CHATENAY Jacques, Douglas, Georges

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 13 mars 1924 à Doué-la-Fontaine (Doué-en-Anjou, Maine-et-Loire), tué le 4 août 1944 à La Gacilly (Morbihan) ; étudiant ; FFC et FFL-SAS.

Jacques Chatenay
Jacques Chatenay

Jacques Chatenay était le troisième des cinq enfants de Victor Léon Henri Chatenay, directeur des Établissements Brisset (magasins d’épicerie à succursales multiples) à Angers (Maine-et-Loire) et de Barbara Edith Stirling, née à Londres.

Élève au collège de Loches où il préparait la 2e partie du baccalauréat, Jacques Chatenay décida en 1942 de rejoindre les Forces françaises libres en passant par l’Espagne. Il parvint à franchir les Pyrénées avec l’aide d’une filière implantée à Perpignan et déjà utilisée par son frère Michel Chatenay. Depuis Gibraltar, il est parvenu en novembre 1942 en Grande-Bretagne, où résidait la famille de sa mère . il rallia les Forces françaises libres (FFL) et intégra l’École militaire des Cadets de la France libre au sein de de la promotion « Corse et Savoie ». Promu aspirant en décembre 1943, il fut affecté comme aspirant au 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP) ou 4e SAS (Special air service) du commandant Bourgoin. La mission des SAS était de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquis bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne.

Jacques Chatenay fut parachuté dans le Morbihan le 18 juin 1944, le jour-même où les parachutistes SAS et les combattants des Forces française de l’intérieur (FFI) rassemblés dans le camp de Saint-Marcel furent attaqués en force par la Wehrmacht, et reçurent l’ordre de se disperser. Au début du mois d’août 1944, il se trouvait dans le secteur de La Gacilly aux côtés du groupe franc commandé par le lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Jean Zalay qui reçut la reddition d’un officier allemand et de sa section. Jacques Chatenay tenta en vain de s’opposer à l’exécution d’un prisonnier allemand par les maquisards. Le 4 août 1944, il fut victime d’une terrible méprise : alors qu’il rassemblait avec l’un de ses hommes quelques prisonniers allemands capturés dans le bourg de La Gacilly, il fut pris sous le feu de parachutistes arrivés en Jeep qui n’avaient pas reconnu leurs camarades.
Selon Roger Leroux, Jacques Chatenay fut atteint au cœur et tué sur le coup. Cependant il semble qu’il ait été grièvement blessé, transporté mourant chez Joseph Lalys, cordonnier rue La Fayette, qui le lendemain déclara son décès en mairie de La Gacilly, sous le nom de Georges Chatenay. La mention en marge de son acte de naissance fait état de son décès à La Gacilly le 2 août 1944 et non le 4.

Jacques Chatenay a obtenu la mention « Mort pour la France ». Il a été homologué FFC et FFL. La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume. La promotion 904 d’avril-juillet 1979 des élèves officiers de réserve du 4e Bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr a choisi comme parrain l’aspirant Jacques Chatenay.

Jacques Chatenay appartenait à une famille de résistants.
Son père, Victor Chatenay, ancien combattant de la 1ère guerre mondiale, fonda dès 1940 le premier réseau de résistance angevin Honneur et Patrie et entra très vite en contact, avec les services de renseignements britanniques par l’entremise de sa belle-famille anglaise. Le 9 août 1943, au Café Dupont de la gare saint-Lazare à Paris, il échappa de peu à l’arrestation alors qu’il venait remettre des faux papiers d’identité à un agent du réseau Jade-Fitzroy retourné par la Gestapo. Blessé par balle au genou, il réussit à prendre la fuite par une bouche de métro. Son fils Antoine Chatenay (né en 1926) qui l’accompagnait fut arrêté par la Gestapo, torturé dans les locaux de la rue Lauriston à Paris, puis déporté à Buchenwald.
Rappelé à Londres, Victor Chatenay participa à la préparation du débarquement de Normandie dans les services de renseignement britanniques. À la Libération, il participa à Angers aux côtés du commissaire de la République Michel Debré, à l’établissement de l’autorité du gouvernement provisoire de la république restaurée. Après la guerre, fervent gaulliste, il implanta le Rassemblement du peuple français (RPF) en Anjou, fut maire d’Angers de 1947 à 1959, sénateur du Maine-et-Loire de 1948 à 1951, puis député du Maine-et-Loire de 1951 à 1959, date à laquelle il fut nommé au premier Conseil constitutionnel de la Ve République.
La mère de Charles Chatenay, Barbara Chatenay, était la fille du général britannique Douglas Stirling. Ambulancière britannique volontaire pendant la 1ère guerre mondiale, elle aussi engagée au sein du réseau Honneur et Patrie, elle fut arrêtée alors qu’elle transportait des plans de la base sous-marine de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), et fut déportée à Ravensbrück.
Le frère aîné de Jacques Chatenay, Louis-Pierre Chatenay (né en 1920), participa aux activités de résistance de son père, notamment en aidant des aviateurs alliés, abattus au-dessus de la France, à gagner la Suisse ou l’Espagne. Il passa en Espagne en 1943 et rejoignit Londres. Officier de liaison auprès de l’armée américaine, il débarqua en Normandie et poursuivit la guerre jusqu’en Allemagne.
Michel Chatenay (né en 1922) lui aussi parachutiste SAS de la France libre participa en avril 1945 à l’opération Amherst aux Pays-Bas.
Anne-Marie Chatenay, sa sœur cadette, servit à l’occasion de porteuse de messages.

Dans le Morbihan, le nom de Jacques Chatenay est inscrit sur le mémorial des parachutistes SAS de la France libre érigé près du moulin de La Grée à Plumelec.
En Saône-et-Loire, il figure sur le mémorial international des SAS à Sennecey-le-Grand.
Dans le Maine-et-Loire, il est gravé sur les monuments aux morts de Doué-la-Fontaine et de Saint-Barthélémy-d’Anjou, lieu de résidence de sa famille à « La Romanerie ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200921, notice CHATENAY Jacques, Douglas, Georges par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 16 mars 2018, dernière modification le 28 août 2019.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Jacques Chatenay
Jacques Chatenay
Sur le mémorial SAS de Plumelec
Sur le mémorial SAS de Plumelec
Le mémorial international des SAS</br> à Sennecey-le-Grand
Le mémorial international des SAS
à Sennecey-le-Grand

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 43 094. — SHD, Vincennes, GR 16 P 123593. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Victor Chatenay, Mon journal du temps du malheur, éditions du Courrier de l’Ouest, 1967. — Jade Belloncle, Julie Boisson et Marion Taste, La famille Chatenay : une famille dans la Résistance-Victor Chatenay, un père de famille engagé, Travail N 3 « Communiquer pour résister », Lycée Henri Bergson, 2013. — Album de la promotion 904, Musée du souvenir des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidam. — Site Internet FFL-SAS (photo). — Mémorial GenWeb. — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan. — État civil, Doué-en-Anjou (acte de naissance) ; La Gacilly (acte de décès).

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