CLEUET Auguste, Jémy

Né le 5 janvier 1876 à Gravelines (Nord), mort le 8 décembre 1956 à Paris ; militant socialiste, syndicaliste et coopérateur.

Issu d’une famille de marins qui s’installa à Amiens (Somme) à la fin du XIXe siècle, Auguste Cleuet accomplit le service militaire à Laon de 1896 à 1899, comme sous-officier d’artillerie. Il travailla ensuite pendant quelque temps à la banque Bugnon à Abbeville, puis vint habiter Amiens au début de l’année 1900 et travailla à la Caisse d’Épargne. Il entra en avril 1900 à l’Union coopérative d’Amiens en qualité de chef comptable, et y resta jusqu’en 1914.
Cleuet fut un propagandiste socialiste depuis le début du siècle : sa présence dans la délégation de la Somme au congrès d’unité socialiste à Paris, salle du Globe (avril 1905) témoigne de son activité passée. Elle se poursuivit au sein de la Fédération socialiste SFIO qu’il représenta aux congrès nationaux de Saint-Quentin (1911) et d’Amiens (1914). Plusieurs fois il fut son candidat : en 1912, il entra pour sept ans au conseil municipal d’Amiens ; en 1910, il avait été élu au conseil général par le premier canton d’Amiens, mais il fut battu en 1919. Il échoua également aux élections législatives avec toute la liste socialiste dont il occupait le second rang et qui réunit une moyenne de 13 735 voix.
Parallèlement, Cleuet agissait sur le plan syndical. Élu secrétaire du syndicat des Employés d’Amiens en 1902, il fit de nombreuses campagnes pour l’application du repos hebdomadaire et la fermeture des magasins à 19 heures. Il publia des articles dans ce sens dans le Réveil syndical, organe de la Bourse du Travail.
En décembre 1905, il fut nommé secrétaire général de la Bourse créée en décembre 1895 et adhérente de la CGT (voir Lefebvre*). Il fut assisté, en 1907, de Morel, secrétaire adjoint, et Wartel, trésorier, en 1911, de Morel dans les mêmes fonctions. Il réorganisa le bureau de placement, créa l’Office de renseignements judiciaires, aida à l’ouverture de cours professionnels, prit une part active à la campagne des syndicats pour la journée de huit heures et la semaine anglaise. En 1909 son action syndicale lui valut d’être nommé membre du Conseil supérieur du Travail, comme délégué des Bourses. Il se signala comme rapporteur d’importantes propositions et notamment d’un projet de suppression du travail de nuit dans les boulangeries. Il devint également administrateur de l’Assurance ouvrière. En 1912 fut constituée l’Union départementale de la Somme. Cleuet en fut le premier secrétaire. G. Buignet lui succéda en 1913.
Cleuet exerça une profonde influence sur les milieux syndicalistes français de l’époque où il représentait la tendance réformiste opposée à celle des syndicalistes révolutionnaires. Son réformisme n’était pas corporatif et uniquement dominé par des revendications matérielles. Sans les dédaigner, il jugeait que la classe ouvrière pouvait accroître son rôle social en développant ses institutions propres, en assurant par son propre effort, par sa solidarité, à la fois sa sécurité dans l’adversité et sa capacité de direction et par là justifier sa prétention à une part de direction. Ces jeunes syndicalistes, dont Cleuet, faisaient une place de premier ordre aux institutions ouvrières, syndicales, mutualistes, coopératives. Albert Thomas, le chef de file de ce petit groupe, fit paraître à partir du 15 mai 1905, la Revue syndicaliste et Cleuet lui apporta quelques études.
Cleuet fut délégué à de nombreux congrès corporatifs nationaux : au XVe - 9e de la CGT - tenu à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il assista également au XVIe congrès, Marseille, octobre 1908, au XVIIe, Toulouse, octobre 1910, au XVIIIe, Le Havre, septembre 1912. Il y représentait la Fédération des employés.
Mais c’est la vie coopérative qui prit Cleuet le plus complètement. Administrateur de la Fédération des sociétés coopératives du département de la Somme en 1910, il assista aux congrès de la Bourse des coopératives socialistes. Pour ne pas abandonner ses mandats politiques et syndicaux, il refusa, à plusieurs reprises, des postes importants dans la coopération : à la « Bellevilloise », à la « Revendication » de Puteaux, et même au secrétariat de la Bourse des coopératives socialistes.
À l’Union d’Amiens, Cleuet avait tenu une grande place, mais surtout celle d’un technicien de la comptabilité. Quand l’unité coopérative fut réalisée en 1912, il fut nommé troisième secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives de consommation, avec Daudé-Bancel et Poisson. Il fut en même temps chargé de diriger la Caisse fédérale des retraites de cette organisation.
Mobilisé pendant la guerre, il fut nommé lieutenant au ministère de l’Armement dirigé par Albert Thomas, et chargé du service de la main-d’œuvre des usines de fabrication de munitions. En 1917, sans cesser de remplir ses fonctions au ministère de l’Armement, il succéda à Lucas, démissionnaire, au poste d’administrateur délégué du Magasin de Gros des coopératives de France. Il accéda rapidement, en 1920, à la présidence du comité administratif, poste qu’il conserva jusqu’en 1935, date de la réorganisation du Mouvement coopératif. Il resta administrateur délégué du Magasin de Gros jusqu’au 31 décembre 1940. En 1922, au moment de la création de la Banque des coopératives de France, Cleuet avait été nommé administrateur de cet organisme. Il représenta les coopératives et ligues d’acheteurs au Conseil national économique, d’abord comme suppléant de 1925 à 1936 puis comme membre de 1936 à 1940. Il fut également membre suppléant du Comité permanent économique de 1939 à 1940.Après la Deuxième Guerre mondiale, Cleuet devint président du Comité national de la Fédération nationale des coopératives de consommation, et présida à ce titre tous les congrès nationaux, jusqu’à sa mort en 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20182, notice CLEUET Auguste, Jémy, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

ŒUVRE : En dehors des collaborations déjà citées : Collaboration l’Action ouvrière, octobre 1909-octobre 1910.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13567 et F7, Feuilles 142, 146, 163, 169, 185 (1908 et 1911). — Arch. PPo. 309, rapport du 23 novembre 1926. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, II, op. cit., p. 626 à 640, passim. — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, op. cit., p. 116. — Germinal, mars 1906, juillet-août 1908, mai 1911. — Brochure de 12 p. éditée après la mort de Cleuet par la FNCC.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 637. — Encyclopédie du Mouvement syndicaliste, 1912.

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