Les cheminots

Chronologie 1827-1996

FOCUS

- 1er octobre 1827 :

  • Inauguration de la première ligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Andrézieux (transport de marchandises)

- 24 août 1837 :

  • Inauguration de la première ligne transportant des voyageurs, entre Paris et Saint- Germain-en-Laye

- 11 juin 1842 :

  • Loi qui détermine les conditions de l’exploitation ferroviaire entre l’État (constructeur et propriétaire des infrastructures) et les compagnies privées concessionnaires

- printemps 1848 :

  • Premières grèves de cheminots autour des gares parisiennes et des établissements annexes. Les auteurs de ces mouvements de révolte sont durement sanctionnés (licenciements massifs et réembauche d’éléments « obéissants » par les compagnies)

- 31 janvier 1850 :

  • Lors de son assemblée générale, la Compagnie Paris-Rouen-Le Havre adopte la première caisse de retraite pour les agents

- mai 1870 :

  • Grève d’un demi-millier d’ouvriers des ateliers de Rennes de la Compagnie de l’Ouest pour la journée de dix heures

- novembre 1870 :

  • Pétition des mécaniciens et chauffeurs du PLM, signée par 8 000 agents, demandant l’amélioration de leurs horaires de travail

- janvier 1872 :

  • L’Assemblée nationale rejette un projet de loi concernant les conditions de travail des mécaniciens et chauffeurs

- 13 avril 1872 :

  • Vote des statuts de l’Union fraternelle des mécaniciens et chauffeurs

- 18 mai 1878 :

  • Loi créant le premier petit Réseau de l’État par rachat de petites compagnies
    (Charentes et Vendée)

- Juin 1880 :

  • Création d’une société de secours, l’Association fraternelle des employés et ouvriers des chemins de fer français, qui regroupe 22 000 employés en 1882

- 6 avril 1883 :

  • Fondation de la Société générale de protection mutuelle des employés des chemins de fer qui, en 1886, s’intitulera Protection mutuelle, société philanthropique entre

- 1883 :

  • Dans La Traite des blancs au XIXe siècle-* , de l’Angle Beaumanoir utilise le terme de
    « serfs de la voie ferrée » pour évoquer les employés de chemin de fer

- 18 avril 1884 :

  • Création du Syndicat professionnel des employés des chemins de fer, dit syndicat
    Petit, à l’initiative du baron de Janzé, député

- 1885 :

  • Naissance du Syndicat général professionnel des mécaniciens, chauffeurs, conducteurs de machines à vapeur de France et Algérie, dit syndicat Guimbert

- 4 août 1890 :

  • Création, au Cirque d’Hiver, de la Chambre syndicale des ouvriers et employés des
    chemins de fer français. Ce premier véritable syndicat se propose de regrouper tous les travailleurs du rail, quel que soit leur statut (commission ou non) ou leur profession (roulants ou sédentaires). Dès son premier congrès (avril 1891), il compte 11 500 adhérents répartis dans 41 sections

- 7-20 juillet 1891 :

  • Les premières grandes grèves du chemin de fer, décidées le 7 juillet dans les ateliers du Paris-Orléans suite à la révocation de plusieurs employés syndiqués, mobilisent 6 000 grévistes en région parisienne.

- 17 Décembre 1897 :

  • La proposition de loi déposée par les députés de gauche Berteaux, Jaurès et Rablier, qui fixe les conditions de travail des cheminots et leur accorde une retraite normale après vingt ans de service, est votée par 430 députés contre 12. Le Sénat bloque toutefois cette proposition

- 23 août 1898 :

  • Première assemblée à Montmartre des membres de l’Union catholique du personnel des chemins de fer qui vient d’être fondée par le chanoine Reymann, très influente dans le recrutement auprès de certaines compagnies

- 12 octobre 1898 :

  • Le Syndicat national donne le mot d’ordre de grève générale pour le 14 octobre avec, comme revendications, la reconnaissance du syndicat par les compagnies et une amélioration des conditions de travail et des salaires. Contrecarrée par une manipulation policière, elle échoue (voir la biographie d’Eugène Guérard)

- 27 mars 1907 :

  • Loi rendant les agents des compagnies justiciables des conseils de prud’hommes

- 13 juillet 1908 :

  • Loi de rachat de la Compagnie de l’Ouest : l’État élargit son premier réseau

- 21 juillet 1909 :

  • Loi instituant un nouveau régime des retraites uniforme pour tous les agents des grands réseaux

- octobre 1910 :

  • Une grève générale pour l’augmentation des salaires et pour la rétroactivité de la loi de 1909 sur les retraites éclate sur le réseau Nord. Dans les jours qui viennent, elle s’étend à l’ensemble des réseaux. De courte durée et ne touchant jamais plus de la moitié des cheminots, désamorcée par les mesures draconiennes prises par le gouvernement (réquisition des cheminots et utilisation de la troupe) et par les Compagnies, elle se solde par 3 300 révocations. Il faudra attendre la guerre de
    1914-1918 pour voir réembauchés les agents révoqués (voir les biographies d’Alexandre Le Guennic et de Marcel Bidegaray)

- 1911 :

  • Constitution du Groupe de défense syndicaliste des chemins de fer à l’initiative des
    « révolutionnaires » non révoqués, qui reprochent aux « réformistes » l’échec de la grève de 1910. En septembre, son secrétaire Alexandre Le Guennic crée avec un autre libertaire, Yves-Marie Bidamant, la Fédération nationale des transports par voie ferrée

- 28 décembre 1911 :

  • Loi instaurant la rétroactivité du nouveau régime des retraites adopté en 1909. Elle consacre le droit à la retraite après vingt-cinq ans d’affiliation pour les mécaniciens et chauffeurs à cinquante ans, pour les autres services actifs à cinquante-cinq ans et à soixante ans pour les agents des services sédentaires (bureaux)

- 4 septembre 1912 :

  • L’État accorde un statut aux agents de son réseau, réglementant le recrutement, la titularisation, les congés, l’avancement et la protection en cas de maladie ou d’accident

- 2 août 1914 :

  • Arrêté du ministère de la Guerre : les compagnies doivent mettre à la disposition de l’État l’ensemble des moyens de transport. Deux zones sont créées : zone de l’intérieur sous l’autorité du ministre de la Guerre ; zone des combats commandée par l’état-major des Armées. Les cheminots sont pour la plupart affectés spéciaux sur leur lieu de travail. Les besoins accrus entraînent la réintégration d’une partie des révoqués de 1910

- 27 et 28 janvier 1917 :

  • Lors d’une réunion à salle de La Grange-aux-Belles à Paris, les organisations syndicales existantes (Syndicat national des cheminots, Fédération autonome des mécaniciens et chauffeurs, Association professionnelle des agents de trains, Association générale du personnel des chemins de fer de l’État, Association générale du personnel des chemins de fer du PLM) fusionnent en une Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer de France, des colonies et pays de protectorat, adhérente à la CGT

- mai-juin 1917 :

  • Premières grèves, lancées par des cheminotes embauchées à l’occasion de la guerre, pour l’obtention d’une indemnité de cherté de vie

- 1918 :

  • Pour la première fois, le Parlement vote une allocation de cherté de vie pour les cheminots

- 20 février 1918 :

  • Naissance du Syndicat professionnel des cheminots de France (SPCF), d’obédience chrétienne. En octobre 1920, le Syndicat professionnel adhérera à la CFTC et deviendra la Fédération des syndicats professionnels des cheminots de France et des colonies

- 23 avril 1919 :

  • Loi sur les huit heures ; elle entraîne une augmentation des effectifs des salariés des chemins de fer de 30%.
    L’année connaît une série de grèves de courte durée ayant comme objet le statut, les échelles de salaires et la journée de travail

- janvier-mars 1920 :

  • Grève pour les conditions de travail dans les ateliers du Paris-Orléans à Périgueux.
    Suite à la mise à pied d’un responsable syndical de Villeneuve-Saint-Georges, Jean-Baptiste Campanaud, pour s’être rendu à un congrès syndical sans autorisation, une grève éclate le 25 février et s’étend rapidement à l’ensemble du PLM, puis aux autres compagnies (sauf le Nord). Dans un contexte global d’exaspération des cheminots par le refus des compagnies à leur accorder un statut et une nouvelle échelle des salaires, elle devient générale le 27 février (voir les biographiques de Jean-Baptiste Campanaud et de Lucien Midol).
    Les cheminots obtiennent un accord sur le statut du personnel et l’échelle des salaires. Celui-ci fixera les conditions de recrutement, les congés, les droits en cas de maladie, l’avancement, les modalités de représentation du personnel et les mesures disciplinaires. L’application ne suivra guère et les mécontentements subsistent, de nombreux cheminots ayant déjà été révoqués ou inculpés et les compagnies hésitant à renoncer à la sanction pour fait de grève

- mai 1920 :

  • Lors du congrès fédéral CGT des 22-24 avril, les révolutionnaires, avec Gaston Monmousseau et Lucien Midol (voir ces notices et celle de Pierre Semard), prennent le dessus. Ils font voter à une courte majorité la grève générale pour le 1er mai 1920. Affichant comme revendication essentielle la nationalisation des réseaux et la levée des sanctions, celle-ci se poursuit tout le mois de mai, mais se solde par un échec le 28 mai ; la répression est cinglante et les révocations sont de l’ordre de 18 000 agents

- octobre 1920 :

  • Regroupement de divers syndicats de cadres pour former la Fédération des syndicats d’agents de cadres et techniciens des chemins de fer français et coloniaux. Ce sont là les débuts d’un syndicalisme spécifique concernant les cadres des chemins de fer

- 1920 :

  • Création d’un Cartel des services publics pour la défense du droit syndical des agents publics et le droit de grève, mis en cause notamment après la grève des cheminots. Suite à la scission, deux cartels coexisteront jusqu’en 1936 : le Cartel confédéré des services publics CGT et le Cartel central des travailleurs de l’État et des services publics concédés et assimilés. La réunification donnera naissance à un nouveau Cartel des services publics. Durant toute la période, les Fédérations des cheminots, désireuses de préserver une certaine indépendance, font partie des Cartels, mais pas de leur bureau

- 31 mai-2 juin 1921 :

  • La Fédération des cheminots éclate au IVe congrès suite au différend entre « réformistes » et « révolutionnaires ». Les syndicalistes « confédérés » se regroupent autour de Montagne alors que les cheminots « unitaires » adhèrent à la Fédération dirigée par Pierre Semard. La Fédération des mécaniciens et chauffeurs reprend son indépendance et devient la Fédération générale des mécaniciens et chauffeurs, conducteurs électriciens, élèves et candidats chauffeurs des chemins de fer de France, des colonies et pays du protectorat

- 14 septembre 1922 :

  • Décret Le Trocquer, daté du 14 septembre, qui distingue entre le temps effectif du travail et le temps de présence au travail (amplitude) des cheminots, et réglemente la durée du travail sur l’année. Il provoque la réunion en un Cartel pour la défense des huit heures et contre le décret, d’agents des trois Fédérations CGT, CGTU et Syndicat professionnel de France et des colonies (CFTC)

- 1924 :

  • Création d’une Union nationale des révoqués qui réunit des cheminots de la CGT et de la CGTU

- 1924 :

  • Création d’une Fédération autonome des cheminots par les militants libertaires et anarcho-syndicalistes de la CGTU. Elle rejoindra en 1926 la CGT-Syndicaliste révolutionnaire

- 3 janvier 1925 :

  • Le Cartel des gauches vote une loi d’amnistie « pour les faits commis antérieurement au 12 novembre 1924 » qui concerne les révoqués de 1920 ; elle n’est quasiment appliquée que sur le réseau de l’État

- 5 avril 1928 :

  • Loi sur les assurances sociales : les cheminots obtiennent des avantages nouveaux : gratuité des soins, remboursement des frais d’accouchement et allocation d’allaitement

- 9-10 décembre 1935 :

  • Congrès de réunification des Fédérations CGT et CGTU des cheminots et élection d’un secrétariat de huit membres paritairement (Jean Jarrigion, Pérignon, Liaud, De Kerdelleau, Demusois, Crapier, Pierre Semard, Lucien Midol). (Jean Jarrigion et Pierre Semard seront conjointement secrétaires généraux à l’issue du congrès suivant en juin 1938

- juin 1936 :

  • Des grèves avec occupation d’usines touchent l’ensemble du pays. Une délégation de la Fédération nationale rencontre une délégation du gouvernement au domicile de son chef, Léon Blum. Vingt-et-un jours de congés payés sont accordés, les quarante heures et les conventions collectives devant être appliquées aux cheminots après négociation avec le comité de direction des cheminots, le gouvernement appuyant les revendications

- 12 janvier 1937 :

  • Loi d’amnistie qui prévoit la création d’une commission tripartite destinée à décider en dernière instance sur la réintégration des révoqués

- 31 août 1937 :

  • Décret-loi portant création de la SNCF : fusion des deux réseaux d’État (ex-Ouest et Alsace-Lorraine) et des cinq grandes compagnies

- 19 décembre 1937 :

  • Le congrès extraordinaire de la Fédération des cadres décide son rattachement à la CGT ; une minorité quitte la Fédération et contribue à la fondation du Syndicat du personnel d’inspection et de direction (SPID)

- 6-8 mai 1938 :

  • À l’occasion de son congrès, la Fédération des syndicats professionnels affiliée à la CFTC change de nom et devient la Fédération des syndicats chrétiens des cheminots de France

- 20 août 1938 :

  • Conformément à la loi du 23 juin 1936 , le statut des cheminots de 1920 est transformé en convention collective

- 30 novembre 1938 :

  • Grève confédérale contre les décrets-lois de Paul Reynaud des 12 et 13 novembre, destinés à revenir sur les acquis sociaux du Front populaire et qui prévoient, entre autres, des suppressions de postes dans les services publics, la réduction du trafic ferroviaire avec fermeture de voies. La grève est un échec et cinq mille agents de la SNCF sont sanctionnés, dont plusieurs révoqués. Jean Jarrigion et Pierre Semard sont démis du conseil d’administration de la SNCF pour avoir signé des tracts appelant à la grève

- 28 août 1939 :

  • Le bureau fédéral des cheminots approuve, par dix voix contre quatre et une abstention (douze absents excusés), le Pacte germano-soviétique, mais le condamnera le 2 septembre

- 26 septembre 1939 :

  • Décret-loi prononçant l’interdiction du PC. Il donne aux préfets le pouvoir d’interner dans des camps les individus reconnus « dangereux pour la Défense nationale ou pour la sécurité publique ». Deux jours plus tard, les dirigeants partisans du Pacte germano-soviétique sont exclus de la Fédération des cheminots

- 20 octobre 1939 :

  • Arrestation de Pierre Semard suite à une plainte de Jean Jarrigion pour détournement de fonds, Semard ayant demandé au trésorier fédéral Tournemaine de mettre les fonds fédéraux à l’abri jusqu’à la tenue d’un congrès. L’accusation tombera à l’ouverture du procès le 6 avril 1940, mais Pierre Semard et Tournemaine seront condamnés à trois ans de prison pour appartenance au Parti communiste

- 27 octobre 1939 :

  • Décret-loi annulant les mandats des délégués élus du personnel, qui sont remplacés par des représentants des syndicats

- 16 août 1940 :

  • « Loi » qui prononce la dissolution des confédérations syndicales, mais non des fédérations

- 7 mars 1942 :

  • Pierre Semard, livré aux Allemands, est fusillé à la prison d’Evreux comme otage

- 4 septembre 1942 :

  • Loi instaurant le Service du travail obligatoire (STO)

- 13-14 octobre 1942 :

  • Débrayages aux ateliers d’Oullins (Rhône) pour protester contre la réquisition pour l’Allemagne d’une trentaine d’hommes, suivis d’arrêts du travail dans d’autres sites ferroviaires

- 17 avril 1943 :

  • Réunification des confédérés et des unitaires en une seule Fédération CGT
    clandestine

- 3-4 février 1944 :

  • Congrès de la Fédération légale, qui procède à l’élimination de Lucien Cancouët. Déjà fortement noyautée par la CGT clandestine, le congrès est perturbé par les membres de celle-ci

- 10 août 1944 :

  • Grève « insurrectionnelle » dans les dépôts de la région parisienne, précédée d’une série de débrayages depuis le 14 juillet. C’est l’amorce des mouvements qui conduiront à la libération de Paris

- 18 août 1944 :

  • La CFTC appelle à son tour à la grève

- novembre 1944 :

  • Réintégration et réhabilitation des révoqués de la période 1939-1944

- 28-29 juillet 1945 :

  • Lors de son congrès, la Fédération des cadres confirme son appartenance à la
    CGT et devient l’Union nationale des cadres (UNC) de la Fédération des cheminots

- 18 juin 1946 :

  • Par un décret, la SNCF, dérogeant à la loi instituant les comités d’entreprise, est dotée de structures propres : comités mixtes professionnels et comités d’action sociale

- 27 octobre 1946 :

  • Dans son préambule, la Constitution reconnaît le droit de grève

- 25 mars 1947 :

  • La Fédération CGT des cheminots participe à la journée d’action nationale organisée par la Confédération. Il s’agit du premier mouvement revendicatif d’envergure depuis la « bataille de la production »

- juin 1947 :

  • Suite à un arrêt du travail à Villeneuve-Saint-Georges, le 2 juin, pour protester contre la réduction de la ration de pain, le mouvement s’étend à de nombreux centres ferroviaires de la région parisienne et de la province. Le travail reprend le
    12 juin, suite à la signature d’un accord. Les cheminots ont obtenu une indemnité nouvelle, une augmentation des allocations familiales, l’intégration d’une partie de la prime de fin d’année dans le salaire et l’absence de toute retenue pour fait de grève

- juillet 1947 :

  • Des militants ex-confédérés commencent à quitter la CGT et créent le Comité d’action syndicaliste (CAS) qui se transforme chez les cheminots le 7 décembre
    1947 en Fédération syndicaliste des travailleurs des chemins de fer de France et de
    l’Union française ; ils créent le Rail syndicaliste-* . Les militants de la tendance Force ouvrière, créée en 1945 et s’exprimant dans Résistance ouvrière, -* quittent à leur tour la CGT et fondent le 28 décembre la Fédération confédérée des cheminots FO

- novembre-décembre 1947 :

  • Partie de Marseille, une nouvelle grève est déclenchée le 12 novembre. Se déroulant dans un contexte de guerre froide, violemment réprimée par le gouvernement, cette grève donne lieu à des affrontements très durs. Suite à une reprise très progressive du travail, le Comité national de grève déclare la fin de celle-ci le 9 décembre sans que les revendications essentielles, relèvement et échelle mobile des salaires, ne soient satisfaites
    Conséquence de la grève : plus de mille agents de la SNCF sont sanctionnés, dont 93 révocations ou radiations

- décembre 1947 :

  • Les mécaniciens recréent leur propre organisation, la Fédération des mécaniciens, chauffeurs, conducteurs d’autorails, élèves et appelés à ces fonctions

- 17-18 janvier 1948 :

  • Réunis en congrès extraordinaire au lendemain de la scission de la Fédération CGT, les cadres optent à une très large majorité pour le retour à l’autonomie. L’organisation s’appelle désormais Fédération des syndicats d’ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise des chemins de fer de France et d’outre-mer. À partir de la fin des années 1950, elle sera couramment appelée Fédération autonome des cadres (FAC)

- 1er-3 mars 1948 :

  • Congrès d’unification de la Fédération syndicaliste et de la Fédération confédérée, qui donne naissance à la Fédération syndicaliste Force ouvrière des travailleurs, cadres et techniciens des chemins de fer de France et de l’Union française

- 29 octobre 1948 :

  • Par décret, les représentants de la CGT sont exclus du conseil d’administration de la SNCF, pour avoir appelé, en solidarité avec les mineurs en grève, à bloquer toute importation de charbon. La Fédération n’y retournera qu’en 1972

- mai 1949 :

  • Création d’un comité d’entente CGT, CFTC, FAC, SPID-CGC

- 25 novembre 1949 :

  • Grève pour la revalorisation des salaires et des retraites

- 25 janvier 1950 :

  • « Avis au personnel » concernant les sanctions prises contre les grèves ponctuelles, jugées illicites par la SNCF

- 1er juin 1950 :

  • Décret classant la SNCF parmi les « entreprises publiques à statut », qui font dérogation à la loi du 11 février 1950 qui rendait les salaires libres, c’est-à-dire négociables sous forme de conventions collectives, dans les entreprises publiques ne relevant pas d’un statut.
  • Décret instituant une commission mixte du statut (CMS) succédant à la commission mixte de la convention collective instituée en 1938. Son article 2 stipule que « le conseil d’administration de la SNCF fixe la rémunération du personnel [...] avec l’agrément du ministre des Travaux publics et du ministre des Finances »

- novembre 1950 :

  • La SNCF décide de cesser tout rapport avec la CGT, à l’exception des délégations statutaires du personnel, suite à la publication d’un tract, « Votre sécurité est en danger », pour protester contre la suppression de l’aide-conducteur sur les locomotives

- 19-24 mars 1951 :

  • Grève pour la défense du pouvoir d’achat, lancée par FO et suivie par la CGT et la
    CFTC. Plus de 52 000 cheminots sont réquisitionnés, dont 12 273 répondent
    « présent ». Les cheminots obtiennent une augmentation de 7 % des salaires et de
    11,5 % du salaire minimum garanti

- 4 juin 1952 :

  • Grève de protestation contre l’arrestation de Jacques Duclos, le 28 mai, suite à une manifestation (interdite) du PCF contre la venue à Paris du général américain Ridgway. De nombreux cheminots impliqués dans les actions contre la guerre en Indochine sont révoqués

- août 1953 :

  • Une grève, qui démarre le 5 août chez les postiers de Bordeaux, s’oppose aux décrets Laniel mettant en cause les régimes de retraites spéciaux et prévoyant de reculer l’âge de départ à la retraite (35 000 réquisitions sont prononcées, auxquelles répondent 20 000 cheminots)

- 17-18 avril 1957 :

  • Grève d’avertissement en direction du gouvernement socialiste suite à une initiative de la CGT, de la CFTC et de la FGAAC, suivie par FO. Le gouvernement accepte que les revendications salariales puissent être débattues à la commission mixte du statut, en attendant la création d’une commission nationale de conciliation

- 26 juillet 1957 :

  • Loi favorisant le règlement des conflits du travail. Il s’ensuit un accord entre ministère des Transports, SNCF et organisations syndicales créant une commission nationale de conciliation. Elle ne peut pas jouer son rôle et souffre d’ambiguïtés avec la commission du statut

- 8 juin 1959 :

  • Accord commun des organisations syndicales sur une grève le 16 juin, pour la revalorisation des salaires et des retraites (premier accord commun CGT/FO depuis la scission). Ordre de grève suspendu suite à l’accord de la SNCF de reprendre les négociations

- 18-19 mai 1961 :

  • Dans un contexte de mobilisation générale du secteur public, une grève de 32 heures a lieu à l’initiative de la CGT, de FO, de la CFTC et de la FGAAC contre l’augmentation insuffisante des rémunérations envisagée par le gouvernement

- 20-26 avril 1962 :

  • Grève « de Pâques » unitaire pour l’abolition de sanctions ayant frappé des cheminots d’Avignon, pour une augmentation des salaires et une réduction du temps de travail

- mai-juin 1963 :

  • Agitation chez les agents de conduite (CGT, CFTC, FGAAC) à propos de la mise en service du dispositif de contrôle de l’attention des agents de conduite, dite veille
    « automatique » (VACMA)

- 31 juillet 1963 :

  • Loi prescrivant le dépôt d’un préavis de grève de cinq jours ; interdiction de certains types de grèves (grève tournante) ; précisions des conséquences sur les salaires en cas de contravention

- février 1964 :

  • Sortie du rapport de la commission Massé sur l’évaluation des salaires

- septembre 1964 :

  • Rapport Toutée. Instauration de la commission Grégoire de constatation des salaires

- 1964 :

  • Actions contre la procédure Toutée-Grégoire visant à contrôler l’évolution de la masse salariale du secteur public

- 5 janvier 1965 :

  • Naissance de la Fédération CFTC maintenue des cheminots, à qui le gouvernement reconnaît la représentativité quelques jours après

- 12-15 janvier 1965 :

  • Le congrès de la Fédération CFTC approuve, par 87 % des voix, l’évolution en CFDT, donnant naissance à la Fédération CFDT des cheminots. Un mois plus tard, elle est suivie par la Fédération des retraités (72 % pour). La minorité reste à la CFTC dite maintenue

- fin 1967 :

  • La Fédération CGT des cheminots publie Les cheminots dans l’histoire sociale de la France-* , ouvrage dirigé par Joseph Jacquet et préfacé par Benoît Frachon, dans lequel elle jette un regard sur son propre passé

- 13 mai 1968 :

  • Grève unitaire. La grève démarre à Badan le 16 mai, après le licenciement de deux jeunes auxiliaires. Incitée par la CGT, la CFDT et FO, elle se généralise à partir du
    17 mai. La FAC, la FGAAC et la CGC s’y joignent le 19. La grève prend fin le 6 juin, les cheminots ayant obtenu satisfaction d’une partie de leurs revendications, notamment en ce qui concerne les salaires. L’accord-cadre entre SNCF et organisations syndicales sur les conséquences de la modernisation entame une série d’accords qui font entrer la corporation dans une ère des négociations. La CGT est à nouveau considérée comme organisation syndicale reconnue, elle peut être reçue par la direction de l’entreprise et ses permanents sont pris en charge par l’entreprise

- 10-18 septembre 1969 :

  • Grève des roulants, très majoritairement suivie

- 9 juin 1971 :

  • Malgré la signature, par les organisations, de l’accord-cadre du 11 janvier qui définit les dispositions salariales pour l’année à venir, une grève éclate à Avignon et s’étend à partir du 10 juin ; la CFDT se prononce pour un appel à l’échelle nationale. Lors des négociations qui s’engagent, CGT et CFDT revendiquent l’attribution d’une prime de vacances. Dès le 12 juin, CFTC, FO, FGAAC, FAC et CGT se désolidarisent de la grève. Néanmoins, le conflit se durcit dans de nombreux endroits, et la reprise n’est votée que le 22 juin. Cette grève est fortement marquée par la présence de jeunes cheminots, plus influencés que leurs aînés par les tendances « gauchistes » qui se développent depuis mai 68

- 1972 :

  • Nouveau découpage administratif de la SNCF avec création de vingt-cinq régions

- 24-25 mai 1972 :

  • La Fédération des cadres s’appelle désormais Fédération des syndicats d’ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise des chemins de fer et activités annexes (FMC)

- mai 1977 :

  • La Fédération CFDT des cheminots, avec les Fédérations de mineurs, routiers, marins, créent la Fédération générale des Transports et de l’Équipement (FGTE- CFDT)

- début 1978 :

  • Publication du rapport Guillaumat, qui remet en cause la notion de service public pour la SNCF entre autres. Vives réactions de l’ensemble des organisations syndicales et la SNCF émet de fortes réserves

- 7 mars 1979 :

  • L’ensemble des organisations syndicales organisent une journée sans train contre le rapport Guillaumat

- Fin 1982 :

  • Le Parlement vote une loi créant un comité d’entreprise à la SNCF

- 31 décembre 1982 :

  • Vote de la loi d’orientation des transports intérieurs (LOTI) qui définit le nouveau statut juridique de la SNCF (Établissement public industriel et commercial), qui avait été créée en 1937 pour quarante-cinq ans.

- 15 décembre 1983 :

  • Première élection des 327 Comités d’établissement de la SNCF, 2184 membres sont élus. Ils votent ensuite pour élire les représentants du Comité central d’entreprise.

- 7 juin 1985 :

  • Après un recours de la CFTC, FO et la CGC, le Conseil d’Etat casse la décision administrative prévoyant la création des 327 Comités d’établissement. Une nouvelle structuration est proposée qui prévoit la mise en place de 35 Comités d’établissements : 25 comités régionaux (selon les régions SNCF) et 10 comités spécifiques aux directions techniques, le SERNAM et l’armement naval.

- 10 octobre 1985 :

  • Les premières élections pour les 35 CE ont lieu. 259 000 cheminots élisent 888 élus des CE.

- 1er janvier 1986 :

  • Après une négociation de plusieurs années avec la direction de l’entreprise, le Comité central d’entreprise obtient la gestion des activités sociales jusqu’alors gérées par la SNCF. Le transfert des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de cette mission fait l’objet de longues tractations afin que le CCE disposent des moyens nécessaires son action.

- 18 décembre 1986 – 15 janvier 1987 :

  • À l’appel de coordinations de cheminots, un mouvement de grève débute au dépôt de Paris Nord. Celui-ci fait écho à l’annonce, le 18 septembre 1986, de la direction de la SNCF qui prévoit une mise en place d’une grille salariale « au mérite » et à une grève des personnels des guichets parisiens contre la suppression de la prime de saisie sur ordinateur. Les organisations syndicales et en particulier la CGT sont d’abord sceptiques sur la forme prise par le mouvement au travers des coordinations toutefois, au bout de quelques jours, elles s’engagent toutes dans l’action. Le conflit social dure jusqu’à janvier 1987. Il aboutit au retrait du projet de grille salariale au mérite.

- 27 octobre 1992 :

  • Première Eurogrève des cheminots qui se mobilisent contre la libéralisation des transports publics édictée par le Traité européen de Maastricht.

- Février 1995 :

  • Les fédérations syndicales cheminotes, hormis la CGC, lancent une pétition unitaire sous le slogan « la SNCF appartient à la Nation ». La pétition recueillera in fine plus de 116 000 signatures qui seront remises au ministre des Transports en novembre 1995.

- 24 novembre - 18 décembre 1995 :

  • À la suite des annonces effectuées par Alain Juppé à l’Assemblée Nationale le 15 novembre 1995, prévoyant une réforme de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux, et de celles de la direction de la SNCF sur le contrat de plan, les organisations cheminotes appellent à manifester le 24 novembre. Les mots d’ordre visent à préserver le régime de retraite de la corporation et à s’opposer au contrat de plan porté par la direction de la SNCF qui prévoit notamment la suppression de nombreuses lignes et la réduction des effectifs cheminots. Le 24 novembre est la première journée d’action d’une mobilisation qui s’élargit à toutes les professions et qui constitua le plus grand mouvement social en France depuis 1968.

- janvier 1996 :

  • Des militants cheminots de la CFDT quittent leur organisation syndicale pour rejoindre SUD-Rail. Cette décision est motivée par l’opposition d’une partie des cheminots à la politique menée par Nicole Notat à la tête de la confédération CFDT et, notamment, le soutien apporté au plan Juppé. Dans certaines régions SNCF, telles Paris Saint-Lazare ou en Normandie, les partants représentent entre 50% et 70% des effectifs des syndicats CFDT. À Paris-Sud-Est, 700 cheminots intègrent le syndicat SUD-Cheminots, soit 95% des anciens effectifs de la CFDT.

Iconographie de l’article : Fonds de l’IHS-CGT des Cheminots (CGTCHEM_78-303_199909_032)

Chronologie 1827-1996
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