RAPOPORT Maxime, Sigismond

Par Michel Thébault

Né le 29 janvier 1922 à Toulouse (Haute-Garonne), exécuté sommairement le 9 juin 1944 au lieu-dit Combeauvert, commune de Janaillat (Creuse) ; musicien ; résistant FTPF.

Maxime Rapoport était le fils de Maurice Mordha Rapoport âgé de 38 ans à sa naissance, musicien et de Brandla Rotblat, âgée de 34 ans, photographe, tous deux d’origine juive polonaise et demeurant à Toulouse, 2, rue Baronne. Il était au début des années 40 domicilié avec eux à Paris, au 14, Boulevard de la Chapelle dans le 18ème arrondissement. Il était lui-même musicien, plus précisément violoniste. Ses parents furent arrêtés à Paris, sans doute lors des grandes rafles de 1942, internés dans un premier temps au camp de Drancy puis déportés par le convoi n° 46 au départ de Drancy le 9 février 1943 vers Auschwitz où ils disparurent victimes de la politique d’extermination nazie.
Célibataire, il était venu se réfugier en Limousin, sans doute auprès de son oncle maternel, Moïse Rotblat (1890 – 1949) qui demeurait alors rue Eugène Varlin à Limoges (Haute-Vienne). Moïse Rotblat avait immigré en France en 1911, sans doute en même temps que sa sœur (son aînée de trois ans), la mère de Maxime Rapoport. Ouvrier tailleur à domicile, il résida à Paris 51, rue Turbigo, où naquit en mai 1931, sa fille Solange issue d’un premier mariage. Il quitta Paris lors de l’exode de juin 1940 avec sa seconde épouse et vint se réfugier à Limoges le 18 juin 1940. Il reprit son métier de tailleur à domicile pour la maison Dony (sa femme était modiste) et sa fille Solange vint le rejoindre en janvier 1941. On peut émettre l’hypothèse que son neveu Maxime Rapoport vint lui aussi dans cette période se réfugier chez eux, en zone libre, menacé par les mesures raciales en région parisienne. Le 28 novembre 1942, lors de l’occupation par l’Allemagne de la zone libre, se sentant sans doute à nouveau menacé, Moïse Rotblat quitta la ville de Limoges pour se réfugier au lieu-dit les Vignes, à Panazol une commune périphérique.
Maxime Rapoport rejoignit (peut-être sous le nom d’emprunt de Jean Louis Déot), à une date à préciser, un maquis FTPF de la Creuse, la 2103ème compagnie. Cette compagnie appelée aussi La Royère, du nom du lieu-dit sur la commune de Sardent (Creuse) où elle s’était installée à l’automne 1943, prit plus tard le nom de compagnie Brunet du nom de Gabriel Brunet, un jeune maquisard communiste, exécuté sommairement par les Allemands le 7 septembre 1943 sur la commune voisine de Maisonnisses. Le 7 juin 1944, le lieutenant-colonel « François » (Albert Fossey), chef départemental des FFI de la Creuse et du Cher dirigea la première libération de Guéret à la tête des maquis de la Creuse. Guéret fut ainsi la première préfecture métropolitaine libérée de France. Il concentra pour cette opération plusieurs maquis creusois. Et parmi eux, la 2103ème compagnie FTPF qui arriva à Guéret à l’aube du 7 juin 1944. Elle fut engagée dès le début de l’action, contre l’un des points de résistance allemand, l’hôtel Saint-François, place Bonnyaud, siège de la Kommandantur. Maxime Rapoport participa sans nul doute à cette première libération de la ville.
Le 9 juin 1944, une opération allemande massive fut organisée pour reprendre Guéret, avec l’assaut en provenance de Montluçon de troupes de la Wehrmacht appuyée par l’aviation. Au sud des éléments blindés et motorisés de la division Das Reich furent chargées de contrôler les routes et d’empêcher le repli des résistants. Au vu de la disproportion des forces, les chefs de la Résistance ordonnèrent le repli et la dispersion de leurs forces. Un retard des forces de la division Das Reich, permit à la majorité des groupes de résistants d’échapper à la prise en tenaille. Mais en tout début d’après-midi, vers 14 h 30, sur la route de Guéret, au lieu-dit Combeauvert (à la limite des communes de Thauron et de Janaillat, Creuse), l’unité SS de la division Das Reich qui remontait vers le nord pour boucler l’encerclement de Guéret, se trouva face à plusieurs camions de résistants. Le premier, conduit par deux FFI du Cher, transportait les militaires allemands faits prisonniers le 7 juin à Guéret. Il était suivi d’un véhicule armé transportant (avec quelques résistants d’autres groupes) des FTP (en particulier de la 2103ème compagnie) se repliant vers leur base de Royère et dans lequel se trouvait Maxime Rapoport. Après un bref mais violent combat qui dura une vingtaine de minutes et qui fit plusieurs morts, les blessés et prisonniers dont Maxime Rapoport furent rassemblés au carrefour de Combeauvert contre un talus et exécutés sommairement.
Inhumé dans un premier temps à Janaillat (Creuse) son corps fut transféré après la seconde guerre mondiale à la Nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) où il repose depuis lors section 1, carré D, rang 12, tombe 415. Il obtint la mention mort pour la France et son nom est inscrit sur le monument dressé à Combeauvert en 1947 à l’initiative du maire de Janaillat, Prosper Coucaud. Il figure enfin sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200931, notice RAPOPORT Maxime, Sigismond par Michel Thébault, version mise en ligne le 17 mars 2018, dernière modification le 3 avril 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Dossier AVCC 21 P 141005 — René Castille in La Creuse pendant la seconde guerre mondiale Le Puy Fraud Ed.2012 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Bernard Pommaret, Notes concernant la famille Rotblat à Limoges, (Arch. Dép. Haute-Vienne 993 W 609 et 1374 W 10) — Mémoire des Hommes — Mémorial de la Shoah — mémorial genweb.

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