Par Daniel Grason, Claude Pennetier
Né le 4 juillet 1919 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), mort le 13 avril 1997 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; militant communiste ; résistant ; déporté à Natzwiller (Bas-Rhin) ; secrétaire général de la FNDIRP.
Elevé à Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis), fils d’un grand blessé de la Première Guerre mondiale, Charles Joineau fut docker puis manipulant aux PTT. Il adhéra aux Jeunesses communistes au Pré-Saint-Gervais en 1934 et au Parti communiste en 1935.
Arrêté en mars 1940 comme communiste, emprisonné à la Santé puis interné au camp de Gurs puis à celui de Mauzac, il fut libéré en mars 1941 et fut affecté à l’Armée d’armistice. Revenu au Pré-Saint-Gervais en décembre 1942, il rejoignit les FTPF et fut affecté à la direction interrégionale.
Arrêté le 10 février 1943, interné à Fresnes, Charles Joineau était le 11 juillet 1944 dans le convoi de 56 hommes qui partit de Paris à destination du camp de Natzwiller en Alsace. Tous étaient étiquetés "NN" (Nacht und Nebel) (Nuit et Brouillard) ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner. Parmi ces déportés : Roland Carcas, Henri Chrétien, Fedro Comotto, Mohamed Lakhdar-Toumi, Jean Lemberger, Roger Linet et Jacques Magrisso.
Son père Jules, facteur des postes témoigna le 12 décembre 1944 devant les membres de la commission rogatoire qui examinait l’activité d’un des inspecteurs qui arrêta son fils. Il déclara : « Mon fils Joineau Charles, Gilbert […] a été arrêté comme Franc-tireur partisan le 10 février 1943 ».
« Il a été amené dans les locaux des Brigades spéciales où il est resté pendant une dizaine de jours au cours desquels il a été interrogé et torturé. Il a été ensuite dirigé sur la prison de Fresnes où il est resté pendant six mois et de là déporté en Allemagne, je suis sans nouvelles de lui depuis son départ ».
« J’ai su qu’il avait été arrêté par [cinq] inspecteurs. Au moment de son arrestation, il possédait une somme dont j’ignore le montant, cet argent lui a été volé ».
Rentré de déportation Charles Joineau témoigna le 26 juillet 1945 : « J’ai été arrêté le 10 février 1943 à un rendez-vous que j’avais à la gare Saint-Lazare avec des camarades d’un groupe de FTP » par trois inspecteurs. Il les reconnaissait sur les photos qui lui furent présentées.
« J’ai été conduit devant les locaux des B.S. des Renseignements généraux où j’ai été détenu durant douze jours à la salle 23. J’ai été remis aux allemands qui m’ont incarcéré à la prison de Fresnes ».
« Sans avoir été jugé, j’ai été déporté à Natzwiller le 12 juillet 1943 d’où j’ai été libéré par l’avance des troupes américaines le 30 avril 1945 ».
« Pendant mon séjour aux Brigades spéciales j’ai été frappé à coups de poing, de coups de pied et de coups de matraque par l’inspecteur L… et par un autre inspecteur qui il me semble reconnaître Q…, je ne suis pas affirmatif à son sujet, seule une confrontation pourrait me permettre de le reconnaître formellement ».
« Une perquisition négative a été effectuée à mon domicile, rien ne m’a été dérobé ».
Il porta plainte contre les inspecteurs de la BS2 qui l’interpellèrent et contre ceux qui le frappèrent.
Charles Joineau a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
À nouveau employé des PTT, il entra au comité national de la FNDIRP en 1948 et en fut permanent de 1950 à 1977. Il était président délégué en 1996.
Il repose dans le tombeau de la FNDIRP au Père Lachaise.
Son frère André membre du groupe Victor-Hugo des FTPF, fut fusillé au Mont-Valérien.
Par Daniel Grason, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. PPo. 77 W 3113-293378. – Bureau Résistance GR 16 P 310226. – Notes de Serge Wolikow. – Site internet Match ID.