BOUCHER Daniel

Par Joël Drogland

Né le 6 octobre 1922 à Paris (Seine), exécuté sommairement le 13 juillet 1944 par un gestapiste français à Parly (Yonne) ; résistant.

Plaque de Parly
Plaque de Parly

Le 13 juillet 1944 vers 4 h 30 du matin, des troupes allemandes cernaient le village de Parly dans le cadre d’une opération de lutte contre les maquis. Tous les hommes de 15 à 60 ans furent enfermés dans la cour de la mairie pour vérification d’identité. Ils y furent maintenus jusqu’au début de l’après-midi, puis libérés, à l’exception du cafetier qui fut frappé et emprisonné. Plusieurs témoins affirmèrent que Karl Haas, chef de la Gestapo pour le département de l’Yonne, participait à l’opération (ce qui n’a rien d’inhabituel) ainsi que le Feldkommandant (ce qui serait plus exceptionnel). Marcel Wagner, chef d’un groupe de gestapistes français détachés du SD de Dijon en avril 1944 et installés à Auxerre, était lui aussi présent. Armés, motorisés, protégés par les autorités allemandes, les membres de ce que l’on appelait « la bande à Wagner » recherchaient les maquis et les résistants sédentaires qui les soutenaient et se livraient à diverses opérations de brigandage.

Marcel Wagner connaissait bien cette région de Puisaye. Il avait mis ses enfants en garde chez une habitante d’un hameau de Parly et il leur rendait assez régulièrement visite en compagnie de son épouse, qui vivait avec lui à Auxerre. Dans la nuit du 29 au 30 avril, il était venu avec quelques complices arrêter plusieurs habitants de Parly. Accusés d’aide à la résistance, ils avaient été interrogés et brutalisés puis conduits à Auxerre. Les gestapistes avaient pillé le domicile d’une habitante de Parly et dérobé espèces et objets divers pour une valeur estimée par une enquête de gendarmerie à plus de 100 000 francs.

Le 13 juillet 1944, Marcel Wagner avait revêtu l’uniforme allemand. Dans la rue du village, il arrêta un jeune homme et l’interpella violemment : « Maintenant me reconnais-tu ? » Il s’agissait de Daniel Boucher, 21 ans, résidant à Paris et alors en vacances chez sa mère. Avait-il déjà croisé le chemin de Marcel Wagner ? Ce dernier commit-il une confusion ? Le gestapiste se saisit du jeune homme et le conduisit dans la cour d’un immeuble proche. Il frappa le garçon à coup de poings puis à l’aide d’un bâton. « Le sang gicla après les vitres de ma fenêtre » raconta un témoin aux enquêteurs en août 1945. Les habitants furent alors sommés de rentrer chez eux et de fermer leurs fenêtres. Il n’y eut pas de témoins. On entendit peu après deux rafales de mitraillette. Une heure plus tard, on retrouva le cadavre de Daniel Boucher, assassiné de plusieurs balles. Une échelle et des cordes se trouvaient à proximité du cadavre, vestiges d’une probable séance de torture. La montre et les chaussures de la victime lui avaient été volées. Condamné à mort par la cour de Justice de l’Yonne le 17 octobre 1945, Marcel Wagner fut exécuté le 21 décembre 1945.

Le nom de Daniel Boucher figure sur une plaque commémorative, rue Saint-Sébastien, à Parly, ainsi que sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201084, notice BOUCHER Daniel par Joël Drogland, version mise en ligne le 25 mars 2018, dernière modification le 28 février 2022.

Par Joël Drogland

Plaque de Parly
Plaque de Parly

SOURCES : Arch. de la justice militaire, SHD, Le Blanc (dossier Wagner). — Arch. Dép. Yonne, 1 W 120 et 1 W 121 (rapports de gendarmerie). — CDrom La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004 (Joël Drogland, notices sur la bande à Wagner et sur les événements du 13 juillet 1944 à Parly). — Mémorial GenWeb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable