MACHET Charlotte [née Rohrmann]

Par Jean-François LASSAGNE

Née le 4 juin 1927 à Longeville-lès-Metz (Moselle). Postière au central téléphonique à Metz de 1946 à 1990 ; militante de la CGT ; membre du bureau départemental du syndicat des PTT ; responsable du Collectif des femmes de l’UD de Moselle ; membre du Parti communiste ;

Charlotte Machet au central téléphonique de Metz.
Photo personnelle.

Le père de Charlotte Machet, Jean-Baptiste Rohrmann était né à Bitche le 30 mars 1899 en Lorraine annexée. Cheminot, syndiqué à la CGT, il était également membre du Parti communiste. En janvier 1927 il avait épousé Carola Zeyen à Longeville-lès-Metz, où Charlotte naquit dans cette famille catholique le 14 avril 1903 . Le couple eut sept enfants. Refusant l’occupation allemande, son oncle maternel se donna la mort. Fuyant la Gestapo après des actes de résistance précoces, Jean-Baptiste Rohrmann* et sa famille se rendirent à Moulins-sur-Allier, où il occupa un poste de traducteur à la gare. Alias commandant La Limace, il était membre du groupe de résistance Mario, fondé par l’instituteur communiste Jean Burger. Il fut arrêté, condamné deux fois, et blessé au pied. Il mourut accidentellement à Metz, renversé par un autobus le 2 avril 1950 sur le Pont du Sauvage.

Charlotte Machet fréquenta d’abord l’école publique de Longeville-lès-Metz tenue par des religieuses (Concordat). Elle connut sa première grande frayeur le jour de sa première communion le 10 mai 1940 lors du bombardement de Metz par l’aviation allemande, une bombe tombant à proximité de l’abri où elle était réfugiée. Avec l’annexion de la Moselle au troisième Reich, elle dut fréquenter l’école allemande obligatoire durant cinq mois. En l’absence de livres, les élèves devaient alors subir des cours de propagande nazie à partir de journaux allemands. Puis la famille dut quitter Metz et se rendit à Moulins-sur-Allier le 21 mars 1941, et faute de place à l’école publique, Charlotte Machet fréquenta l’école catholique Notre-Dame, ses deux frères de leur côté entrant à l’école de la Maitrise de la cathédrale. Bonne élève, elle n’obtint pourtant le Certificat d’Etudes Primaires qu’en juin 1942, une maladie l’ayant empêchée de s’y présenter en 1939, et l’occupation allemande la retardant de nouveau. Durant cette période à Moulins, où son père fut arrêté plusieurs fois et incarcéré par la Gestapo à la prison de la Mal-Coiffée, elle eut à gérer en partie le quotidien de la famille, notamment les repas qu’elle était chargée de porter au prisonnier.

Au retour de la famille à Longeville-les-Metz en 1945, deux de ses tantes ayant travaillé auparavant à la Poste l’incitèrent à y présenter une demande d’emploi. Elle fut embauchée comme auxiliaire de renfort au central téléphonique de Metz en septembre 1946. Obligée contre son gré de travailler le dimanche, elle décida alors de ne plus fréquenter l’église, et adhéra à la CGT en juillet 1949 à la suite d’une grève. Elle resta seule adhérente de ce syndicat au central, jusqu’à la mutation à Metz d’une collègue de Thionville (Moselle). Participant à toutes les grèves et sollicitée sur tous les sujets, elle se savait surveillée sur une écoute installée à l’étage inférieur par un cadre "sous-marin". Malgré cela elle développa l’activité syndicale et l’implantation de la CGT. Puis l’arrivée de l’automatique provoqua une baisse des effectifs du service. En 1953 Charlotte Machet refusa de répondre à l’ordre de réquisition lors de la grève du mois d’août. Avec Jean Machet, militant de la CGT et du PCF, qu’elle avait épousé le 7 juin 1949, elle observa alors trois semaines de grève, et le couple connut des difficultés financières. Elle entra la même année au bureau du syndicat départemental, dont les locaux se trouvaient rue des Trinitaires à Metz. Elle fut sanctionnée plusieurs fois pour ses activités syndicales, notamment au retour d’un Conseil National de sa Fédération en 1958. Peu après elle mit au monde leur fille Sylvie, qui naquit le 5 novembre 1959. Charlotte Machet participa activement à la grande grève de 1974, qui dura 28 jours en Moselle, durant laquelle les grévistes du central téléphonique assuraient la sécurité des bâtiments, et les services prioritaires (hôpitaux, préfecture, médecins..). Par la suite elle prit un congé sans solde durant cinq ans pour veiller sur sa mère dont la santé nécessitait sa présence.

Les réunions politiques publiques se tenant à l’époque dans les cafés, ce fut lors d’un débat politique au Kursaal à Metz avec Anna Schell, alors députée-maire de Moyeuvre en Moselle, qu’elle adhéra au Parti Communiste en 1950. Elle milita dès lors à la cellule Jean Grandel des PTT à Metz et participa à la rédaction de son journal Le postier démocrate. Après plus de 43 ans de travail à la Poste, elle prit sa retraite le 3 janvier 1990, mais poursuivit son activité syndicale au sein du syndicat départemental et de la section des retraités ; elle participait toujours aux assemblées de la section messine du Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201298, notice MACHET Charlotte [née Rohrmann] par Jean-François LASSAGNE, version mise en ligne le 3 avril 2018, dernière modification le 20 avril 2020.

Par Jean-François LASSAGNE

Charlotte Machet au central téléphonique de Metz.
Photo personnelle.

SOURCES : Archives. personnelles—Archives de l’UD CGT de Moselle—entretiens avec Charlotte Machet en 2012 et 2013.

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