur la liste unique menée par le Dr Chanal aux élections municipales à Aurillac en avril-mai 1945, Tricot fut élu avec 74,1 % des voix et demeura premier-adjoint. Il se rendit à Illzach, ville filleule d’Aurillac, pour participer aux fêtes de la Libération en juillet 1945. Dans la foulée, il fut élu aux élections cantonales de septembre-octobre à Aurillac-sud (socialiste indépendant), face au futur député communiste Clément Lavergne et au radical Laparra : au premier tour, 1er tour 36,9 % contre 36,2 % pour Laparra et 26,9 % pour Lavergne ; au second tour, 65,3 % des voix. Tricot devint alors vice-président du conseil général.
En 1947, Tricot fut élu maire d’Aurillac. Il fut promu officier de la légion d’honneur en 1948.
Il fut alors à l’origine de la renaissance de la Société des lettre, sciences et arts « La Haute-Auvergne », fondée en 1898, tombée en léthargie en 1949 : il suscita l’organisation d’une exposition sur l’histoire d’Aurillac en 1951, et en novembre, l’élection de nouveaux responsables de la Société, dont il prit la présidence. La publication de la Revue de la Haute-Auvergne put reprendre en 1952.
Battu aux élections municipales de 1952, Henri Tricot fut par la suite l’animateur d’une foule d’organismes et en particulier de l’Office départemental des HLM. En 1965, en tant que président de cet Office, il évoqua la crise du logement à Aurillac, à l’occasion de l’inauguration de la cité HLM Pierre-Terrisse, en présence de Maziol, ministre de la construction originaire du Cantal.
Henri Tricot avait eu deux fils. L’un est mort adolescent, l’autre, Bernard, fut secrétaire général de l’Elysée sous le général ee Gaulle, et militait au MDC à la fin de sa vie (décès en 2000). Le nom d’Henri Tricot a été donné à un carrefour et une résidence HLM d’Aurillac.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200854, notice TRICOT Henri [TRICOT Jean Henri] par Vincent Flauraud, version mise en ligne le 13 mars 2018, dernière modification le 13 mars 2018.

Par Vincent Flauraud

SOURCES : Revue de la Haute-Auvergne, 1996. – Le Montagnard, 28 octobre 1947, 31 octobre 1947, 20 avril 1948, 5 octobre 1948. – Le Cantal ouvrier et paysan, 22 mai 1965. – Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945. Les troupes allemandes à travers le Massif central, Cournon d’Auvergne, De Borée, 1993, 701 p. – A.D. Cantal, 1 R 1725 / 340.

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