GIDON Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Nénette]

Par Eric Panthou

Né le 18 mars 1920 à Saint-Flour-l’Étang (Puy-de-Dôme), mort le le 22 novembre 1998 à Riom (Puy-de-Dôme), paysan, résistant, FTP, membre du PCF, conseiller municipal.

Les parents de Joseph Gidon étaient agriculteurs, propriétaires ; sa mère était issue d’une famille assez aisée de Courpière, très catholique. Son père était républicain, conseiller municipal. Il avait été mutilé lors de la guerre de 1914-1918. Joseph devint pupille de la Nation par jugement du tribunal civil d’avril 1923.
Joseph Gidon avait un frère et quatre soeurs. Il se maria fin 1944 et eu 2 fils et une fille.
Il obtint le certificat d’études primaire en 1933.
Comme son père était mutilé, le maître d’école de Joseph proposa qu’en tant que pupille de la Nation, lui et sa sœur bénéficient d’une bourse pour poursuivre des études. Leur père refusa, prétextant qu’en raison de son handicap, son fils et sa fille devaient s’occuper de la ferme et de leurs frère et sœurs.
En même temps qu’il travaillait à la ferme, il fit un apprentissage en boucherie à Courpière, juste à côté de Saint-Flour-l’Étang. Il fut ensuite embauché ici de 1937 à fin 1938, puis chez un boucher de Saint-Sandoux jusqu’en mai 1939. Il est incorporé au dépôt d’artillerie n°414 le 9 juin 1940 puis démobilisé le 3 septembre avant d’être envoyé au Groupement n°5 des Chantiers de la Jeunesse, à Saugues (Haute-Loire) puis Rochefort-Montagnes (Puy-de-Dôme). Il y resta jusqu’au 31 janvier 1941, recevant de bonnes appréciations, mais se plaignant des conditions de vie sous la tente en pleine forêt et aussi de l’absence de quartiers libres en dehors de quelques heures le dimanche, le reste de la semaine étant consacrée au travail.
En octobre 1942 et jusqu’en mars 1943, il travailla comme bouvier chez Combemorel, à Billom (Puy-de-Dôme), entrepreneur dans le commerce du bois.
Ensuite, il travailla de nouveau à partir d’août 1943 chez Combemorel et échappa de peu à la grande rafle survenue à Billom le 16 décembre 1943 par la Gestapo appuyée par l’armée allemande. Il ne dut son salut qu’au fait d’avoir a mené des bœufs ce jour là. A Billom, plusieurs employeurs protégeait les réfractaires au STO, notamment Pottier, où la police allemande intervint.
Les gendarmes de Saint-Dier d’Auvergne sont venus avertir sa mère qu’il était requis pour le STO. C’est alors qu’il décida de rejoindre le maquis. Il passa par une filière contrôlée par des militants communistes, en particulier par Marcel Chevalier, militant très connu, rentré du camp d’Internement de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) peu avant. Joseph Gidon a rejoint la Résistance en 1943. Il a été recruté par Joseph Brugière, maréchal-ferrand à Saint-Flour. Dans un premier temps, il a été sédentaire, appartenant à la 3éme Compagnie FTPF, devenue ensuite la 1110éme Compagnie. Il aurait alors participé à la réception d’un parachutage d’armes et aidé à l’hébergement de plusieurs résistants en transit.
Joseph Gidon rejoignit donc le maquis FTP. Il séjourna à Fournols. Peu avant l’appel au Mont-Mouchet lancé par Émile Coulaudon, chef des MUR, il était prévu que son groupe rejoigne la concentration sur laquelle FTP et MUR s’étaient mis d’accord. Mais son groupe reçut finalement l’ordre de ne pas rejoindre le Mont-Mouchet, comme ce fut le cas de la plupart des autres groupes FTP.
Les hommes qui se plaignaient de l’inaction étaient demandeurs auprès des chefs, c’est comme cela qu’ils ont voulu attaquer un convoi allemand qui s’est avéré important plus important que prévu. Quelques tirs furent envoyés puis le groupe se sauva, évitant sans doute un massacre. Joseph Gidon s’est souvent plaint auprès des siens après guerre du refus des gaullistes et de De Gaulle en particulier, de leur livrer les armes demandées. Il déchira sa carte d’ancien combattant quand De Gaulle accéda au pouvoir à la Libération.
Son attestation de Résistant indique qu’il a participé aux actions à Thiers et à la défense du camp du Bois de Mauchet à Saint-Eloy la Glacière. L’attestation du lieutenant-colonel Olivier précise qu’il est entré dans la Résistance en janvier 1944 au sein de 3éme Compagnie FTP, devenue 1110 éme Compagnie FTP, 10éme bataillon FTP. Avec cette unité, il a participé à l’évacuation du Camp de Saint-Jean des Ollières, suite à l’attaque des GMR, le 28 juin 1944, puis à la défense du Camp du Bois de Mauchet, le 1er août 1944, et au repli sur Echandelys, puis Saint-Quentin-sur-Sauxillanges.
Il a servi dans les FFI du 25 juillet au 30 octobre 1944. Sa sœur Marie a quant à elle soigné les résistants blessés à Thiers lors de la Libération de la ville.
Après la Libération de Thiers, il est engagé d’office dans l’armée régulière, au titre de la Classe 1940 Il est rappelé en avril 1945 à Issoire puis il est envoyé aux Sables d’Olonne (Vendée) comme artilleur pour libérer la poche de Royan mais il ne participa pas aux combats. Il est renvoyé dans ses foyers en octobre 1945. Il prend sa carte au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, à son retour à Saint-Flour ainsi que celle de l’Association nationales des Anciens FTPF.
Il a adhéré au PCF dès 1945 et en resté membre jusqu’à sa mort en 1998.
A la Libération, il s’est installé à Saint-Dier d’Auvergne dans la ferme de ses beaux-parents, après s’être marié. Il resta toute sa vie paysan, s’occupant principalement d’élevage et vendant aussi du bois. Joseph Gidon a été conseiller municipal à Saint-Dier d’Auvergne sous les mandatures d’Alphonse Cistel, maire et conseiller général communiste de Saint-Dier d’Auvergne. Il fut le témoin des querelles entre Alphonse Cistel et l’autre grande figure communiste de Saint-Dier, Marcel Chevalier.
Joseph Gidon était un gros lecteur, passionné d’histoire et d’ouvrages sur la politique.
Un avis défavorable fut donné en 1988 à sa demande d’attribution de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance, ses services n’ayant pas été homologués. En revanche, il reçut alors un avis favorable à sa demande de Carte de Combattant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202606, notice GIDON Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Nénette] par Eric Panthou, version mise en ligne le 3 mai 2018, dernière modification le 9 juin 2021.

Par Eric Panthou

Sources : Entretien avec son fils, Robert Gidon, le 2 mai 2018.— Attestation du Capitaine Beligat, 2éme compagnie.— Attestation de l’ex Lieutenant Julien (Jean Olivier), commandant la 1110éme Compagnie FTPF du Puy-de-Dôme, le 28 avril 1988.— Bulletins de salaires de l’entreprise Combemorel.— Attestation du Capitaine R. Beligat, FFI, Division d’Auvergne, 2éme Bataillon, 2éme Compagnie, 4 novembre 1944.—Certificat de moralité et d’aptitude, Groupement n°5 des Chantiers de la Jeunesse.— Lettre du service départemental des Anciens Combattants, 2 août 1988.— Lettre de Joseph Gidon, aux chantiers de Jeunesses, à Francisque Roch, 22 septembre 1940 (archives privées Robert Gidon). Etat civil.

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