Par Paul Boulland, Marie-Louise Goergen
Né le 26 avril 1914 à Angers (Maine-et-Loire), mort le 31 août 1989 à Angoulins (Charente-Maritime) ; cheminot ; militant syndicaliste de la CGT en Charente-Maritime, secrétaire général de l’UD-CGT de 1962 à 1978 ; militant communiste, conseiller municipal de Rochefort (1947-1948) puis d’Angoulins (1971-1983).
Fils d’un employé de commerce et d’une mécanicienne, Pierre Codet était titulaire du certificat d’études primaires et avait suivi deux années de cours complémentaire. Il effectua son service militaire d’avril 1935 à octobre 1936, comme caporal dans le génie télégraphique et travailla à son retour comme manœuvre dans le bâtiment. C’est à cette époque qu’il se syndiqua à la CGT. En 1939, devenu employé de bureau à la SNCF, il était militant du Parti socialiste et secrétaire de la section de Bressuire (Deux-Sèvres). Dans un questionnaire biographique de septembre 1946, il indiquait s’être éloigné de la SFIO à l’occasion du Pacte germano-soviétique : « Militant socialiste, lecteur assidu du Populaire qui calomniait d’une façon outrancière mes camarades communistes et l’URSS, je prenais contact avec Biget, de la section communiste de Bressuire et avec Deveau, secrétaire de la section, qui me donnèrent une explication incomplète mais suffisante pour conserver toutes mes sympathies au PCF. » Mobilisé peu après au 15e Génie à Toul (Meurthe-et-Moselle), il parvint à échapper à l’avancée des troupes allemandes qui encerclaient sa compagnie sur le plateau de Langres (Haute-Marne) et rejoignit la 656e compagnie en retraite vers le sud. Il fut démobilisé le 17 juillet 1940.
Au cours de l’année 1944, Pierre Codet fut contacté par des collègues cheminots de Rochefort (Charente-Maritime) pour participer aux activités du réseau « Résistance Fer » et il devint ainsi membre du Front national et du syndicat illégal. La ville de Rochefort libérée par le repli des troupes allemandes vers La Rochelle, le 12 septembre 1944, il adhéra au Parti communiste et devint aussitôt secrétaire adjoint de cellule, puis secrétaire de cellule en 1945. Après avoir suivi une école fédérale en juin 1945, il fut, l’année suivante, secrétaire à la propagande et responsable à l’éducation de la section communiste de Rochefort et membre du comité fédéral de Charente-Maritime. Sa fédération le proposa comme « 2e candidat complémentaire » aux élections législatives de novembre 1946, mais la commission des cadres, qui manquait d’éléments sur son activité résistante, préféra écarter sa candidature.
Il devint secrétaire général adjoint de l’Union départementale CGT de Charente-Maritime en 1947, il fut élu parmi le sept conseillers municipaux communistes de Rochefort aux élections de 1947. C’est lui qui intervint au nom du groupe communiste, le 28 juin 1948, pour s’opposer à l’invitation du général de Gaulle par la municipalité, proposée par le groupe RPF ; l’invitation fut refusée grâce à la voix prépondérante du député-maire radical, Roger Gaborit. Il ne siégea plus au conseil municipal à partir de l’automne 1948,
Il suivit en effet une école centrale d’un mois du PCF, réservée aux cadres syndicaux, en 1948. Son passage du socialisme au communisme était jugé très favorablement et il apparaissait comme un « camarade calme, très appliqué, [qui] peut se développer théoriquement » et comme un cadre « dévoué et de valeur capable d’assurer ses responsabilités de secrétaire de l’UD ».
Suite aux mesures coercitives prises à l’encontre du PC en juin 1952, il déserta son domicile. Il fut alors perçu par les Renseignements généraux comme un extrémiste, élément essentiellement politique, qui briguait le poste de secrétaire général de l’Union départementale CGT, détenu depuis 1945 par Henri Crespin. Il fut révoqué de la SNCF en 1952 et jamais réintégré. C’est sans doute pour cette raison qu’en 1953, il était à la fois membre du secrétariat de la fédération communiste, secrétaire adjoint de l’UD et membre du secrétariat départemental du Mouvement de la paix, fait rare parmi les cadres communistes. Il cumula les deux premières responsabilités jusqu’en 1961, avant d’être ramené au bureau fédéral. Il conserva ses responsabilités syndicales, devenant secrétaire général de l’UD de Charente-Maritime en 1962 et permanent CGT au milieu des années 1960. À cette époque, il suivit également une école centrale de quatre mois. En 1963, il organisa des collectes dans les usines et entreprises en faveur des mineurs espagnols en grève (en accord avec FO et la CFTC). Après sa retraite, il devint responsable CGT interprofessionnel des retraités.
Président de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de Charente-Maritime en 1966, administrateur de l’ASSEDIC, il fut également administrateur de l’Office départemental des HLM. Ramené au comité fédéral en 1979, il en fut membre jusqu’à son décès accidentel en 1989.
Il fut conseiller municipal d’Angoulins-sur-Mer (Charente-Maritime) de 1971 à 1983.
Pierre Codet s’était marié en janvier 1937 à Rezé et en mars 1989 à Angoulins. Il était chevalier de l’Ordre du mérite social.
Par Paul Boulland, Marie-Louise Goergen
SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Charente-Maritime, 1310 W 171. — Arch. mun. Rochefort, délibérations municipales. Renseignements communiqués par Jean Aumonnier. — Notes d’Alain Dalançon et de Patricia Toucas. — État civil.