PELLETIER Willy

Par Annie Pennetier

Né le 6 août 1913 à Nantes (Loire Inférieure), torturé à mort à Nantes le 10 mai 1944 ; gendarme ; résistant du réseau Défense de la France.

Fils de Marie Zélie Pelletier,, Willy Pelletier fut abandonné par sa mère à l’âge de trois semaines et confié à une nourrice qui l’adopta. En 1926, après son certificat d’études primaires, il s’engagea à 13 ans dans la marine marchande. Il parcourut alors les océans sur plusieurs bateaux de commerce, de l’Amérique du Sud à l’Afrique et à l’Asie, jusqu’à l’âge de 18 ans. C’est durant cette période qu’il apprit plusieurs langues, l’espagnol, l’anglais mais aussi l’allemand.
Le 28 avril 1932, Willy Pelletier s’engagea au sein du 2e Régiment de chasseurs d’Afrique. A son retour, il enchaîna des emplois de représentant en vins ou de garçon de café. Il intégra la gendarmerie le 30 juin 1936, en tant que garde à cheval. Le 28 avril 1936, il avait épousé Hélène Françoise Boudet.
En décembre 1940, il fut affecté à la brigade de gendarmerie de Vallet, puis à celle de Chantenay à Nantes, l’armée d’occupation allemande ayant pris possession de la ville depuis le 19 juin 1940.
Membre du groupe Défense de la France, de l’Armée secrète et de Libération-Nord, en poste à la brigade de Chantenay, il profita de son appartenance à la gendarmerie pour effectuer des missions de renseignement sur les mouvements de troupes allemandes, sur les collaborateurs et aida à l’évasion de requis au STO.
Le 20 mars 1943, il se fit délivrer une fausse carte d’identité, sous le nom de D’Arnicelli14, puis prit le pseudonyme de Rolland, lieutenant inscrit au réseau « Trois clés de défense de la France », sous le numéro X300A Chef de service de renseignements. Lors des bombardements alliés sur Nantes les 16 et 23 septembre 1943, sans attendre la fin des opérations, il réussit à sauver et évacuer des dizaines de personnes et des blessés ce qui lui valut une citation à l’ordre de la Légion de gendarmerie d’Anjou le 28 décembre 1943. En février 1944, il dirigea un important sabotage à l’intérieur des Chantiers Dubigeon, sous contrôle allemand, dont les navires citernes alimentaient les sous-marins allemands. En accord avec Londres, le 7 mars 1944, il se présenta en uniforme de gendarme avec un laisser passer et avec un ouvrier chaudronnier soi-disant chargé de poursuivre des travaux en cours sur le chantier, Marcel Guilhaire ; ils réussirent à entrer grâce à sa maitrise de la langue allemande. Ils sabotèrent les canalisations de fioul d’une citerne et préparèrent un incendie qui provoqua le lendemain l’embrasement et l’explosion de la citerne rendant inutile le bombardement allié prévu.
Dénoncé, il fut arrêté deux mois plus tard le 3 mai 1944, rue Réaumur à Chantenay, par le chef de la Gestapo, Ruppert. Les documents du réseau bien cachés ne furent pas retrouvés lors des perquisitions chez ses soeurs adoptives Jeanne et Edith Janeau. Aucun membre du réseau ne fut arrêté.
Pendant une semaine, Willy Pelletier fut torturé au siège de la Gestapo de Nantes ; il en mourut le 10 mai 1944, à 21h30 à l’hôpital Broussais (quartier Doulon) entièrement occupé par les Allemands. Il a été inhumé le 15 mai en présence de sa famille seule.
Il fut reconnu Mort pour la France le 12 février 1945. Il a été homologué interné résistant (DIR) au titre de sa participation au réseau Défense de la France et résistant de la Résistance intérieure française RIF. Le décret du 7 juin 1952 (JO du 17/7/1952) lui a attribué la Médaille de la Résistance. En 1949, le grade de lieutenant de gendarmerie lui avait été attribué. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1959.
Le 7 mai 1984, son nom a été donné à la caserne Beauséjour de Saint-Herblain, siège de la Légion de gendarmerie départementale des Pays-de-Loire. Une plaque commémorative y a été apposée.
Le 16 février 1998, jour anniversaire de la promulgation de la loi portant création de la Gendarmerie nationale, un hommage lui a été rendu.
Son nom est gravé sur le monument commémoratif de La Chevrolière, au village de Chantemerle, aux côtés des huit résistants de l’Armée secrète Libération-Nord 1943-1944 avec l’inscription « Ici est né le Maquis Nantes-Sud ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article201810, notice PELLETIER Willy par Annie Pennetier, version mise en ligne le 24 avril 2018, dernière modification le 10 octobre 2021.

Par Annie Pennetier

Monument AS-Libératio, lieu de naissance du maquis Nantes sud.n Nord à La Chevrolière
Monument AS-Libératio, lieu de naissance du maquis Nantes sud.n Nord à La Chevrolière

SOURCES : Arch.Dép. Loire-Atlantique, 305 J, Presse Océan du 17 février 1998. — AVCC, Caen, 21P 656973 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16P 464270. — Mémoire des hommes. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, Nantes, 2001. — François Le Berre, A la mémoire et en souvenir du gendarme Willy Pelletier, Paris, 1998. — Wikipédia. — Mémorial Genweb.

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