SCHELL Anna [née ENTZMANN Anne-Marie, dite ENTZMANN Anna, épouse SCHELL Anna, puis épouse CLERC Anna]

Par Pierre Schill

Né le 19 octobre 1912 à Moyeuvre-Grande (Lorraine annexée), morte le 1er octobre 1975 à Metz (Moselle) ; ouvrière ; militante communiste ; militante puis dirigeante de l’UFF en Moselle ; résistante membre du Groupe « Mario » en Moselle annexée ; membre du comité directeur du Front national en Moselle ; membre du bureau fédéral du PC mosellan ; maire de Moyeuvre-Grande (Moselle) ; députée communiste de la Moselle (1946-1951).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Anne Entzmann est issue d’une famille dont le père était mort au cours de la Première Guerre mondiale. En 1933, elle épousa Émile Schell le 16 octobre 1933 à Moyeuvre-Grande (Moselle) et commença à militer dans les organisations proches du Parti communiste, dont l’Union des femmes françaises (UFF). Divorcée le 4 juin 1947 et remariée le 10 novembre 1951 à Metz avec Ernest Clerc, elle n’eut pas enfant.

Anna Entzmann (sœur de Paul Entzmann), titulaire du certificat d’études primaires, fut d’abord coiffeuse , puis ouvrière d’usine et comptable. Elle adhéra au Parti communiste en 1936.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, au moment où la Moselle était une nouvelle fois annexée à l’Allemagne, elle s’engagea dans la Résistance. Membre du Groupe « Mario », fondé par l’instituteur communiste Jean Burger dont le pseudonyme était « Mario », Anna Entzmann-Schell s’était réfugiée dans la clandestinité à la ferme Corbat de Moyeuvre-Petite. Elle était notamment chargée du ravitaillement des résistants entrés dans la clandestinité et de celui des prisonniers de guerre et déserteurs qui tentaient de passer la frontière avec la France à Moyeuvre-Grande. Son mari Émile Schell était aussi membre du Groupe « Mario ».

En mai 1945, lorsque le Front national, fondé en Moselle au mois de février, dut élire son comité directeur, Anna Schell fut désignée comme déléguée de l’UFF dont elle était alors l’une des principales dirigeantes.

Elle représenta le Parti communiste en Moselle à de nombreux scrutins. Elle fut élue maire de Moyeuvre-Grande (Moselle) aux élections municipales de septembre 1945. Candidate aux élections cantonales de septembre 1945 dans le canton rural de Dieuze dans le sud de la Moselle, elle obtint 699 voix sur 2 829 suffrages exprimés contre 2 136 voix au candidat conservateur qui fut élu.

Anna Entzmann fut ensuite candidate sur la liste communiste aux élections à l’Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945. La liste menée par Pierre Muller * obtint 47 143 voix sur 237 421 suffrages exprimés (19,9 %) pour 315 216 électeurs inscrits et un seul élu.

Elle se présenta à nouveau sur la liste communiste lors des élections à la deuxième Assemblée nationale constituante du 2 juin 1946. La liste toujours menée par Pierre Muller totalisa 50 657 voix sur 256 736 suffrages exprimés (19,7 %) pour 328 315 électeurs inscrits. Le député communiste sortant fut réélu.
Elle se présenta une nouvelle fois sur la liste communiste lors des élections législatives du 10 novembre 1946. La liste encore menée par Pierre Muller rassembla 47 384 voix sur 247 390 suffrages exprimés (19,1 %) pour 336 112 électeurs inscrits. Il fut réélu mais céda sa place à Anna Schell, en position suivante sur la liste, après avoir été élu Conseiller de la République sur le plan interdépartemental le 8 décembre 1946.

Anna Schell prit part aux luttes d’influences qui secouèrent le PC mosellan à la fin des années quarante. La conférence fédérale du PC mosellan des 23 et 24 mars 1947 à Metz consacra ainsi la victoire des « jeunes éléments » groupés autour de Paul Entzmann, son frère, d’Anna Schell et Ernest Clerc qui réussirent à s’emparer des postes clés de la fédération. Très vite un conflit les opposa aux responsables fédéraux Raymond Humbert et César de Pietri (voir ces noms).

Candidate aux élections municipales d’octobre 1947 à Moyeuvre-Grande (Moselle), Anna Schell menait la Liste d’Union républicaine et résistante à dominante communiste. La liste rassembla une moyenne de 1 611 voix sur 2 861 suffrages exprimés pour 2 961 votants et 3 765 électeurs inscrits contre une moyenne de 1 228 voix à liste MRP-RPF. Elle fut élue maire et renforça sa position au sein du PC mosellan, dont elle était alors une « figure » incontournable.

Elle anima la grève de novembre-décembre 1947 dans la métallurgie lorraine. Le 29 novembre elle menait, avec son frère Paul Entzmann, un cortège d’environ mille grévistes qui tenta d’entrer dans l’enceinte des usines De Wendel à Moyeuvre-Grande. Les militants de la CGT furent finalement repoussés par une charge des CRS.
Elle anima la grève de juin 1948 dans les usines sidérurgiques de Moselle. Le 14 juin, ceinte de son écharpe tricolore de député, elle fit une quête au profit des grévistes de Moyeuvre-Grande dans le hall de la gare centrale de Metz.

À la conférence fédérale des 18 et 19 février 1950 à Metz, Paul Entzmann et Ernest Clerc furent évincés du bureau fédéral et Anna Schell ne dut sa réélection qu’à son mandat de député. Elle siégea au comité fédéral au moins jusqu’au milieu des années soixante.

En 1951, elle était présidente du comité départemental de l’UFF et avait fréquenté l’École centrale du PCF à Viroflay (Yvelines). Divorcée d’Emile Schell, elle épousa à la fin de l’année Ernest Clerc.

Elle figurait en deuxième position sur la liste communiste aux élections législatives du 17 juin 1951. La liste obtint 45 353 voix sur 278 653 suffrages exprimés (16,4 %) pour 278 653 votants sur 356 378 électeurs inscrits. Seul Pierre Muller qui menait la liste fut élu et retrouva le siège de député qu’il avait cédé à Anna Schell. Anna Schell était alors conseiller municipal de Moyeuvre-Grande.

Ayant retrouvé un emploi d’ouvrière, elle fut candidate communiste aux cantonales d’octobre 1951 dans le canton de Moyeuvre-Grande et obtint 2299 voix sur 5 610 suffrages exprimés et fut battue par le conseiller sortant le Dr Dantlo qui rassembla 3 311 voix.

Ayant déménagé, Anna Clerc se présenta aux élections municipales du 26 avril 1953 à Metz (Moselle). Sur 30 633 suffrages exprimés sur 31 584 votants et 42 899 électeurs inscrits la liste soutenue par le PC obtint une moyenne de 2 975 voix contre 21 815 pour la liste du maire sortant Raymond Mondon qui remporta les élections. La liste PC obtint trois élus dont elle ne faisait pas partie. Elle se représenta, sans plus de succès, aux élections municipales de mars 1965 et mars 1971.

Anna Entzmann-Clerc fut par ailleurs candidate sur la liste communiste aux élections sénatoriales du 26 avril 1959 en Moselle. Elle obtint 207 voix sur 2 172 suffrages exprimés pour 2 233 grands électeurs inscrits.

En juillet 1964, elle fit partie de la délégation des communistes mosellans aux obsèques de Maurice Thorez.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20155, notice SCHELL Anna [née ENTZMANN Anne-Marie, dite ENTZMANN Anna, épouse SCHELL Anna, puis épouse CLERC Anna] par Pierre Schill, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 21 mai 2016.

Par Pierre Schill

[Assemblée nationale, Notices et portraits]
Anna Schell parmi les élus PCF de Moselle en 1945
Anna Schell parmi les élus PCF de Moselle en 1945
Communiqué par Pierre Schill.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — RGASPI 495.270.329 : Note n° 525 de la SMC en 1950. — Arch. Dép. de la Moselle, 81 W 7 ; 151 W 149, 151, 189, 823, 824 et 825 ; 458 W 155. 1330 W 265 et 266. – La Voix de la Moselle, 23 mai 1946. — Le Patriote résistant, n° 548, juin 1985. – Le Républicain Lorrain, 28 septembre 1945. — État civil de la commune de Moyeuvre-Grande (Moselle). – Renseignements fournis par Marie-Thérèse Mangeot. - E.L. Baudon, Les élections en Moselle, 1919-1956, Metz, 1956, 94 p. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance Lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194 p. — Jean Pascal, Les Femmes députés de 1945 à 1988, Paris, 1990. — Émile Reiland, « Les élections municipales à Metz depuis 1945 », Cahier du Cercle Jean Macé, n° 9, 1er trimestre 1983, p. 1 à 31. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157 p. – Renseignements fournis par Arthur Buchmann. — Maitron, notice par René Lemarquis et Claude Pennetier.

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