LOUVIOT Lucien

Par Joël Drogland

Né le 7 janvier 1914, exécuté le 27 août 1944 à Moulins-en-Tonnerrois (Yonne) ; civil non résistant.

Le 25 août 1944 en fin d’après-midi, la 2e compagnie FTP Rouget de Lisle, après avoir libéré Chablis, arriva à Tonnerre, où se trouvait déjà un petit détachement américain avec quelques blindés. Le lendemain matin, 26 août 1944, alors que la ville commençait à pavoiser, le capitaine Magendie fit fusiller sept Allemands prisonniers, malgré les protestations de plusieurs personnalités de la ville. Vers 10 h du matin, un convoi allemand fortement armé se présenta aux portes de la ville. Magendie, ne soupçonnant sans doute pas l’importance de ce convoi et comptant sur l’appui de deux blindés américains, décida de leur barrer la route au lieu-dit La Grange-Aubert, à la sortie sud de la ville. Il s’agissait de l’avant-garde d’une forte colonne de l’Afrika Korps en retraite, avec des engins blindés et de l’artillerie. Deux groupes de FTP postés à La Grange-Aubert engagèrent le combat et, avec leurs fusils-mitrailleurs, tinrent tête aux soldats allemands jusqu’en milieu d’après-midi, avant de décrocher. Le combat leur coûta trois morts et deux civils du quartier furent tués.

Les Allemands investirent ensuite prudemment la ville, jetant partout des grenades incendiaires. Ayant appris l’exécution du matin, ils prirent 200 hommes en otages et les parquèrent dans une carrière, route de Dijon. On put craindre le pire, mais les Allemands les relâchèrent, sauf cinq, dont quatre réussirent à s’enfuir et à regagner leur foyer, à l’exception de Lucien Louviot qui aurait été repris et fusillé peu après à Moulins-en-Tonnerrois.

Robert Bailly, qui a recueilli de nombreux témoignages sur la Libération de Tonnerre, fait état d’un autre témoignage selon lequel Lucien Louviot travaillait dans les bois quand des troupes de passage le fouillèrent, trouvèrent des collets dans sa musette et l’emmenèrent à Moulins-en-Tonnerrois. Il fut alors torturé, sans doute pour obtenir de lui des renseignements sur des emplacements de maquis, et finalement attaché à un arbre dans le village avec défense absolue à la population de le secourir sous peine de mort et de représailles collectives. Le malheureux aurait réclamé à boire pendant un jour et demi sans que personne n’ose lui venir en aide. L’unité de l’Afrika Korps quitta Tonnerre dans la soirée. En passant devant Lucien Louviot, le dernier soldat de la colonne l’aurait achevé d’une balle dans la tête. Ce déroulement expliquerait que la plaque commémorative apposée sur le lieu du supplice et de la mort porte la date du 27 août, alors que sur les autres monuments la mort est datée du 26 août, date de l’arrestation des otages.

Le nom de Lucien Louviot figure sur une plaque commémorative apposée à la sortie du village de Moulins-en-Tonnerrois, route de Fresnes (D117), avec la mention « Ici fut martyrisé et fusillé par les Allemands le 27 Août 1944 LOUVIOT Lucien père de 4 enfants ». Il figure aussi sur le monument aux morts de Tonnerre et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202786, notice LOUVIOT Lucien par Joël Drogland, version mise en ligne le 7 mai 2018, dernière modification le 7 mai 2018.

Par Joël Drogland

SOURCES : Robert Bailly, La Croix de Saint-André, Éd. ANACR-Yonne, 1981, pp. 305-310 ; Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée…, Éd. ANACR-Yonne, pp. 494-496. — Mémorial GenWeb.

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