TYDOU Valentin

Par Alain Prigent, Serge Tilly, Martine Le Gall

Né le 11 avril 1926 à Quénécoulou en Lohuec (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; martyrisé massacré par le SD de Rennes (Ille-et-Vilaine) le 13 juin 1944 à Plestan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; célibataire ; civil.

Fils de Guillaume, Marie, Gontran Tydou et de Marie, Louise Hamon, demeurant en 1944 à Kerbourhis en Callac (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Le couple eut 5 enfants Joseph, Arsène, Valentin, Germaine et Simone, demeurant successivement à Lohuec, Maël-Pestivien, Saint-Servais et Callac.
Valentin Tydou travaillait comme ouvrier agricole chez Jean-Marie Morellec à Guernhir en Duault (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Guillaume Tydou travailla comme cultivateur, journalier puis une maladie lui provoqua une paralysie des deux bras, son épouse travailla comme journalière.
Du 6 au 10 juin 1944, d’importants largages de parachutistes SAS et d’armes furent effectués autour la forêt de Duault afin de mettre en place la base Samwest.
Entre le 9 et le 12 juin 1944, 31 civils furent arrêtés dans le sud-ouest du département par des militaires allemands et martyrisés à l’école catholique des garçons de Callac (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Le 11 juin 1944, après s’être égarés, des militaires allemands arrivèrent à Kerhamon en Duault (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), 14 FFI, FTP et parachutistes SAS se trouvèrent dans la ferme de Pierre Le Guilloux, après un bref échange de coups de feu les allemands prirent la fuite sans subir de perte.
Le lendemain lundi 12 juin 1944, les militaires allemands revinrent en convoi -environ 300 hommes-, un combat s’engagea avec les maquisards FFI, les FTP et les parachutistes SAS, au cours des affrontements 2 FTP de la compagnie "Tito", 5 parachutistes SAS et 3 civils furent tués au combat ou assassinés ainsi que 42 militaires allemands.
Le fait d’avoir perdu de nombreux hommes lors des combats les opposant aux FFI, FTP et parachutistes SAS à Kerhamon et à Guernhir en Duault le 12 juin 1944, poussa sans doute les militaires allemands à se venger en arrêtant de paisibles civils innocents au hasard des rencontres dont le seul tort fut de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Cinq fermes furent incendiées et complètement détruites, deux à Kerhamon et trois autres à Guernhir, les 2 villages étant distants de 700m.

D’après le témoignage de la famille Tydou, le 12 juin 1944 en matinée, les allemands arrivèrent à Guernhir à bord de deux voitures et d’un camion rempli de militaires allemands, le premier véhicule entra par erreur dans la cour de la ferme tenue par Jean-Marie Morellec, l’entrée de cette dernière étant en meilleur état que la route par laquelle ils arrivèrent, un officier descendit du véhicule, il entra dans la ferme pour demander son chemin, 4 parachutistes SAS et plusieurs maquisards y étaient attablés, le convoi allemand qui suivait entra à son tour dans la cour de la ferme. L’affrontement fut inévitable entre les maquisards, les parachutistes SAS et les militaires allemands. La ferme de Jean-Marie Morellec dont il était locataire fut incendiée par les Allemands, voulant récupérer quelques biens malgré la présence des allemands, Jean-Marie Morellec fut retrouvé carbonisé -il y aurait été précipité par les Allemands- dans les décombres de sa maison. Les femmes dont l’épouse de Jean-Marie Morellec et notre mère Germaine la sœur de Valentin âgée de 14 ans furent chassées de la ferme à coups de crosse.
Durant ces événements Valentin travaillait dans une autre ferme des alentours, les femmes allèrent l’avertir de se cacher et de rester en sécurité, il se réfugia dans une ferme durant plusieurs heures. L’agriculteur des lieux raconta par la suite que Valentin répétait sans cesse vouloir aller récupérer -pour une raison inconnue- sa veste restée chez Jean-Marie Morellec. La fumée dégagée par l’incendie de la ferme Morellec était visible de loin. Malgré les conseils de prudence des personnes présentes, Valentin croyant les Allemands partis revint vers la ferme Morellec et fut arrêté.
D’après Joseph le frère aîné de Valentin sa mère voulu aller lui apporter à manger et des effets à l’école catholique des garçons de Callac le lendemain, les allemands ne la laissèrent pas approcher et elle vit monter Valentin dans le camion qui devait l’emmener vers la mort.

Le 13 juin 1944, à 8h, 31 personnes quittèrent Callac et furent transportées à bord de 3 camions jusqu’au bois de Boudan en Plestan : Jean Bonnet, Kagy Che-Hami, Ammar Ferrane, Jean Gragne, Mohamed Kanem, Ali Lakrout, Amokrane Lassouaoui, Fernand Le Banner, Louis Le Basque, Pierre Le Coz, Pierre Le Coz, Alain Le Guern, François Le Guern, Hervé Le Guern, Jean Le Guern, Yves Le Guern, François Le Quéré, Pierre Le Tannou, Arsène Manac’h, Auguste Manac’h, Louis Manac’h, René Molière, Pierre Ollivier, Hocine Ouarezki, Jean Pinson, Joseph Pinson, Valentin Tydou et Mohamed Zeggane ainsi que 3 personnes qui ne furent jamais identifiées.
Les 31 personnes furent assassinées en soirée. Le responsable de ces crimes fut le colonel Pulmer du SD de Rennes, aidé de miliciens autonomistes bretons. Sept Algériens figurent parmi les victimes.
Selon un premier témoignage, le 13 juin 1944, vers 12h, deux camions traversèrent le bourg de Plestan et s’arrêtèrent dans un bois situé à 3 km du bourg. Les camions étaient chargés de militaires allemands et de jeunes gens porteurs de pelles et de pioches. Selon un second témoignage, vers 16h, une fusillade et des cris furent entendus. Le bois fut gardé jusqu’au lendemain après-midi. Après le départ des militaires allemands, une secouriste de la Croix Rouge constata que des civils avaient été fusillés. Certains cadavres étaient à peine recouverts de terre. Elle alla à Saint-Brieuc pour avoir l’autorisation de leur donner une sépulture digne. Selon le troisième témoignage d’Ange Marie Rouault, 47 ans, cultivateur, il entendit une série de rafales d’armes automatiques pendant 30mn, puis il vit trois camions et une voiture noire chargés de militaires allemands se diriger vers Lamballe (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) en sortant du bois de Quercy en Plestan. Le lendemain, il entendit une autre série de coups de feu et vit un camion chargé de militaires allemands stationné en face du chemin de Boudan. Le 2 juillet 1944, deux fosses contenant 16 et 15 cadavres furent ouvertes. Tous portaient des traces de balles, sauf un qui fut étranglé.
La dépouille de Valentin Tydou fut retrouvée dans la 2e fosse contenant 15 corps, elle fut reconnue par son frère Joseph le 17 août 1944 et ramenée à Callac pour y être inhumée au cimetière avec d’autres victimes originaires de Callac lors d’obsèques nationales le mercredi 30 août 1944 à 10 h.
Valentin Tydou avait 18 ans.
Son nom figure sur Le Monument de Kerhamon en Duault et sur Le monument du bois de Boudan en Plestan.
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Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202175, notice TYDOU Valentin par Alain Prigent, Serge Tilly, Martine Le Gall, version mise en ligne le 9 juillet 2018, dernière modification le 3 octobre 2022.

Par Alain Prigent, Serge Tilly, Martine Le Gall

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor 2W235-238– Alain Prigent et Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944, Les Lieux de Mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°10 (2004) et n°11 (2005), témoignage recueilli auprès de Martine Le Gall nièce de Valentin Tydou.

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