CRESSOT Jean, Émile, Joseph [alias « Chénier », pseudonyme de Résistance]

Par André Balent

Né le 14 mars 1921 à Épinal (Vosges), mort le 8 juin 1944 à Saint-Laurent-les-Tours (Lot) ; étudiant à Toulouse (Haute-Garonne) ; résistant de la Haute-Garonne et de la R4 (Combat, Mouvements unis de la Résistance, MUR ; Armée secrète, AS) ; responsable adjoint du service des maquis (AS) de la R4

Jean Cressot était le fils de Marcel, Jean, Eugène professeur au collège de garçons d’Épinal âgé de vingt-cinq ans et de Louise, Thérèse Lavaque, professeure au collège de filles de cette ville âgée de trente-six ans. Jean Cressot habita ensuite avec ses parents à Foix (Ariège) avant de résider à Toulouse où, du fait de la guerre, il poursuivit des études en pointillés.

En 1939, âgé de dix-neuf ans, il s’engagea volontairement dans l’armée de l’Air. Il devint pilote et accéda au grade d’aspirant officier.

De retour à Toulouse après l’armistice, il poursuivit ses études supérieures interrompues par la guerre. Il obtint une licence ès Lettres et une licence en Droit. Il s’inscrivit à la classe préparatoire à l’entrée à l’École coloniale repliée à Toulouse. Il se maria à Toulouse le 12 septembre 1942 avec Marie, Louise, Gabrielle Escoubé.

Jean Cressot s’impliqua très tôt dans la Résistance, intégrant le mouvement Combat, puis les MUR. Il abandonna ses études en 1943 afin de se consacrer entièrement à la Résistance et à son organisation. Il devint l’adjoint d’Albert Sarda de Caumont responsable du service maquis de l’AS pour toute la R4. Le 1er avril 1944, ce service fut intégré, au début de façon très formelle, dans les Corps francs de Libération (CFL). D’après Michel Goubet (op. cit.), historien de la Résistance en Haute-Garonne, Jean Cressot fut le véritable organisateur des maquis de l’AS puis des CFL de toute la R4, les équipant et les pourvoyant en armes. Il périt, précisément, lors d’une opération destinée à récupérer des armes d’un parachutage dans le Lot, destinées à un maquis des monts de Lacaune, dans le Tarn, le maquis Pol-Roux.

Le 6 juin 1944, Jean Cressot quitta Toulouse pour le Lot en automobile avec Louis Pélissier afin d’inspecter le terrain de parachutage « Chénier » [nom de code identique à celui de son pseudonyme] près de Saint-Céré (Lot) et de récupérer des armes. Ils étaient suivis par un camion à bord duquel avaient pris place six hommes du maquis Pol-Roux (AS) désigné par le nom de son chef et créateur, situé pourtant loin de Saint-Céré, puisque implanté à l’Est du Tarn, dans le Sidobre et les Monts de Lacaune. Le choix de faire appel à des membres d’un maquis aussi éloigné du terrain d’atterrissage s’explique par le fait que le PC de Bernard Schlumberger, le DMR de la R4, et le supérieur direct de Louis Pélissier, se trouvait à Vabre (Tarn) où était implanté le maquis Pol-Roux. Le camion était parti avec six maquisards de Saint-Pierre-de-Trivisy (Tarn), commune limitrophe de Vabre. Près de Saint-Céré (Lot), les occupants des deux véhicules de la Résistance rencontrèrent un convoi allemand partiellement blindé (de la 2e division SS blindée Das Reich à qui le général Blaskowitz, commandant l’Armeegruppe G, avait donné l’ordre, ce même jour, de gagner au plus vite le front de Normandie). Pour certains, les résistants conduits par Louis Pélissier étaient de retour du terrain de parachutage avec le camion chargé d’armes ; pour d’autres, notamment pour les occupants du camion qui purent s’échapper et témoigner, le convoi s’était arrêté à Saint-Céré afin de réparer des crevaisons dans un garage de la ville et se dirigeait vers le terrain d’atterrissage. Cette version semble la plus vraisemblable. En effet, après cette réparation, Germain Records, originaire de Graulhet (Tarn), du maquis Pol-Roux qui jusqu’alors avait voyagé dans le camion fut invité à s’installer dans l’automobile des deux officiers, Pélissier et Cressot, ce qui lui fut fatal.
Les véhicules se dirigèrent ensuite vers Sousceyrac. Le camion prit à son bord le forgeron du village de Frayssines, village proche de Saint-Céré, ce qui les retarda et fut à l’origine de leur rencontre avec un convoi de la division Das Reich comprenant trois autochenillettes, trois automitrailleuses et une trentaine de camions ; Les Allemands découvrirent une arme dans l’automobile. Après la rencontre inopinée avec les Allemands, les occupants du camion, purent, après avoir abandonné leur véhicule, se camoufler et, pour quatre d’entre eux — dont Maurice Julien et Georges Chamayou, d’Esperausses (Tarn) — , rallier à pied leur maquis tarnais à Saint-Pierre-de-Trivisy après avoir été abrités pendant deux jours par les habitants de Sousceyrac. Les trois occupants de la voiture de tête furent capturés. Pélissier et Records furent fusillés au bas de la route de Saint-Laurent-les-Tours. Cressot le fut à un kilomètre de là, au leu-dit Beaune dans la commune de Saint-Laurent-les-Tours dont le village est très proche du bourg de Saint-Céré. Leurs corps furent laissés sur place pendant vingt-quatre heures. Mlle Brun, de la Croix-Rouge obtint des occupants qu’ils fussent inhumés à Saint-Céré.

Le nom de Jean Cressot est gravé, avec ceux de Louis Pélissier et Germain Records sur la stèle érigée à Saint-Céré (Lot) en mémoire de leur exécution sommaire le 8 juin 1944 (avec l’inscription : "Ici le 3 juin 1944 3 patriotes furent fusillés par les nazis"). Il figure aussi sur le monument aux morts de Foix (Ariège). Une rue de Saint-Laurent-les-Tours (Lot) porte son nom. Il y a aussi dans cette commune un monument qui perpétue sa mémoire en rappelant sa mort le 8 juin 1944.

Voir Saint-Céré (8 juin 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202418, notice CRESSOT Jean, Émile, Joseph [alias « Chénier », pseudonyme de Résistance] par André Balent, version mise en ligne le 27 avril 2018, dernière modification le 25 avril 2020.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Vosges, 4 E 162/99, acte de naissance de Jean Cressot et mentions marginales. — Michel Goubet, « Le service régional des maquis des MUR » ; « La Résistance des jeunes » ; « Pélissier Louis (alias ‘‘Carton’’ , ‘‘Martin’’) », in Michel Goubet et Pierre Léoutre (dir.), La Résistance en Haute-Garonne, CD-ROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la Résistance intérieure). — Elérika Leroy, Mémoire de rues. Guide historique de la Résistance à Toulouse à travers les plaques de rues et les stèles commémoratives du centre-ville, Toulouse, Mairie de Toulouse, 2006, 96 p. [p. 47]. — Guy Penaud, La Das Reich : la 2e SS Panzerdivision, préface d’Yves Guéna et introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2005, pp. 164-165. — Serge Ravanel, L’esprit de Résistance, Paris, Le Seuil, 1995, 444 p. [p. 246]. — Site Memorial Verdier (françoisverdier-liberationsud.fr) consulté le 21 avril 2018. — Site Maquis de Vabre (www.maquisdevabre.fr), consulté le 25 avril 2018. — Site MemorialGenWeb consulté le 26 avril 2018.

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