NÉRAT Marcel

Par Joël Drogland

Né le 13 mai 1905 à Saint-Maurice (Seine, Val-de-Marne), mort en action le 21 août 1944 à Sens (Yonne) ; cafetier ; FFI.

La ville de Sens a été libérée dans l’après-midi du lundi 21 août 1944, par les avant-gardes de la IIIe Armée du général Patton. Les unités de reconnaissance étaient parties le matin de Fay-aux-Loges, à l’est d’Orléans, avaient contourné Montargis et étaient parvenues à Sens vers 14h30, précédées des hommes du maquis Kléber (réseau Jean-Marie Buckmaster) dans leurs tractions. Les troupes allemandes furent surprises ; soldats et officiers qui le purent s’enfuirent rapidement. Les autres se retranchèrent dans quelques bâtiments publics. Les Américains tenaient à poursuivre au plus vite leur marche vers Troyes. Ce sont donc les maquisards du groupe Kléber ainsi que des résistants sédentaires de Sens qui n’étaient pas partis au maquis (membres des FTP, du groupe Ferry et de l’Organisation civile et militaire) qui, entre 16 h et 18 h, réduisirent les îlots de résistance allemande, avec l’aide ponctuelle de blindés américains.

D’autre part, nombreux furent les hommes de Sens, non encore engagés dans la Résistance qui, à ce moment, décidèrent de rejoindre les rangs des FFI. Ils n’étaient ni armés, ni expérimentés, tout en débordant d’enthousiasme patriotique. Marcel Nérat était de ceux-là. Fils de Marcel Nérat et de Henriette Decoin, il était cafetier rue de Paris à Sens, âgé de 39 ans, divorcé. Le Séminaire, bien que gravement endommagé par un récent bombardement américain, abritait toujours des troupes d’occupation. Les FFI s’y rendirent avec un blindé américain. Marcel Nérat et Raoul Desjardins étaient montés sur le blindé. Ils furent tués par un tir allemand, vers 16 h.

Quelques combats eurent lieu autour de bâtiments qui abritaient des Allemands : collège de filles, bureau de poste, lycée, mais surtout collège de garçons, actuel collège Montpezat. Une douzaine de FFI parvinrent à pénétrer dans la cour, les Allemands se retranchèrent puis peu après se décidèrent à se rendre, commandant en tête, suivi par trois capitaines, des sous-officiers et des soldats. Les FFI firent plusieurs dizaines de prisonniers. Vers 18 h, les combats avaient cessé, la ville était libérée et les officiers américains quittaient la sous-préfecture. Marcel Nérat et Raoul Desjardins furent les deux seuls FFI tués au cours des combats, ainsi que trois civils et 13 soldats allemands.

Le nom de Marcel Nérat figure sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre. Il ne figure pas sur le monument cantonal des morts de l’arrondissement de Sens alors qu’il figure sur la liste arrêtée le 17 juillet 1957 des « Sénonais morts pour la France dont l’inscription doit être portée sur le Monument aux morts ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201231, notice NÉRAT Marcel par Joël Drogland, version mise en ligne le 31 mars 2018, dernière modification le 31 mars 2018.

Par Joël Drogland

SOURCES : Arch. Mun. Sens (registre des décès). — Bailly Robert, La Croix de Saint-André, ANACR-Yonne, 1981, p. 277. Drogland Joël, Histoire de la Résistance sénonaise, Auxerre, ARORY, 2e édition 1998. — Mémorial GenWeb.

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