CLÉMENT Marcel, René

Par François Igersheim

Né le 10 décembre 1927 à Belfort ; postier ; secrétaire départemental du syndicat PTT-CFTC du Bas-Rhin, conseiller d’UD-CFDT du Bas-Rhin ; secrétaire de l’UD-CFDT de 1970 à 1982, secrétaire de l’Union régionale CFDT de 1982 à 1985.

Marcel Clément était fils de René Clément (11 novembre 1899-15 septembre 1973) était dessinateur industriel métallurgie à Héricourt, et de Marie Thèrese Pichardeau (4 février 1902-20 mars 1981). Il se maria le 10 août 1949 avec Madeleine Durain, institutrice école privée. Le couple eut quatre enfants : Michèle (1951), Brigitte (1952), Martine (1954), Christine (1962)
Pendant ses études à Héricourt, il fréquenta le Cercle catholique où son père était actif.
En octobre 1945, il devint agent d’exploitation PTT à Strasbourg. Après son service militaire en 1947, il reprit son travail aux PTT et se syndiqua à la CFTC. Engagé dans la grève de l’été 1953, Marcel Clément entra peu après au conseil syndical et au bureau du syndicat CFTC des PTT, alors présidé par Charles Farine et fut secrétaire du Syndicat CFTC des PTT du Bas-Rhin en 1955. Partisan de la « déconfessionalisation » de la CFTC, dont Charles Farine avait été un adversaire, Marcel Clément n’entra au conseil de l’UD du Bas-Rhin qu’en septembre 1965, mais y occupa tout de suite des responsabilités importantes.

Les équipes responsables de l’UD-CFDT se divisèrent après mai 1968. Marcel Clément adhéra à la ligne du « socialisme autogestionnaire » défini par le congrès national de la CFDT de 1970. Il anima une équipe qui prit la direction de l’Union départementale du Bas-Rhin au cours du congrès de l’UD du Bas-Rhin de 1970. Il donna une impulsion nouvelle à l’action interprofessionnelle de la CFDT. Cette dernière s’impliqua activement dans des actions sur des sujets de société : droit des femmes et planning familial, défense de l’environnement (contre l’implantation d’une centrale nucléaire à Wyhl, d’une usine polluante à Marckolsheim, protestation contre la pollution au dioxine de Seveso), droit des travailleurs immigrés (en particulier grève de Roth frères (1974), puis régularisation des sans-papiers après 1981), droit des soldats (affaire des Comités de Soldats de 1973). Le moyen d’action privilégié de la période est la manifestation de rue, extrêmement inventive en slogans et banderolles colorées. Le maintien ou la reconversion des dernières usines textiles : Coframaille de Schirmeck (grève de femmes 1974), et de la Filature de Sélestat (grève avec occupation d’usine 1974) est vivement revendiqué. Au premier plan également les luttes contre la précarité de l’emploi (hors statuts, auxiliaires, vacataires, intérimaires, licenciements abusifs). L’ensemble de ces actions contribua à ancrer la popularité globale de la CFDT dans la population urbaine de la région qui croit alors fortement, et accompagna l’implantation syndicale dans les nouvelles firmes, qui se fixent dans la capitale alsacienne (Polysar, General Motors etc). Avec la croissance du chômage due à la crise de 1974, la priorité de l’action syndicale se consacra à l’action pour l’emploi, au nom du mot d’ordre central de la période : Vivre et Travailler au Pays ( thème central du meeting de la rentrée 1977, et de nombreuses manifestations pour l’emploi de la période). L’engagement de l’Union départementale de la CFDT du Bas-Rhin dans la défense et le renouveau de la culture régionale alsacienne est renforcé (Congrès de 1978). En même temps, elle dénonça la sous-scolarisation alsacienne et réclama l’égalité avec les autres régions de France en termes de niveau de formation générale et professionnelle. Cette tonalité très régionaliste, à vrai dire traditionnelle dans la CFDT, du fait de ses origines se marqua encore dans la réforme des statuts de 1980 qui créa une Union régionale des syndicats CFDT pour toute la région, dont Jean Kaspar était secrétaire général. Appelé à la commission exécutive de la CFDT dès 1982, Kaspar fut remplacé par Marcel Clément, qui quitta le secrétariat de l’UD-CFDT du Bas-Rhin alors pris en charge par le métallurgiste François Guntz, également membre du CESA, élargi grâce aux lois de régionalisation de 1982. La CFDT poursuivit son ancrage à gauche (appel à voter pour l’Union de la Gauche en 1974 et en 1978, manifestations contre le plan Barre de 1978, appel à voter pour Mitterrand en 1981), mais l’UD-CFDT appliqua rigoureusement le principe statutaire de l’incompatibilité des mandats politiques et syndicaux énoncé par la CFTC/CFDT dès 1946, mais jusqu’alors traditionnellement ignoré en Alsace. Alors que la droite, qui a éprouvé un très vif ressentiment de la victoire de la gauche et de Mitterrand en 1981 considérait la CFDT comme l’un des bastions du nouveau parti socialiste, l’Union régionale CFDT mit en œuvre la nouvelle ligne de la CFDT de la « resyndicalisation » et décida de s’abstenir désormais de consignes électorales. Première organisation syndicale régionale aux élections au Comité d’entreprise (de 28 à 31 %), la CFDT d’Alsace, avec 31 % des exprimés, arrive largement en tête aux élections prudhomales de 1983 , dont le corps électoral est celui des salariés des entreprises privées, mais elle est devancée par la CFTC aux élections à la Sécurité sociale de l’automne 1983 , dont le corps électoral est plus proche du corps électoral des scrutins politiques (CFTC 26 %, CFDT 22 %) et où le fort taux d’abstention fut interprété comme une « abstention -sanction » de la gauche au pouvoir. Peu enclin aux rôles de tribun et de vedette médiatique et préférant l’animation des petits groupes (bureaux et conseils) et l’entretien de tête à tête, dans lesquels il excellait, Marcel Clément renonça à ses fonctions régionales en janvier 1985 et se consacra désormais au développement du secteur de la défense prudhomale dans la CFDT, jusqu’à sa retraite en 1987. Marcel Clément a assuré également, avec le journaliste Philippe Morinière, la rédaction du vigoureux Travailleur d’Alsace CFDT , de 1970-1985. Marcel Clément marqua très fortement la ligne et l’action de la CFDT bas-rhinoise et alsacienne dans les décennies 160 et 1970 et confirmé l’ancrage de la CFDT rénovée dans la population active alsacienne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20139, notice CLÉMENT Marcel, René par François Igersheim , version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 novembre 2012.

Par François Igersheim

SOURCES : Arch. Dép. du Bas-Rhin. — Archives de l’Union départementale CFDT du Bas-Rhin et de l’Union régionale CFDT Le Travailleur d’Alsace CFDT. — Christian Dubonnet, La Fédération CFDT dans l’histoire des PTT. — Notice de François Igersheim, Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, fascicule 44, Strasbourg, 2004, p. 4537-4538. — Entretien avec l’intéressé, 26 mars 2002.

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