MARTINI Yolande, Emilie, Virginie [née Pellegrino]

Par Jacques Girault Jean-Marie Guillon

Née le 15 octobre 1912 à Gonfaron (Var), morte le 16 juin 2006 au Cannet-des-Maures (Var) ; cultivatrice ; militante communiste dans le Var ; résistante ; conseillère municipale de Gonfaron.

Fille d’un journalier agricole, devenu métayer, et d’une bouchonnière, Yolande Pellegrino était titulaire du certificat d’études primaires. Elle épousa en avril 1932 à Gonfaron, Charles, Jules Martini (désigné comme son épouse Martin dans la plupart des sources), journalier, né à Gonfaron, le 26 mai 1905, fils d’un menuisier et d’une bouchonnière, veuf après un premier mariage à Gonfaron, en août 1924, avec la fille d’une bouchonnière.

Elle travaillait depuis 1937 à l’usine de bouchons Carrassan. Secrétaire en 1937 puis adjointe du syndicat CGT des bouchonniers en 1938, elle adhéra au Parti communiste la même année. Trésorière de sa cellule, elle était la secrétaire du groupe local du Comité mondial des femmes.

Son mari fut mobilisé dans l’armée des Alpes en 1939-1940. Après sa démobilisation, ils travaillèrent à la mine de Pic-Martin de plomb argentifère jusqu’en avril 1942, puis ils prirent en métayage une exploitation agricole au hameau de Repenti (Gonfaron). Ils avaient renoué avec le parti communiste clandestin et formaient un trio avec Émile Polge de Carnoules. Ils permirent à Jean Bertolino, évadé en février 1943 du centre de séjour surveillé de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), de renouer avec le PC alors qu’il faisait du charbon de bois dans les Maures et d’être intégré dans les Francs tireurs et partisans. Leur ferme devint un relais pour le camp Faïta, le maquis dont Bertolino était le chef militaire, et qui stationna dans le massif jusqu’à l’automne 1943. Ils le ravitaillèrent, assurèrent l’hébergement de maquisards en mission ou de recrues, stockèrent des armes récupérées lors de la débâcle italienne et destinées au camp. Charles Martini accompagna les maquisards lors d’un sabotage sur la voie ferrée entre Gonfaron et Pignans fin août 1943. Elle soigna aussi des maquisards, écoula des tickets d’alimentation volés et, sous le pseudonyme d¹ « Odette », servit d’agent de liaison à Bertolino, devenu responsable des maquis FTP de la région. Le couple était en contact tant avec plusieurs responsables régionaux, dont Henri Faurite, chef militaire départemental des FTP, ou Lucien Lambert « le paysan », membre du triangle de direction du PC clandestin. Militant dans la clandestinité avec les communistes du Luc (Var) jusqu¹à la Libération, Yolande Martini devint trésorière de cette section clandestine. En outre, elle était chargée d¹organiser les femmes en rapport avec Catherine Demarch et Lina Michel. Leur action était alors supervisée par Paul Bardin, responsable du secteur pour le PC.

A la Libération, elle devint trésorière de la section communiste du Luc pendant quelques mois avant de revenir à Gonfaron. Elle retrouva son emploi chez Carrassan qui avait interrompu sa production vers 1942-1943. Secrétaire du syndicat CGT des bouchonniers, elle était élue à la commission exécutive de l’Union départementale CGT en 1948. Après la fermeture de l’usine, elle reprit avec son mari l’agriculture dans leur métairie. Elle cessa d’exercer des responsabilités syndicales tandis que son mari militait à la Confédération générale agricole.

Etant électrice à Gonfaron, élue sous le nom de Martin, en mai 1945 conseillère municipale, elle participa aux commissions des écoles, du ravitaillement, des fêtes, de l’hygiène, la salubrité et l’assistance aux prisonniers. Habitant Pignans où son mari travaillait, elle ne fut pas réélue.

Elle devint membre du comité de la section communiste de Pignans à la fin de 1945 et de son secrétariat en 1949. Elle fut proposée comme suppléante aux élections législatives de 1946 par le comité fédéral. Elle présidait le groupe local de l’Union des femmes françaises et fut élue au comité national de l’UFF lors de son premier congrès. Elle participa, sur l’invitation des syndicats tchèques à une délégation du PCF en Tchécoslovaquie en 1948, représentant le Var.

En 1950, elle habitait à nouveau avec son mari à Gonfaron et travaillant, avec son mari, aux mines de spath-fluor et de baryte de Saint-Daumas. Au début de 1953, gérante d’un magasin des Coopérateurs du Var, elle ne fut pas réélue au comité de la fédération communiste.

Avec son mari, plus tard, elle se retira en 1965 au Cannet-des-Maures où elle avait de nombreuses connaissances depuis la Résistance. Elle participait régulièrement aux réunions de la cellule locale tandis que Charles Martin était plus actif (distribution de journaux, affichages entre autres). Quand la cellule fut dissoute au début des années 1990, membres de l’Amicale des vétérans communistes, ils continuèrent à régler leurs timbres directement auprès de la fédération jusqu’au décès de son mari Charles Martini (selon la mairie du Cannet-des-Maures) le 17 octobre 1994. Dans le même temps, ils apportaient leurs soutiens à l’action municipale des communistes sans cartes, élus municipaux. Les obsèques de Yolande Martin se déroulèrent au cimetière de Gonfaron sans la présence d’un dirigeant de la fédération du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202554, notice MARTINI Yolande, Emilie, Virginie [née Pellegrino] par Jacques Girault Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 2 mai 2018, dernière modification le 27 août 2018.

Par Jacques Girault Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Mun. Gonfaron. — Arch. Fédération PCF du Var. — Renseignements fournis à Jean-Marie Guillon. — Notes de Louis Botella, de Marcel Migozzi.

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