LE BIHAN Albert, Pierre

Par Fabrice Bourrée

Né le 12 décembre 1893 à Ploaret (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), exécuté le 25 août 1944 à Chatou (Seine-et-Oise, Yvelines) ; ancien combattant de 1914-18 ; fumiste industriel ; adjudant FFI.

Albert Pierre Le Bihan était le fils de Théophile Pierre et d’Anne Marie Nicolas, domiciliés au Vieux-Marché (Côtes d’Armor).
Incorporé le 26 novembre 1913 comme soldat de 2e classe au 47e régiment d’infanterie, il fut promu caporal le 16 septembre 1914. Le 4 décembre suivant, il fut blessé à Arras par éclat d’obus dans la cuisse. Il obtint le grade de sergent le 4 mars 1915. Le 6 octobre suivant, Le Bihan passait au 48e régiment d’infanterie.
Le 10 février 1916, il fut grièvement blessé par balle à Marquise en Champagne. Cette blessure lui valut une citation à l’ordre de l’Armée avec attribution de la croix de guerre avec palme (Journal Officiel du 29 mars 1916) : « Excellent sous-officier, chef de patrouille remarquable, toujours prêt à solliciter les missions périlleuses. Blessé une première fois en décembre 1914 a été de nouveau très grièvement blessé le 10 février 1916 pendant qu’il examinait son terrain pour préparer une patrouille à faire dans la nuit au moment précis où son commandant le faisait appeler pour le féliciter de la façon brillante dont il avait dirigé celle de la veille ». Le 4 mars, la Médaille Militaire lui fut également décernée (Journal Officiel du 29 mars 1916). La guerre s’arrêta là pour ce sous-officier qui fut ensuite transféré d’hôpital en hôpital.
En février 1919, le centre de réforme de Saint-Brieuc le plaça en service auxiliaire puis le 22 août 1921 il fut mis en congé de démobilisation.

En mars 1919, il s’installa boulevard Victor Hugo à Saint-Ouen puis le 14 décembre 1929 à Chatou, 79 route de Carrières. Durant la guerre, il était domicilié dans cette même localité, 4 rue des Beaunes.

Il fut mobilisé le 4 octobre 1939 à Rueil-Malmaison mais fut renvoyé dans ses foyers jusqu’à nouvel ordre. Il reprit alors son activité de fumiste à Chatou. En août 1943, il intégrait le groupe de Chatou du Front national sous les ordres de René Robert (groupe dépendant de la 6e région Ile-de-France commandée par Jean Bonet dit Lacotte), puis en août 1944 la section FFI locale sous les ordres d’Auguste Torset avec le grade d’adjudant de compagnie. Il participa alors à plusieurs opérations de récupération d’armes et de matériel puis aux combats de la libération entre le 13 et le 25 août 1944. A Chatou, le PC des FFI était installé au Château de la Pièce d’Eau. Albert Le Bihan y tenait la fonction de Chef responsable du service intérieur.

Le 25 août 1944, un détachement allemand attaqua le PC. Albert Le Bihan se chargea de l’évacuation des papiers compromettants puis revint volontairement au Château considérant que sa place était auprès de ses camarades de combat. Plusieurs résistants furent frappés violemment avant d’être fusillés. Mais ce n’était pas suffisant, les Allemands voulurent punir ces "terroristes". Les SS désignèrent douze nouvelles victimes qui furent frappées violemment avec des tessons de bouteilles et la crosse des fusils. Ils furent ensuite abattus à bout portant. Trois FFI, Martial Fleury, Jean Le Carou et André Couespel, furent obligés de creuser une tombe pour les fusillés, puis une pour eux avant d’être exécutés à leur tour. Au total, 27 FFI tombèrent sous les balles ennemies.

Exhumé avec ceux de ses camarades le 26 août, le corps d’Albert Le Bihan portait la trace des sévices subis : « Plaie béante de la région antérieure du cou. Plaie par coup de feu au niveau du thorax. Fracture du maxillaire inférieur ».

Le 11 décembre 1945, Albert le Bihan était cité à l’ordre de la division à titre posthume avec attribution de la croix de guerre avec étoile d’Argent :
« Adjudant de carrière, âgé de 50 ans, est entré dans la Résistance en 1943, a organisé la défense du château de Chatou le 25 août, après avoir évacué tous ses documents, a rejoint son poste en disant « Ma foi, c’est ici, j’y vais ». Fait prisonnier par les Allemands, est fusillé, est mort en brave ».

Par décision de la Commission nationale d’homologation des grades obtenus à titre FFI en date du 9 octobre 1947, Albert Le Bihan est homologué au grade d’adjudant FFI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200886, notice LE BIHAN Albert, Pierre par Fabrice Bourrée, version mise en ligne le 14 mars 2018, dernière modification le 14 mars 2018.

Par Fabrice Bourrée

SOURCES : Arch. Dép. Cotes-d’Armor, registres matricules. — Arch. Dép. Yvelines, 1374 W 49-50 (Service de recherche des crimes de guerre, massacre de Chatou). — Service historique de la Défense, 16P 346348 (Dossier d’homologation d’Albert Le Bihan). — Rolande Auffret-Follain, Le feu de la foi, Sarcelles, Imprimerie municipale, 1964. — Les 27 martyrs de Chatou. Notes de combat d’un groupe FFI du Front national, Editions T.O. Le Vésinet, 1945.

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