HOEN Jules.

Par Freddy Joris

Dison (pr. Liège, arr. Verviers), 22 février 1885 – Dison, 10 août 1955. Typographe, militant socialiste, membre des Jeunes gardes socialistes, conseiller communal, échevin et premier bourgmestre socialiste de Dison, député de l’arrondissement de Verviers.

Fils de Herman Hoen (19 mai 1847-29 décembre 1910) et de Marguerite Dessoubroux (née le 25 janvier 1849), Jules Hoen naît à Dison l’année de la fondation du Parti ouvrier belge (POB) en 1885. Cette commune limitrophe de Verviers a vu sa population multipliée par six depuis le début du siècle pour devenir, avec plus de 13 000 habitants, un des importants noyaux industriels de l’agglomération verviétoise, fait d’usines textiles et métallurgiques bien sûr mais aussi d’une forte industrie de la chaussure.

Adolescent, Jules Hoen apprend le métier de typographe, qu’il exercera jusqu’en 1914, à l’imprimerie Nicolet, où s’imprime le journal wallon, Fré Cougnou. Il collabore à celui-ci à partir de 1902. Toute sa vie, Hoen ne cessera d’écrire des poèmes en wallon, dont un recueil sera publié en 1952, auxquels il ajoutera deux pièces de théâtre politique en français, l’une consacrée à l’assassinat de Francesco Ferrer et l’autre au drame social. Elles seront jouées dans les cercles socialistes de la région durant l’Entre-deux-guerres.

Jules Hoen adhère aux Jeunes gardes socialistes à l’âge de dix-huit ans. En 1903, il se fait remarquer par sa combativité lors d’actions de solidarité avec les mineurs en grève du charbonnage du Hasard à Cheratte (aujourd’hui commune de Visé, pr. et arr. Liège). Militant à la fois au sein de la Ligue wallonne de Verviers, dont il est membre du Comité en 1913-1914, et du POB, Hoen travaille comme typographe au quotidien syndical, Le Travail, et collabore ensuite à son contenu.

En octobre 1911, Jules Hoen est élu conseiller communal socialiste à Dison. La commune dispose depuis longtemps d’une majorité socialiste mais le gouvernement catholique s’obstine à choisir des bourgmestres en dehors des rangs du POB et c’est un imprimeur démocrate-chrétien, Sébastien Winandy, qui préside aux destinées de la commune de 1910 à 1927. Par contre, les deux échevins sont socialistes : Joseph Humblet* et Jean Dauvister, ce dernier ayant remplacé Jacques Lejeune en 1908. Jules Hoen remplace Jean Dauvister en janvier 1913 comme échevin de l’Instruction publique. Il y siège jusqu’au 7 février 1927, date à laquelle il est enfin désigné à la place de Sébastien Winandy comme bourgmestre. Il occupera cette fonction − en dehors de la période d’occupation durant la Seconde Guerre mondiale − jusqu’en 10 août 1954.

Tout comme Sébastien Winandy qui a remplacé à la Chambre, dès la fin de 1918, l’ancien ministre catholique Henri Davignon, Jules Hoen entre au Parlement à la faveur des élections du 20 novembre 1919 mais c’est après avoir proposé à Jean Roggeman de conduire la liste socialiste aux élections législatives, proposition déclinée par ce dernier afin de ne pas cumuler ses responsabilités de dirigeant syndical avec celles de député. La première prise de parole de Hoen à la tribune de la Chambre, en février 1921, porte sur la question linguistique. Elle lui permet d’affirmer des talents d’orateur qui lui valent d’être ensuite invité, durant tout l’Entre-deux-guerres, à prendre la parole lors de meetings ou de conférences contradictoires dans toutes les régions socialistes de Wallonie.

En 1938, Jules Hoen figure parmi les rapporteurs du premier Congrès des socialistes wallons à Liège, où il fait le point sur la question de l’amnistie.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Jules Hoen milite activement dans les rangs de la Résistance (diffusion de la presse clandestine et de tracts, aide aux réfractaires), ce qui lui vaut d’être arrêté à deux reprises puis libéré faute de preuves. Il représente la région verviétoise au sein du Comité provincial liégeois du Parti socialiste clandestin.

À la Libération, Jules Hoen retrouve ses mandats de bourgmestre et de député de l’arrondissement de Verviers, auxquels s’ajoutera le poste de questeur à la Chambre et, dans un autre registre, de président puis vice-président du conseil d’administration de l’Union coopérative de 1918 à 1949. En tant que député, il participe aux travaux de plusieurs commissions dont celle de la Défense nationale, celle – permanente – des Finances. Il est le rapporteur de plusieurs projets de loi dont celui sur l’éducation physique en 1922, celui instituant l’Œuvre nationale de l’éducation populaire en vue de l’utilisation des loisirs (loi du 3 avril 1929), celui relatif aux pensions de retraite et de survie (loi du 12 février 1937), etc.

À Verviers, Jules Hoen a de nombreuses activités liées ou non à ses mandats politiques : président du Comité de sélection, adjoint au Fonds des mieux doués le 1er septembre 1922, président de ce fonds le 29 décembre 1927, délégué de l’Œuvre nationale de la protection de l’enfance le 16 juin 1936, membre de la Commission provinciale de ravitaillement et de secours de Liège dès le9 décembre 1939, membre de l’Office des estropiés et des mutilés le 30 juillet 1946. En 1953, il est vice-président de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, membre de l’Association interparlementaire du tourisme, commissaire-président de la Mutuelle des administrations publiques, commissaire de la Régionale verviétoise des constructions d’habitations, administrateur de l’École des chaussures de Verviers et membre de la Société de auteurs et compositeurs dramatiques français.

En janvier 1954, Jules Hoen et un échevin, Nicolas Denis, sont officiellement exclus du Parti socialiste belge (PSB qui a succédé au POB en 1945) pour « avoir enfreint sciemment la discipline » dans le cadre d’un vote devant choisir une société intercommunale, fournisseur d’électricité. Dans la foulée, Hoen cesse alors son mandat de député mais reste bourgmestre de Dison et c’est à ce poste qu’il décède un an plus tard, victime d’une congestion cérébrale.

Jules Hoen s’est vu attribuer de nombreuses distinctions honorifiques dont celles de l’Ordre de Léopold entre 1929 et 1949, la Médaille du roi Albert en 1920, la Médaille civique de première classe en 1936, la Décoration civique (Croix de première classe) en 1948, etc. Marié à Dieudonnée D’Heure (1887-1974), il en a quatre fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202579, notice HOEN Jules. par Freddy Joris, version mise en ligne le 3 mai 2018, dernière modification le 24 décembre 2019.

Par Freddy Joris

ŒUVRE : En trois parallèles, Dison, Au plomb qui fond, 1952.

SOURCES : HELLE, Silhouettes et profils verviétois, Verviers, Le Travail, s.d. (vers 1938) − MESSIAEN J.-J. et MUSICK A., 1885-1985. Histoire des Fédérations. Verviers, Bruxelles, 1985 (Mémoire ouvrière, 11) – La Vesdre rouge. Exposition organisée à l’occasion du 120e anniversaire du PS, Verviers, Parti socialiste, 2005 − « Jules Hoen », Présence, journal du Centre culturel de Dison, avril 2015 – Notice réalisée par Marie-Jeanne Vanheeswyck, Section Journalisme et communication sociale de l’Université libre de Bruxelles, s.d.

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