CLAVEL Charles

Par Louis Botella, Étienne Kagan

Né le 19 mars 1902 à Malzéville (Meurthe-et-Moselle), mort le 6 novembre 1992 à Varangéville (Meurthe-et-Moselle) ; chaudronnier ; syndicaliste CGT puis Force ouvrière (FO) ; militant communiste, puis socialiste ; maire de Varangéville (1948-1977) ; conseiller général de Saint-Nicolas-de-Port (1945-1948) ; résistant.

D’une fratrie de trois garçons, Charles Clavel travailla de 1920 à 1967 à l’usine "Les Soudières réunies" à La Madeleine devant Nancy. D’abord chaudronnier, il fut déclassé professionnellement par la suite par la direction en raison de son engagement syndical.

Appelé sous les drapeaux en 1922, il participa ensuite à l’occupation de la Ruhr. À son retour du service militaire, il reprit son activité professionnelle dans la même usine. Il devint en 1924, secrétaire du syndicat CGT, fonction qu’il assuma jusqu’à son rappel sous les drapeaux en 1940.

Charles Clavel fut secrétaire du rayon communiste de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) et du comité local du Secours rouge, de 1925 à 1928. Il fut délégué au congrès national de Lille (juin 1926). « Dégoûté de la politique démagogique et anti-prolétarienne du PC », selon sa propre expression, il adhéra, en 1928, au Parti socialiste SFIO et fut membre de la commission exécutive de la Fédération socialiste de Meurthe-et-Moselle de 1931 à 1934 et secrétaire de la section de Varangéville à partir de 1935. Secrétaire du comité de Front populaire du canton de Saint-Nicolas-de-Port, créateur en 1934 et secrétaire du syndicat confédéré des produits chimiques de La Madeleine, il refusa cependant en 1936 l’unité syndicale et, pendant quelques mois, maintint un syndicat indépendant.

Il fut rappelé sous les drapeaux en 1940, il fut volontaire pour une unité combattante (le 373e RIA). Libéré de ses obligations militaires en décembre de la même année. Il entra dans la Résistance au sein du réseau "Libération Nord" dès le 11 janvier 1941. Arrêté par les Allemands le 27 octobre 1942, il fut interné à la prison d’Ecrouves. Un coup de main de la Résistance le libéra le 31 janvier 1943. Charles Clavel reprit immédiatement ses activités dans la clandestinité et s’engagea dans les FFI (Forces françaises de l’intérieur (42e groupe Lorraine). Il fut promu lieutenant responsable du groupe de Saint-Nicolas-de-Port/Varangéville. Son engagement au sein des FFI lui valut une citation, le 5 juillet 1945.

À la Libération, il reprit ses activités professionnelles et syndicales. Il fut élu en 1945, délégué ouvrier au comité central d’entreprise, poste qu’il occupa jusqu’en 1962.

Il fut l’un des responsables de l’Union locale CGT de Saint-Nicolas-de-Port au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il figura, le 24 décembre 1947, parmi les fondateurs de l’Union départementale FO de Meurthe-et-Moselle.
Il assuma la direction de l’Union locale FO de Saint-Nicolas-de-Port et fut élu, en avril 1948, à la commission administrative de cette UD. Il fut en fonction au moins jusqu’à la fin de l’année 1959.
Il dirigea son syndicat jusqu’en 1962.

Il eut également d’autres mandats au nom de son organisation syndicale : conseil d’administration de la Caisse primaire d’assurance maladie de Nancy et Caisse d’allocations familiales de Meurthe-et-Moselle.

Lui et son épouse furent victimes, au cours de l’été 1952, d’un grave accident de circulation causé par un automobiliste alors qu’ils circulaient en moto dans la région d’Antibes. Charles Clavel fut hospitalisé pendant six mois à Antibes pour une fracture de la jambe.

Son engagement politique et citoyen fut également très important. Conseiller municipal de Varangéville depuis 1935, il fut radié par le gouvernement de Vichy en 1940. À la Libération, il fut membre, au titre de la Résistance, de la délégation spéciale qui administra provisoirement sa commune. En 1946, il fut élu adjoint au maire puis en 1948, maire de Varangéville. Charles Clavel cessa son mandat de maire lors des élections municipales de 1977.
Il assuma également la fonction de conseiller général du canton de Saint-Nicolas-de-Port entre 1945 et 1948.

Il fut également suppléant du candidat socialiste aux élections législatives de 1973 dans la 2e circonscription de Nancy.

Il accomplit d’autres missions : fondateur et vice-président du district urbain de Saint-Nicolas-de-Port, président du syndicat intercommunal scolaire de Saint-Nicolas-de-Port, fondateur et trésorier de l’association cantonale des maires...

Il fut à l’origine de la création du Monument de la Résistance à Varangéville.

Bien qu’ayant, en tant que résistant, combattu les troupes allemandes, il sut rallier l’ensemble de son conseil municipal autour de l’idée de réconcilier les peuples français et allemand et, à sa manière et à son niveau, promouvoir la construction de l’Union européenne. Il conclut en 1964 l’un des premiers jumelages franco-allemands en Lorraine. En effet Varangéville est jumelée depuis cette date avec la ville allemande de Bruchköbel (district de Hanau-sur-le-Main).

De nombreuses et importantes distinctions lui furent conférées : croix de chevalier puis rosette d’officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze au titre de la Résistance, croix du combattant volontaire, rosette d’officier de l’Ordre national du Mérite, officier des Palmes académiques, médaille départementale et communale, échelons argent, or et vermeil...

Il se maria avec Berthe Claudel et ils eurent trois enfants : Raymonde, née en 1933, qui fut également adjointe socialiste au maire de Varangéville , Georges, né en 1938, lui aussi fut adjoint socialiste au maire de cette commune, et Christian, né en 1945, ancien directeur général des services municipaux de Rosières-aux-Salines (Meurthe-et-Moselle). Les trois enfants demeurent dans ce département.

Charles Clavel et son épouse furent inhumés au cimetière de Varangéville.

Une rue et une salle de fêtes de Varangéville porte le nom de Charles Clavel.

Louis Clavel, son frère, employé puis cadre municipal à Lunéville, figura également, le 24 décembre 1947, parmi les fondateurs de l’Union départementale FO de Meurthe-et-Moselle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20100, notice CLAVEL Charles par Louis Botella, Étienne Kagan , version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 1er septembre 2012.

Par Louis Botella, Étienne Kagan

SOURCES : Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, série M et série W 950/345. — La Lorraine ouvrière et Paysanne, 1928-1930. — Le Réveil ouvrier. — Le Populaire de l’Est. — L’Est républicain, 1er février 1973. — J.-M. Moine, Le Mouvement socialiste en Meurthe-et-Moselle sous la Troisième République, mémoire de maîtrise, Nancy, 1972, p. 227. — Le Syndicaliste Force Ouvrière, organe de l’UD FO de la Meurthe-et-Moselle, mai 1950, septembre 1952, octobre 1954, octobre 1956, avril 1959 (BNF FOL JO 5599). — Informations transmises en août 2012 par Christian Clavel, l’un de ses deux fils.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable