RAPPENECKER Charles

Par Sébastien Horner

Né le 9 mai 1915 à La Walck (Alsace annexée, dans le département du Bas-Rhin aujourd’hui), excuté au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) le 2 septembre 1944 ; gendarme ; résistant.

Après son service militaire dans l’armée de terre, Charles Rappenecker s’engagea dans la gendarmerie en octobre 1937. À l’issue de sa période de formation militaire initiale dans la garde républicaine mobile, il fut nommé garde au peloton mobile n°250 de Baccarat en mai 1938. Lors de la mobilisation générale de septembre 1939, il fut détaché aux armées comme chef de groupe de combat au 223e régiment d’infanterie. Après l’armistice de juin 1940 et la dissolution de la garde républicaine mobile à l’automne, il fut réaffecté dans la gendarmerie départementale à la brigade territoriale de Nancy (compagnie de gendarmerie de Meurthe-et-Moselle). Il fut enfin muté à la brigade territoriale de Moussey (compagnie de gendarmerie des Vosges) en septembre 1942.

Du fait de l’annexion de facto de l’Alsace-Moselle par le Reich en octobre 1940, les gendarmes vosgiens furent nouvellement confrontés dès lors à des problématiques administratives et sécuritaires spécifiques aux zones frontalières. Le gendarme Rappenecker et ses camarades de la brigade de Moussey apportèrent clandestinement une aide active à des prisonniers de guerre français évadés d’Allemagne ou à des insoumis alsaciens au service militaire dans la Wehrmacht en transit dans leur canton. Par ailleurs, par son inaction délibérée en service commandé, il s’efforça de soustraire aux recherches ordonnées de nombreux jeunes fuyant le STO, allant parfois jusqu’à les cacher chez des particuliers complices. Au cours de toute la période d’occupation, aucun réfractaire du canton ne fut arrêté et envoyé travailler en Allemagne. À partir du printemps 1944, le silence des gendarmes de la brigade a permis en outre de maintenir secrète l’existence d’un maquis en constitution dans les forêts du canton.
Le 12 août 1944, le gendarme Rappenecker participa pour la 5e centurie du groupe mobile Alsace-Vosges à la réception, au transport et au camouflage d’un parachutage nocturne par l’aviation alliée de matériel, d’armement et de munitions à destination des maquis locaux, au lieu-dit « la côte du mont » (nom de code : ANATOMIE), sis sur la commune de La Petite-Raon (Vosges).
Le 18 août à 20 h, à la suite de la capture d’un courrier clandestin, la police allemande arrêta tous les personnels de la brigade de Moussey : le maréchal des logis-chef Demaline, commandant de brigade, et les gendarmes Rappenecker, Teyber, Morelle et Koch. Ce dernier fut le seul du groupe à avoir survécu et son témoignage recueilli après-guerre permet de connaître l’activité résistante et le destin tragique de ses membres. Lors de la même opération de police, une quarantaine d’habitants du village avaient également été raflés comme otages, internés la première nuit dans l’usine textile des Établissements Laederich puis transférés le lendemain en camion avec les gendarmes au camp de Schirmeck, en Alsace annexée. Les gendarmes y furent dépouillés de leurs uniformes et durement interrogés sous la torture (coups et menaces d’exécution). Le 23 août, sans avoir parlé, ils furent ensuite séparés et déportés vers des destinations différentes : le gendarme Rappenecker ainsi qu’une partie de ses camarades furent alors envoyés au camp de concentration du Struthof. Il y a été fusillé le 2 septembre et son corps a été brûlé au crématorium du camp d’après sa citation de guerre datée de 1947.

Le gendarme Charles Rappenecker était marié à Odette Clodi et père d’un jeune garçon, Jean (né en 1942) et d’une fille Marie, née quelques semaines après sa mort.

Après la guerre, la conduite héroïque du gendarme Charles Rappenecker et son engagement clandestin dans la Résistance ont été mis en avant par la gendarmerie et il reçut la médaille militaire à titre posthume (1948) ainsi que la croix de guerre 1939-1945 avec palme et la médaille de la Résistance française (1959). Comme cela était la tradition à cette époque-là, c’est son fils qui a été décoré à la place de son père mort pour la France lors d’une cérémonie militaire.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Moussey et sur le monument commémoratif du groupe mobile Alsace-Vosges au camp de concentration du Struthof.
En hommage, la 490e promotion d’élèves-gendarmes de l’école de gendarmerie de Chaumont a pris le nom de « gendarme Rappenecker » en 2018.
En outre, la commune de Moussey, durement éprouvée par deux rafles allemandes en août et septembre 1944 et la déportation de près de ses 200 habitants, a été décorée en 1948 de la croix de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201586, notice RAPPENECKER Charles par Sébastien Horner, version mise en ligne le 9 avril 2018, dernière modification le 11 novembre 2021.

Par Sébastien Horner

SOURCES : SHD/DAVCC (Caen) : dossier individuel 21 P 142 938 – SHD/GR/Cellule « Résistance » (Vincennes) : dossier individuel 16 P 499 951 – Témoignage du gendarme Raymond Koch. – archives familiales.

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