Par Dominique Tantin
De passage à Barbezieux, les soldats en retraite de la colonne Elster tuèrent huit personnes, quatre résistants et quatre civils.
A la mi-août 1944, la percée américaine en Normandie et le débarquement franco-américain en Provence menaçaient d’encerclement les troupes allemandes stationnées dans le sud-ouest de la France. En conséquence de quoi, elles reçurent le 19 août un ordre de repli général. Or, à partir de la libération de Limoges par les FFI du colonel Guingouin le 21 août 1944 et la fermeture de la route nationale 20, la route nationale 10 passant par Barbezieux devint la seule voie encore libre vers l’est et l’Allemagne. La dernière formation de la Wehrmacht à s’y engager fut la colonne du général Elster, ou Marshgrupp Elster), composée d’éléments disparates, forte de 20000 hommes, qui se forma autour de Libourne les 20-21 août 1944. Elle se dirigea vers le nord-est de nuit et à marches forcées, harcelée par les résistants. En traversant Barbezieux, les soldats firent quatre victimes parmi les résistants et quatre autres dans la population civile, dans les circonstances suivantes.
Le 27 août, un détachement de maquisards du 8e bataillon FTP (Francs-Tireurs et partisans) de Bousquet, alias Morny, en provenance de Dordogne-Nord, commandé par Robert Denoyelle, et incorporant quatre autres maquisards du sud de la Charente, reçut l’ordre de réquisitionner un véhicule dont le maquis avait besoin. Ils furent surpris par les Allemands à l’usine Viaud, avenue Thiers, où ils venaient chercher un camion. Deux maquisards furent abattus : Pierre Guérin et André Masfrand. Deux autres trouvèrent la mort au cours d’un combat, à l’hôtel de la Boule d’Or, Robert Denoyelle et Pierre Jean Chabrol.
Le même jour, un civil, Samuel Gaillard, fut abattu. Le lendemain, trois autres civils furent massacrés, Pierre Tarjella (mort le 29 août à l’hôpital), Jean Sicard et Anne-Marie Goulard veuve Merlet.
Bientôt les derniers soldats de la Wehrmacht quittèrent Barbezieux. Le 30 août, un détachement de maquisards de la colonne Soulé en provenance des Pyrénées, placé sous les ordres du capitaine Murray, libérait la ville et poursuivait en direction de Jonzac.
Le 11 septembre, à Issoudun (Indre), la colonne Elster se rendit aux Américains après avoir été affaiblie et ralentie par la Résistance.
Résistants morts en action le 27 août 1944
CHABROL Jean
DENOYELLE Robert
GUÉRIN Pierre
MASFRAND André
Civils massacrés
GAILLARD Samuel, 27 août 1944
GOULARD Marie-Louise veuve MERLET, 28 août 1944
SICARD Jean, 28 août 1944
TARJELLA Camille, 29 août 1944
Par Dominique Tantin
SOURCES : Guy Hontarrède, La Charente dans la Seconde Guerre mondiale, Dictionnaire historique, Saintes, Le Croît vif, 2004, p. 23. — CD-ROM La Résistance en Charente, AERI, 005. — MémorialGenWeb. — Site Résistance française