CLAUZET Pierre, Henri

Par Jacques Girault

Né le 3 octobre 1912 à Saint-Sébastien (Espagne), mort le 26 avril 1953 à Caen (Calvados) ; instituteur dans les Basses-Pyrénées [Pyrénées-Atlantiques], puis dans la Seine ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste.

Fils d’un instituteur, Pierre Clauzet, à sa sortie de l’École normale d’instituteurs de Lescar, exerça à Saint-Sébastien puis au cours complémentaire d’Hendaye (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) où il enseignait la langue espagnole. Il militait alors au Syndicat national des instituteurs, particulièrement actif dans l’organisation de la solidarité avec les Républicains espagnols. Membre du Parti communiste depuis 1935, secrétaire de la cellule communiste d’Hendaye, il présidait le groupe local des Jeunesses communistes, tout en étant rédacteur à L’Étincelle. Membre du bureau de la région communiste Basses-Pyrénées-Landes, secrétaire des JC de la région pyrénéenne, candidat au siège de conseiller général dans le canton de Bayonne-Nord-Ouest en 1937, il obtint 487 voix (8 % des suffrages exprimés).
Marié avec une enseignante, père d’une fille, mobilisé en 1939 comme lieutenant de tirailleurs sénégalais, Clauzet, fait prisonnier, captif à l’Oflag IV-D, y créa une organisation communiste, publia un journal clandestin, L’Espoir, et organisa un mouvement de résistance.
De retour d’Allemagne, en mai 1945, il fut élu conseiller municipal et deuxième adjoint du maire d’Hendaye. Dès le 30 juin 1945, il faisait adopter par le conseil une motion, par 17 voix contre 2, demandant « que le châtiment des hendayais coupables soit une réalité ». Le 25 août 1945, il lança le projet de créer un centre de formation professionnelle pour les jeunes filles, adopté à l’unanimité. Très assidu aux séances du conseil, il ne se représenta pas en octobre 1947. Il fut candidat aux élections de l’Assemblée nationale constituante en 1945-1946.
Secrétaire de la section communiste, membre du comité de la fédération du PCF, Clauzet militait toujours activement dans la section départementale du SNI et à l’Union locale des syndicats CGT.
En octobre1948, Clauzet obtint une permutation pour Paris pour enseigner l’espagnol dans un cours complémentaire du IVe arrondissement. En 1950, il exerçait à l’école de la rue de Verneuil (VIIe arr.).
Membre du SNI, Clauzet succéda à Paul Delanoue comme dirigeant de la tendance « cégétiste » de la Fédération de l’Éducation nationale et dans le SNI. Le 27 septembre 1949, il intégra la commission d’éducation sociale du SNI. Le secrétariat du PCF, le 15 novembre 1949, donna son accord pour sa nouvelle candidature au bureau national du SNI. Cinquième de la liste B, « Par l’unité et l’action, nous œuvrerons à la sauvegarde de l’école, de la liberté et de la paix », présentée lors de la réunion du conseil national du SNI, le 27 décembre 1949, il fut élu avec 478 voix sur la liste qui obtenait cinq sièges sur 18. Lors de la réunion du bureau national, le 12 janvier 1950, désigné comme membre des commissions d’éducation sociale, des affaires internationales, des jeunes et de la propagande, au nom de ses camarades « cégétistes », il protesta contre la décision du congrès de Nancy de rendre tous les exécutifs homogènes. Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 27 décembre 1950, il présidait la première séance.
Pierre Clauzet était devenu un militant actif du mouvement des partisans de la Paix. Il participa à plusieurs congrès internationaux. Lors de la réunion du bureau national du SNI, il présenta une motion contre la bombe atomique qui s’opposait à celle d’Yves Caps. Après discussion, elle fut refusée par 5 voix pour et 12 contre. Il signa dans L’École libératrice, le 23 février 1950, un article au nom du courant de pensée « Unité et action » sous le titre « Pour la liberté », et le 19 octobre 1950, un autre article « Congrès de Paris, résolution de Prague », où il estimait que les motions adoptées par le SNI présentaient des points communs avec celles du comité mondial des partisans de la Paix. Ses interventions portaient sur d’autres questions. Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 4 avril 1950, Clauzet défendit la double affiliation attaquée par Élie Monboisse qui lui reprochait d’avoir signé une convocation de normaliens pour participer à une école de formation syndicale organisée par la FEN-CGT. Il signa aussi des articles sur la laïcité.
Clauzet fut élu au conseil syndical de la section SNI de la Seine en 1949 en 6e position, avec 1 698 voix sur la liste « Unité et Action ». Animateur du courant, membre du conseil syndical, il fut un des principaux orateurs de sa tendance lors des réunions. Il intervint notamment lors du débat sur l’hétérogénéité de l’exécutif départemental, le 21 novembre 1949, pour défendre cette position en rappelant le bon fonctionnement de cet exécutif hétérogène en 1945, et le 22 décembre 1949, contre une motion majoritaire demandant une enquête sur les camps en URSS. Il souhaita que l’on parle aussi de la répression en France. Il renonça, en application des statuts issus de la scission syndicale, à occuper dans la section départementale FEN-CGT un poste de direction d’école pour se consacrer à ses responsabilités dans le SNI et la FEN tout en écrivant régulièrement dans le bulletin fédéral d’information de la FEN-CGT.
Clauzet intervint dans des congrès nationaux du SNI. Le 21 juillet 1951, dans la discussion sur l’opportunité d’une tribune libre dans L’École libératrice, il estima que la liberté de parole devait se prolonger dans la presse. Il publia dans ce journal plusieurs articles sur les questions budgétaires.
Pierre Clauzet participa à une délégation d’enseignants français invitée par le Soviet central des syndicats de travailleurs, en octobre 1950. Il accorda un entretien au journal des syndicats soviétiques Troud et déclara notamment : « À notre retour en France, nous avons des responsabilités immenses devant nos enfants, des parents de nos élèves, devant toute la classe ouvrière de France. Aujourd’hui nous savons plus qu’il y a trois semaines que la lutte pour la paix est la lutte pour l’Union soviétique, pour ses jeunes, pour ses enfants. » Aussi dès novembre 1950, proposa-t-il l’insertion dans L’École libératrice d’un article sur l’enseignement en URSS. La direction du SNI refusa « pour éviter toute controverse ou toute polémique ». Clauzet envoya son article aux sections départementales et certaines le publièrent. Dans la Loire, cette insertion fut suivie d’articles contradictoires, ce qui provoqua une violente polémique et Clauzet fut accusé d’avoir utilisé des faux sur l’URSS. Il répondit dans L’École libératrice du 11 janvier 1952 affirmant notamment « je dirai ce que j’ai vu et j’écrirai ce que je pense, en particulier que l’école en URSS est entièrement orientée vers la paix ».

En décembre 1951, Pierre Clauzet conduisait la liste « Pour la défense de l’école laïque, de l’indépendance nationale, de la démocratie et de la paix » pour l’élection du bureau national du SNI. Il fut réélu le 27 décembre 1951 arrivant en deuxième position. Lors de la première réunion du bureau national, le 9 janvier 1952, il fut désigné pour les commissions des affaires corporatives, des questions sociales et internationales, des jeunes et de la propagande. Elu pour être un des représentants du SNI à la Commission administrative paritaire centrale en avril 1952, il présida la première séance de la réunion du conseil national précédant le congrès national en juillet 1952. Lors du congrès, le 17 juillet, dans son intervention, il critiqua l’action du bureau national pour la défense de l’école laïque et ses positions dans la question de la Tunisie. Peu après, il devint membre du Conseil d’enseignement de l’enseignement du premier degré.
Le secrétariat du PCF donna son avis favorable, le 21 juillet 1952, pour qu’il puisse participer à une réunion internationale d’enseignants à Copenhague.
Clauzet siégea à la commission administrative nationale de la FEN de 1950 à 1953, participant aux commissions laïques (1950-1951), d’éducation sociale (1950-1951) puis internationale (1951-1953). A la veille du congrès de la FEN, Denis Forestier, secrétaire général du SNI, dans un article de L’École libératrice, le 24 octobre 1952, critiquait les dirigeants du PCF sous le titre « Le chant des sirènes ». La semaine suivante, Clauzet répondit dans un article « Le chant des sirènes et les bruit des flots » qu’il y avait mieux à faire et notait « Il nous faut vouloir l’unité, écarter les obstacles qui s’y opposent ». Clauzet rendit compte, dans la publication du PCF L’École et la Nation, en novembre 1951, de la conférence nationale de l’enfance du 21 octobre à la Sorbonne. Parmi les enseignements qu’il tirait, il mettait en avant l’idée que « l’union la plus large [...] possible sur la défense de l’enfance » constituait un « acte de Paix ». Membre du Comité national d’aide à l’enfance, il était aussi au début des années 1950 membre du comité directeur de “Peuple et Culture“.
Le 16 avril 1953, Clauzet participa à une réunion régionale à Caen sur la défense et l’action laïque. Frappé d’une hémorragie cérébrale, il fut transporté à l’hôpital de la ville où il décéda onze jours plus tard.
L’École libératrice, le 2 mai 1953, lui consacra sa première page, avec un éditorial du secrétaire général Denis Forestier. L’École du Grand Paris lui rendit hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20095, notice CLAUZET Pierre, Henri par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 13 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. : F17/17838. — RGASPI, 495 270 8423, 517 1 1909. — Arch. Mun. Hendaye (S. Peyrelongue). — Arch. FEN (L. Frajerman). — Arch. comité national du PCF. — Presse syndicale et nationale. — Notice DBMOF par J.-Cl. Paul-Dejean. — Renseignements fournis par R. Hirsch et de Guy Julienne.

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