PARAIN Camille

Par Claude Delasselle

Né le 30 mai 1920 à Noyers-sur-Serein (Yonne), fusillé sommairement le 9 août 1944 à Sarry (Yonne) ; cultivateur ; civil non résistant.

Stèle de Sarry
Stèle de Sarry

Camille Parain, âgé de 24 ans, était cultivateur, avec son père Auguste, à la ferme des Ranneaux, sur la commune de Châtel-Gérard (Yonne). La région de Châtel-Gérard, à une vingtaine de km au sud de Tonnerre (Yonne), très boisée, abritait plusieurs maquis qui trouvaient de l’aide et du ravitaillement dans des fermes de la région. Il est probable que la famille Parain aidait les résistants de la région, comme d’autres cultivateurs de la région, mais nous ne savons rien de précis à ce sujet.
Dans la nuit du 8 au 9 août 1944, une troupe de plusieurs centaines de soldats allemands et de « Russes blancs » se déploya dans le secteur de la forêt de Saint-Jean et de la forêt de Châtel-Gérard. À 4 h du matin, ils attaquèrent un maquis récemment reconstitué aux Souillats par un des groupes de la compagnie FTP Colbert disloquée après le combat de Massangis (Yonne), le 23 juillet 1944. Un des maquisards, Georges Hardy, fut tué en traversant une route, à peu de distance de la ferme de Vausse.
Pendant ce temps, une partie de cette troupe cernait la ferme des Ranneaux, la ferme des Cornes et le prieuré de Vausse. La ferme du prieuré de Vausse fut fouillée, mais les Allemands ne trouvèrent rien de compromettant. À la ferme des Ranneaux, les habitants, surpris par l’arrivée brutale des Allemands, furent poussés sans ménagement dans la cour. Les quatre hommes, Camille Parain, son père Auguste Parain, un neveu de celui-ci et l’ouvrier agricole Henri Santerre furent isolés et torturés. Les bâtiments furent fouillés et pillés, les animaux égorgés et les soldats firent ripaille une partie de la matinée devant les occupants de la ferme, madame Parain, la fiancée de Camille, la femme du neveu et quatre enfants. Dans la matinée, les quatre hommes furent emmenés à Châtel-Gérard. Au hameau des Souillats, une vingtaine de personnes furent arrêtées mais libérées vers midi. La ferme des Cornes fut également investie et fouillée et André Trameau, un des fils d’Alfrédine Trameau, qui avait été arrêtée le 25 novembre 1943 et déportée, fut arrêté.
À Châtel-Gérard, tous les hommes du bourg furent rassemblés dans la cour de l’école et les maisons fouillées. Deux maquisards de la compagnie FTP Colbert, Henri Tannevart et Pierre Lespaillandel, qui arrivaient en moto à Châtel-Gérard, furent arrêtés. Les soldats firent monter six hommes dans un camion et douze dans un autre et partirent sur la D101 en direction de Sarry (Yonne). À trois km de Châtel-Gérard, sur le territoire de la commune de Sarry, le convoi s’arrêta, les soldats firent descendre les hommes du premier camion (Camille Parain, son père Auguste Parain, Henri Santerre leur ouvrier agricole, Pierre Lespaillandel, Henri Tannevart et un inconnu) et les fusillèrent sur le bord de la route sous les yeux horrifiés des occupants de l’autre camion. Ceux-ci furent emmenés à la prison d’Auxerre et emprisonnés jusqu’à la Libération.
Le même jour, trois résistants incarcérés à la prison d’Auxerre, Marcel Boname, Robert Fanicher et Henri Petit avaient été emmenés en camion par cette troupe depuis Auxerre jusqu’à Châtel-Gérard : ils furent fusillés route de Marmeaux (D 115), à 400 mètres du bourg.
Le nom de Camille Parain (écrit parfois Parrain) est inscrit sur le monument édifié sur la commune de Sarry, avec ceux de son père Auguste Parain, Pierre Lespaillandel, Henri Santerre et Henri Tannevart. Son nom figure également sur une plaque apposée dans l’église de Châtel-Gérard, sur le monument de Précy-le-Sec (Yonne) dédié à Maurice Sellier et aux morts de la compagnie FTP Colbert et enfin sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre. Il est titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201035, notice PARAIN Camille par Claude Delasselle, version mise en ligne le 22 mars 2018, dernière modification le 11 mars 2020.

Par Claude Delasselle

Stèle de Sarry
Stèle de Sarry

SOURCES : CDrom, La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004 (Joël Drogland, notice "9 août 1944 : terreur nazie à Châtel-Gérard"). — Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée, Éd. ANACR-Yonne, 1990, page 439. Maurice Rousselet, Au pays de la belle pierre, de l’eau vive et des mergers, tome 6, Les années quarante. — Mémorial GenWeb.

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