Né le 24 octobre 1819 à Charleville (Ardennes) ; mort le 17 janvier 1884 à Paris (IXe arr.) ; opposant au Second Empire ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.
Il était marié, père de trois enfants. Nestor Rousseau était rentier en 1872, après avoir dirigé une brasserie. Garde national, délégué au Comité central condamné après 1871, comme il l’avait été après 1848. On peut sans doute l’identifier à Rousseau Louis, Nestor (dossier de son fils Henri Gustave : les renseignements quant au lieu d’origine, à la date de naissance, aux activités professionnelles, politiques et militaires concordent).
Nestor Rousseau était le fils cadet d’un métallurgiste des Ardennes. Il ouvrit lui-même une brasserie dans sa ville natale une fois ses études terminées. Ses opinions républicaines lui firent saluer avec joie la révolution de 1848 - mais il fut navré de l’échec de Juin. En 1851, il fut condamné à huit jours de prison, pour avoir souffleté un journaliste, puis à un mois pour outrage au président de la République. Banni la même année, il s’installa en Angleterre et refusa de rentrer avant l’amnistie de 1859. Durant ce temps, on le mit en faillite sous prétexte qu’il n’était pas là pour payer ses dettes. En 1859, il regagna Paris et semble avoir vécu de ses rentes, rue des Feuillantines.
Malgré son âge, il s’enrôla en 1870 dans la Garde nationale, 119e bataillon, 3e compagnie de marche. Il y fit entrer son fils Henri, soldat de ligne à la déclaration de guerre et malade en 1871. Il combattit en particulier à Arcueil et y connut la capitulation, qui indigna la troupe, dit-il. Rentré à Paris, il y trouva semblable état d’esprit. Obsédé par les souvenirs de 1851, il redoutait un coup de nuit analogue au 2 décembre et préconisa la Fédération de la Garde nationale aussi bien que l’enlèvement des canons par les Parisiens, et la surveillance exercée autour d’eux à Montmartre.
Il comprit le 18 mars 1871 comme une tentative du gouvernement pour renverser la République. Il était ce jour-là à la permanence de la rue Basfroi, car il était exempté de service actif, comme délégué élu au conseil de famille du bataillon, et les nouvelles ne filtrèrent que peu à peu. Il a souligné la nature démocratique des élections aux conseils de la Garde nationale, aussi bien que le caractère modérateur de sa propre intervention : il a par exemple enlevé au peuple des gendarmes qu’on voulait fusiller et qui, « instruments passifs de la discipline, ne sont coupables que relativement ». Il se cantonna ensuite dans ses tâches de la Garde nationale.
Arrêté, traduit devant le 13e conseil de guerre, il ne renia aucun de ses actes : « L’histoire du Comité peut se lire par ses nombreuses affiches, elles sont toutes signées, j’en accepte la responsabilité. » Il fut présenté comme « esprit très exalté [...] homme extrêmement dangereux », peut-être parce qu’il répondit sèchement aux questions. Le 25 mai, il avait quitté le Ve arrondissement pour le faubourg Saint-Antoine « parce que cela m’a convenu », et à propos de ses actes entre le 25 et le 28 mai : « Je n’ai pas de comptes à rendre à cet égard. »
Condamné, le 26 janvier 1872 à la déportation dans une enceinte fortifiée, il arriva à Nouméa le 2 novembre 1872. Il fut amnistié en 1879 et revint vivre à Paris.
SOURCES : Arch. Nat, BB 241831 et 732, ce dernier carton renfermant le dossier de son fils Henri Gustave. — Arch. Min., Guerre, 13e conseil, n° 161, carton Comité central de la Garde nationale : on y trouve un manuscrit sans titre ni date où Nestor Rousseau dit ses mobiles patriotiques et ses opinions républicaines. — Arch. PPo. listes d’amnistiés. — J.O. Commune, 19 mai 1871. — Murailles 1871, op. cit., p. 17. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.