Par Claude Pennetier
Né le 4 novembre 1922 à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne), mort le 1er mai 1977 à Paris (Xe arr.) ; cultivateur métayer ; militant du PCF, membre du comité central (1959-1976), responsable du parti aux questions paysannes.
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Né à Greignac, commune de Verneuil-sur-Vienne, dans une famille de cultivateurs, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Limoges, Fernand Clavaud se maria le 13 avril 1946 à Verneuil avec Catherine Simonne. Il adhéra au Parti communiste en 1947. Candidat aux élections cantonales du 20 mars 1949 dans le canton d’Aixe-sur-Vienne, il recueillit 1396 contre 2822 (sur 4644 votants) pour le Docteur Mousnier.
Secrétaire départemental des preneurs de baux ruraux , il organisa en février 1949 les manifestations des paysans dans les perceptions en revendiquant le droit de payer les impôts en pommes de terre, reprenant les modes d’action popularisés par Renaud Jean dans les années 1930. Il siégeait au bureau de la fédération communiste de Haute-Vienne en 1953, puis entra au secrétariat fédéral en 1954, en 4e position, le premier secrétaire étant Adrien Duqueroix. Il conserva cette place lorsqu’un autre cultivateur, Jean Tricard*, prit la tête de la fédération en novembre 1955. Clavaud était alors secrétaire départemental de la Confédération générale de l’agriculture (CGA). Son nom disparut de la direction fédérale en 1957. Le Limousin était un des points forts du communisme rural, à l’instar de la Creuse et de la Corrèze. La direction nationale fit appel à un cadre du Limousin pour prendre à Paris le relais de la génération de Waldeck Rochet, notamment à la direction du journal La Terre.
Clavaud entra à la commission agraire du PCF en 1956 aux côtés de Waldeck Rochet*, Gaston Viens, Hubert Ruffe, Maurice Carroué, tous membres du comité central, et de huit autres représentants d’organisation ou de fédérations : Jean Deslandes (Fédération des travailleurs de l’agriculture), Raymond Mineau (Fédération des exploitants de Charente), Albert Poncet (Fédération des exploitants de l’Allier), Roger Leclerc (Loir-et-Cher, comités d’actions des petits et moyens exploitants de la Beauce et du Perche), Émilien Soulié (Ligue des petits et moyens viticulteurs de l’Hérault), Jean Flavien (Aube), Claude Granoux (Vaucluse) et Lefranc (secrétaire fédéral des ouvriers agricoles). Fernand Clavaud intégra le comité central, comme membre suppléant en mai 1959, au XVIe congrès (Saint-Denis). Au XVIIe congrès (Paris, mai 1964), il fit une très longue intervention sur « les revendications des travailleurs des campagnes » et le « resserrement de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse ». Selon son rapport, la diffusion de La Terre avait progressé dans toute une série de départements : « Avec un tirage de 159 000 exemplaires dont 132 600 abonnés, notre hebdomadaire paysan est le premier journal agricole de France. » Mais il s’expliquait surtout sur la politique agraire : « On nous fait grief de défendre des exploitations insuffisamment rentables », le Parti communiste veut les moderniser, aider les CUMA, coopératives d’utilisation de matériel agricole, « lorsque nous défendons le petit paysan, nous ne prétendons pas stopper la concentration agraire. » (p. 210-219). Il se plaignait de la sous-estimation des questions paysannes par les militants communistes, thème qui disparut de ses interventions aux congrès suivants. Au XVIIIe congrès (Levallois-Perret, janvier 1967), il parla au nom de la fédération de Seine-Saint-Denis pour dénoncer la concentration agraire au profit des plus gros, défendre les « petits et les moyens paysans ». Il déclara que La Terre diffusait hebdomadairement en moyenne 180 000 numéros, dont 140 000 abonnement (p. 313-319).
En 1968, Waldeck Rochet lui laissa la responsabilité en titre du « travail du parti à la campagne ». Il produisit des rapports et des petits livres qui furent publiés en son nom ou avec Georges Marchais. Son intervention au XXe congrès (mars 1972) fut marquée par l’autorité de sa fonction, sa relative réussite en terme d’audience (il attribuait à La Terre une diffusion de 200 000 exemplaires) et l’orthodoxie de son analyse économique : « Les travailleurs de la terre sont eux aussi victimes du capitalisme monopoliste d’État. »
Malade, il demanda à quitter le comité central lors du XXIIe congrès (Île-Saint-Denis, février 1976), mais resta un temps dans l’organigramme de la direction, comme responsable paysan et directeur de La Terre, épaulé par Jean Flavien*. André Lajoinie lui succéda à La Terre au début de l’année 1977.
Par Claude Pennetier
ŒUVRE : Les Communistes et les paysans : rapport, (avec Waldeck Rochet), PCF, 1964. — Avec les travailleurs des campagnes (avec Gaston Plissonnier), 1968. — Les Communistes et les paysans (avec Georges Marchais), Éd. sociales, 1972, 126 p. — Quelle agriculture pour la France ? Crise agraire et solutions démocratiques, Éd. sociales, 1974.
SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Comptes rendus des congrès du PCF. — Le Monde, 3 mai 1977. — État civil de Verneuil-sur-Vienne. — Notes de Dominique Danthieux.