CLAVEL Yvonne [née ORLIANGE Jeanne, Yvonne ]

Par Yves Lequin

Née le 11 février 1894 à Bugeat (Corrèze), morte le 6 février 1976 à Paris (XIVe arr.) ; institutrice ; militante syndicaliste et communiste, membre de la commission exécutive de la CGTU (1922-1925).

Fille d’Antoine Orliange, maçon, et de Jeanne Orliange, sans profession, Yvonne Orliange (souvent écrit Orlianges), fut élève à l’École normale d’institutrices de Melun (Seine-et-Marne) de 1910 à 1913. Sœur aînée de Marie Orlianges et de Marguerite Monino, dès la sortie de l’EN, fréquenta les milieux révolutionnaires et pacifistes - notamment le groupe « Les Temps Nouveaux ». Au lendemain de la Grande Guerre, institutrice en Seine-et-Marne, à Samois, elle publia en mars 1921, avec son futur mari, l’instituteur Louis Clavel, (elle l’épousa en avril 1922 dans le Xe arrondissement de Paris), une brochure Pour la propagande minoritaire, destinée à servir la propagande des Comités Syndicalistes Révolutionnaires (CSR), où se retrouvaient ceux qui mettaient en cause l’orientation « réformiste » de la CGT et qui eut, semble-t-il, une grande influence. L’année suivante, en 1922, elle fut un des quatre auteurs - anonymes -, encore une fois avec son mari, Marcel Hasfeld et César Hattenberger du manifeste Pour la culture prolétarienne par l’écrit-Projet d’organisation qui marqua la fondation de la Librairie du Travail. Et elle fut élue à la Commission exécutive de la CGTU dès son premier congrès, à Saint-Étienne, en juin-juillet ; elle était alors aussi secrétaire du syndicat de l’Enseignement de Seine-et-Marne, « unitaire » qu’elle avait contribué à fonder et avait adhéré au Parti communiste dès sa naissance, en 1920.

Elle siégea à la Commission exécutive de la CGTU jusqu’en 1925, après avoir été des signataires, lors du congrès extraordinaire de 1923, de la motion majoritaire qui aboutit à l’élimination de la minorité syndicaliste révolutionnaire hostile à l’emprise du Parti communiste. Mais l’essentiel de son action s’orienta presque aussitôt vers les problèmes féminins ; elle avait d’ailleurs créé en Seine-et-Marne dès 1920 un groupe féministe, mais qui semble avoir végété. En 1923, elle entra à la commission féminine de la CGTU qui venait d’être, elle aussi, épurée de ses oppositionnelles ; l’année suivante elle y présenta, avec Adrienne Montégudet, un rapport sur l’éducation sexuelle. Par ailleurs, elle jouait un rôle important dans le syndicalisme enseignant, assurant le secrétariat de son département, et candidate, à plusieurs reprises mais en vain à son conseil de l’Enseignement primaire, tout en étant, un moment, une des rares femmes secrétaire d’Union départementale. Déléguée à tous les congrès de la Fédération Unitaire de l’Enseignement, elle devint une de ses figures de premier plan en entrant en 1926 à son bureau national. Elle y était chargée à la fois des relations internationales et de la Caisse de solidarité ; à ce dernier titre, elle organisa plusieurs campagnes de soutien financier à divers instituteurs révoqués à la suite de leurs activités militantes. Au congrès de 1929 à Besançon, elle prit en charge, avec son mari, l’orphelinat ouvrier qu’avait créé la Fédération à Epône (Seine-et-Marne).

En fait, tous deux se séparaient déjà de la direction fédérale sur l’appréciation des événements de Russie, tout comme ils avaient rompu avec la Librairie du Travail et avec ceux qui refusaient de suivre l’interprétation officielle du Parti communiste (Y. Orlianges et Louis Clavel y avaient encore édité, en 1923, Réflexions sur l’éducation et Nouvelles de Vosves d’Albert Thierry). Après une période d’hésitations, semble-t-il, dans le nouveau conflit qui s’élevait à l’intérieur de la CGTU, elle se retrouva aux côtés de la Minorité Oppositionnelle Révolutionnaire (MOR) qui regroupait les militants communistes majoritaires à la Confédération mais minoritaires à la Fédération de l’Enseignement. Quelque temps avant la guerre, elle fut élue au conseil départemental de l’Enseignement primaire de Seine-et-Marne ; mais elle en fut révoquée en septembre 1939 et déplacée d’office dans la Nièvre où elle passa le temps de la guerre et où elle demeura après la Libération, militant alors surtout à l’Union des Femmes Françaises avant de venir prendre sa retraite à Paris en 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20106, notice CLAVEL Yvonne [née ORLIANGE Jeanne, Yvonne ] par Yves Lequin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 août 2022.

Par Yves Lequin

ŒUVRE : Collaboration à La Vie Ouvrière, L’Humanité, La Tribune des Instituteurs et Institutrices de Seine-et-Marne, Les Semailles (bulletin du Syndicat laïc de Seine et Seine-et-Marne) ; Le Semeur, (hebdomadaire communiste de Seine-et-Marne). — Pour la propagande minoritaire, 1921. — Pour la culture prolétarienne par l’écrit. Projet d’organisation (en collaboration), 1922. — Voir également Louis Clavel, ŒUVRE, pour les ouvrages écrits en collaboration.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13744, rapport du 19 novembre 1921. — Arch. Jean Maitron. — Comptes rendus des Ier (1922), IIe (1923) et IIIe (1925) congrès nationaux de la CGTU — B. Bernard, Le Syndicalisme dans l’enseignement... op. cit. — M.-C. Bardouillet, La Librairie du Travail, op. cit..— Notes de Jacques Girault.

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