Né le 15 octobre 1910 à Lodz (Pologne), mort en 1942 à Auschwitz (Pologne) ; ajusteur, employé ; antifasciste ; déporté.
Fils de Salomon et de Hadassa Tuszynska, Mayer Kaliski porteur d’un passeport délivré à Ostrawa le 7 avril 1927, entra en France le 17 avril 1931. Il fut pendant la guerre d’Espagne employé au Consulat de l’Union Soviétique à Barcelone (Espagne). Après le retrait des Brigades internationales d’Espagne, il revint en France, habitait 30 rue des Morillons à Paris (XVe arr.). Il travailla en tant qu’ajusteur à la Société industrielle de constructions aéronautiques au 6 rue Basly à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). L’entrée des armées nazies en Union Soviétique le 22 juin 1941 ne fut pas sans répercussion sur la situation des étrangers. À partir d’octobre 1941, Mayer Kaliski vécut chez Jeanne Béraud, institutrice, au 6, square Léon-Guillot à Paris (XVe arr.).
Lors de la perquisition du domicile de Madeleine Marzin le 1er juin 1942, un récépissé de livraison de la SNCF était découvert. Cette pièce avait permis d’identifier Jeanne Béraud et Mayer Kaliski. Tous les deux étaient interpellés à leur domicile le 5 juin 1942 par quatre inspecteurs des Renseignements généraux, aucun tract n’était saisi lors de la perquisition.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police pour y être interrogé, Mayer Kaliski était porteur d’une carte d’identité au titre de monteur en TSF valable jusqu’au 17 août 1944. Il savait lire et écrire le français, précisa « Je crois ne pas être juif ». Il affirma ne pas être membre du parti communiste. Quant au récépissé de la SNCF, il s’agissait d’un colis de légumes expédié par une amie de Jeanne Béraud qui vivait aux Andelys. Ce colis avait été expédié chez Madeleine Marzin.
Mayer Kaliski a été battu à plusieurs reprises, les policiers voulaient si son amie Béraud était en relation avec Jeanne Dietrich. Relations là aussi faites de colis que Jeanne expédia de Bretagne. Les policiers l’interrogèrent enfin sur son emploi du temps du 31 mai, était-il rue de Buci ? Il fit part de son emploi du temps, marché rue de la Convention, retour à son domicile. Ensuite il prit le métro jusqu’à la station Odéon, il était 10 heures, direction rue du Sommerard dans le Ve arrondissement. Visite à « Henry », une relation « de café » qu’il connaissait depuis huit ans et qui lui devait de l’argent.
Les policiers ne désarmèrent pas. Avait-il rencontré des « amis politiques » qui se rendaient rue de Buci… « Jamais je ne suis allé, ni rue de Buci, ni rue de Seine ce jour-là » répondit-il. Les policiers insistèrent : « N’avez-vous pas remarqué des groupes de personnes stationnant aux abords de la station de métro Odéon, et n’y avez-vous pas rencontré Madeleine Marzin elle-même ? » La réponse fut très courte « Non ».
Au cours de la perquisition du domicile de Madeleine Marzin, les policiers saisirent le passeport de Mayer Kaliski, celle-ci affirma que cette pièce d’identité lui fut remise par « Ludovic ». Dans sa réponse, il affirma « Il y a des années que je n’avais pas eu à me servir de ce document et j’avoue que jusqu’à aujourd’hui j’ignorais où il se trouvait. » Il précisa qu’il avait fait une déclaration de perte de sa pièce d’identité. Dans un rapport des Renseignements généraux du 4 septembre 1942, le rédacteur affirmait sans preuve que Kaliski assistait au rendez-vous au métro Odéon le 31 mai 1942, jour de l’initiative de la rue de Buci.
Incarcéré à la prison de la Santé, il comparut le 25 juin 1942 devant la section de de Paris du Tribunal d’État, en compagnie des dix-sept inculpés pour l’action de la rue de Buci, dont Madeleine Marzin. Il fut en l’absence de preuves relaxé. Maintenu en détention puis interné administrativement le 4 juillet 1942 au camp des Tourelles à Paris (XXe arr.). Le 26 du même mois, il était transféré au camp d’internement de Drancy en tant que « prés120797]umé juif », le lendemain des allemands seraient venus le voir.
Le même jour, Mayer Kaliski était dans le convoi n° 11 à de plus d’un millier de déportés à destination d’Auschwitz (Pologne). Le 27 janvier 1945 les troupes Soviétiques libéraient le camp, onze hommes et une femme de ce convoi étaient vivants.
Le nom de Mayer Kaliski a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).
SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, GB 098, 1W 649, 77W 346 (dossier Desvignes), PCF carton 13 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juin 1942.