BALLERINI Teresa [née FABBRINI Teresa, Maria, Anna, Carolina] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Née à Florence (Italie) le 1er septembre 1855, morte à Lausanne (Suisse) le 22 juillet 1903. Conférencière, femme de chambre. Mariée à Olympio Ballerini. Anarchiste en Toscane (Italie), à Florence et à Nice (Alpes-Maritimes).

Teresa Fabbrini se rapprocha de l’anarchisme dans la seconde moitié des années 1880. Elle se consacra à la propagande, tenant des conférences où elle était vêtue de rouge et noir, portant un chapeau. Elle déménagea à Pise et à Sienne. T. Fabbrini eut un rôle important dans le mouvement anarchiste florentin et toscan du début des années quatre-vingt-dix. Elle collabora à des périodiques tels que Il Paria à Pise (numéro unique, 25 février 1893), La Questione sociale à Florence, Semper avanti ! à Livourne, La Favilla à Mantoue et L’Uguaglianza sociale de Marsala (12 novembre 1893), dans lequel apparaît un poème intitulé Avanti !.
En juin de la même année, une conférence à Colle d’Elsa lui valut un procès et une peine de 28 jours d’emprisonnement. Libérée le 8 mars 1894, elle fut de nouveau arrêtée le 17 avril pour association criminelle et outrage à la force publique, et condamnée à deux mois, plus 80 jours de prison supplémentaires. En octobre, elle fut arrêtée et, après six mois de prison, assignée pendant dix-huit mois aux arrêts domiciliaires à Orbetello. Après quatre mois, elle retourna à Florence en liberté conditionnelle, mais chaque nuit elle fut obligée de recevoir la visite de la police. La fin de cette surveillance spéciale, en avril 1896, ne mit pas fin aux détentions et aux arrestations et lorsque les nouvelles lois d’exception en 1898 menacèrent de la priver de liberté, Teresa Ballerini s’exila avec sa famille à Nice.
Teresa et son mari Olimpio Ballerini arrivèrent avec leur fils à Nice, le 5 septembre 1898. Le 30 mars 1899, la famille quittait le logement qu’elle occupait 1 rue du Lycée pour aller demeurer 25 quai des Deux Emmanuel, maison Bernard, au 3e étage. Selon un rapport de police, un jour qu’il pleuvait abondamment et que dans la rue où elle habitait, coulaient des ruisseaux d’eau, elle se serait mise à la fenêtre en criant : « comme ce sera joli le jour où les rues seront inondées, non d’eau, mais de sang ».
Elle portait le chapeau dit Le Ravachol.
Le 12 décembre 1899, le commissaire central de Nice notait : « Pour faire cesser l’agitation qui depuis quelque temps semble régner chez une partie des ouvriers italiens, j’estime qu’il conviendrait d’expulser tous les membres de cette famille, dont les menées subversives peuvent constituer un danger pour la sécurité publique ». 
Une note manuscrite du 12 décembre 1899, émanant du cabinet du préfet, indiquait : « Les appeler, leur donner un avertissement sévère et définitif ».
Le 14 décembre 1899, le commissaire central de Nice constata que « le père, la mère et le fils continuent à faire une propagande effrénée parmi les ouvriers de la colonie italienne, pour faire des adeptes au parti anarchiste ».
Le 19 décembre 1899, le commissaire central de Nice convoqua la famille Ballerini : « Je les ai légèrement admonestés et les ai engagés à cesser de faire de la propagande anarchiste, s’ils ne voulaient pas être expulsés du territoire français. »
Teresa Ballerini quitta Nice le 2 juillet pour se rendre à Florence ; le 2 août, elle était signalée à Paris. Elle s’y faisait adresser sa correspondance en poste restante.
Ces déplacements parurent suspects à la police, d’autant que les ressources issues de la vente de journaux, par son mari, ne pouvaient suffire aux dépenses du voyage.
Le 29 juillet 1900, à Monza (Italie), l’ouvrier anarchiste Gaetano Bresci tira trois coups de pistolet sur le roi d’Italie Humbert 1er, ce fut le prétexte de nombreuses expulsions de France d’anarchistes italiens. Le 5 août, la police apprit qu’elle allait se rendre à Marseille, chargée de communications importantes, pour les anarchistes de cette ville, de la part de l’anarchiste Felice Vezzani qui travaillait à Paris sur le chantier de l’Exposition universelle.
Le 8 août Teresa Ballerini fut arrêtée à sa descente du train en gare de Nice, à 11h33, en compagnie d’Octave Pellegrin, membre du groupe des libertaires de Nice, typographe, qui l’accompagnait dans ce voyage. Interrogée par la police, elle déclara qu’elle était à Paris pour voir l’Exposition, avec Pellegrin qui lui servait de cicerone. Ils demeuraient 55 rue de Popincourt. A Paris, elle rencontra Amilcare Cipriani. Questionnée sur la halte qu’elle fit à Marseille, elle répondit qu’elle se sentait fatiguée et s’y était reposée quelques heures à l’hôtel du Lion d’Or.
La presse nationale (L’Aurore, la Petite République et la Lanterne) s’empara de l’affaire et dénonça ses conditions d’incarcération : « Mme Ballerini, étant la plus faible, a été naturellement la plus maltraitée. Jetée en cellule, au secret le plus absolu, elle a été l’objet de la lâche brutalité des gardiennes, à tel point que, malgré une constitution robuste, elle a dû être transportée à l’infirmerie, où elle est restée huit jours. » Mais rien n’arrêta la machine administrative.
Le 18 août 1900, un arrêté d’expulsion fut pris à l’encontre des époux. Ils se rendirent en Suisse à Genève, mais, après la grève générale d’octobre 1902, ils furent expulsés du canton. Il semble y avoir eu une séparation du couple puisque Teresa Ballerini alla ensuite dans le canton de Vaud, où elle vécut avec Octave Pellegrin, d’abord à Clarens, puis à Lausanne. Épuisée par la maladie, elle mourut le 22 juillet 1903.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201520, notice BALLERINI Teresa [née FABBRINI Teresa, Maria, Anna, Carolina] [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 7 avril 2018, dernière modification le 4 novembre 2019.

Par Dominique Petit

ŒUVRES : La libera unione (non trouvé) — Teresa Ballerini, Riflessioni d’un operaio (signalé in L’Uguaglianza sociale, 27 août 1893) — Dalla schiavitù alla libertà (appunti di una donna). La Spezia 1904, 38 p., avec des notes biographiques d’Olimpio Ballerini.

SOURCES : Arch. Dép. Alpes-Maritimes 4 M 491. — L’Aurore 16, 28 août et 5 septembre 1900.— Notice FABBRINI BALLERINI Teresa, Maria, Anna, Carolina. Chantier biographique des anarchistes en Suisse. — Bibliothèque Franco Serantini, Pise (Italie), Collection digitale.

ICONOGRAPHIE : Bibliothèque Franco Serantini. Collection digitale. Photo extraite de la brochure {Dalla schiavitù alla libertà}.

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