Par Paul Boulland
Né le 11 mars 1937 à Paris (Xe arr.) ; tourneur ; membre du bureau fédéral des JC de Seine-Ouest ; membre du comité fédéral de Seine-Ouest ; maire adjoint de Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine) ; refusa de combattre en Algérie.
Fils d’Aimé Clavel, garçon d’hôtel puis métallurgiste, et d’Angèle Gibert, femme de chambre puis matelassière, Jean Clavel était titulaire du CEP et suivit un apprentissage de tourneur. Durant son enfance à Malakoff, ses parents étaient électeurs communistes et lisaient régulièrement l’Humanité-Dimanche. Ils adhérèrent au PCF en 1958. Au centre d’apprentissage, Jean Clavel fut également marqué par l’enseignement de son professeur d’histoire en qui il reconnut plus tard un militant communiste. En 1954, à dix-sept ans, il entra chez Hispano-Suiza à Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine) et se syndiqua immédiatement à la CGT. L’année suivante, il adhéra à l’UJRF, puis entra au Parti communiste en janvier 1956. Il fut délégué au congrès de reconstitution de la JC en décembre 1956 et participa à son développement chez Hispano-Suiza ainsi qu’à la défense des revendications des jeunes salariés. Le contexte de l’entreprise, où le PCF et la CGT étaient solidement implantés, et les premières mobilisations contre la guerre d’Algérie furent des expériences décisives de ses premières années militantes et professionnelles.
Le 2 mai 1957, Jean Clavel fut appelé pour effectuer son service militaire dans l’armée de l’Air. Après avoir achevé ses classes en Allemagne, il fut affecté à la base de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) où il apprit, en septembre 1957, le départ de son unité pour l’Algérie. Au cours d’une permission, il découvrit dans l’Humanité que des jeunes communistes, et en particulier le fils du député communiste Léandre Letoquard*, avaient refusé de servir en Algérie. Il consulta alors les militants de son entreprise et la direction de la JC qui le soutinrent dans sa décision de refuser son affectation en Algérie, décision transmise par courrier au Président de la République. Il avait pris soin de donner à ses camarades les moyens d’organiser la mobilisation en sa faveur. Sa lettre au Président fut publiée par l’Humanité et une délégation des communistes d’Hispano-Suiza était déjà en Haute-Saône pour le soutenir au moment de son arrestation. Il fut emprisonné à Luxeuil-les-Bains pendant quatre mois, puis transféré à la prison militaire de Montluc à Lyon (Rhône). Il passa devant le tribunal militaire à Lyon, en mars 1958, en présence de nombreux soutiens et fut seulement condamné à trois mois de prison. Toutefois, à sa sortie de la centrale de Montluc, il subit la répression des autorités militaires qui lui imposèrent une série de réaffectations disciplinaires avant de le mettre à nouveau aux arrêts. Il purgea alors une peine de huit mois au pénitencier militaire d’Albertville, avant d’être envoyé par décision ministérielle à la section spéciale de Tinfouchy, dans le Sahara algérien. Il fut libéré fin décembre 1960.
Jean Clavel, qui avait été licencié de chez Hispano-Suiza pendant son emprisonnement, fut réintégré grâce à la mobilisation des salariés et militants de l’entreprise. Il reprit ses activités à la JC et participa notamment à une délégation de plus de trois mois à Cuba, à l’issue de laquelle il fut à nouveau licencié. Subissant la répression patronale et un suivi permanent de la DST après son voyage à Cuba, il fut contraint de travailler dans de petites entreprises de la banlieue sud. Il milita alors sur la base locale à Malakoff, dans la fédération Seine-Sud et devint, en 1964, secrétaire permanent de la section Malakoff. En 1968, après la formation des départements de banlieue parisienne, il entra au comité fédéral des Hauts-de-Seine. Il suivit les cours des écoles centrales d’un mois et de quatre mois.
En 1965, Jean Clavel fut élu au conseil municipal de Malakoff et devint deuxième, puis premier adjoint au maire Léo Figuères*. Il resta membre du conseil municipal de Malakoff jusqu’en 2001.
Jean Clavel fut membre de diverses associations dont le Mouvement de la paix, le Secours populaire, la Confédération nationale du logement, l’Association de la cause anticoloniale et, en particulier, d’associations d’amitié internationale comme France-Cuba et France-Tchécoslovaquie.
Jean Clavel avait épousé Éveline Caudron, employée, militante communiste. Ils eurent deux enfants.
Par Paul Boulland
SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Entretien avec Jean Clavel, 29 mars 2000.