RIBON Adèle, née COUILLARD dite Denise

Par Daniel Grason

Née le 10 juin 1896 à Maincy (Seine-et-Marne), morte le 3 août 1990 à Asnières (Hauts-de-Seine) ; couturière à domicile ; militante communiste ; du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme ; de la Fédération nationale des déportés internés résistants patriotes (FNDIRP) ; déportée à Ravensbrück (Allemagne).

Fille d’Irma Andry, âgée de dix-neuf ans, blanchisseuse, Adèle a été reconnue par sa mère le 30 juin 1896. Elle épousa le 10 juin 1903 en mairie de Maincy Camille Couillard, manouvrier qui reconnut et légitima l’enfant. Elle grandit à Maincy, obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Elle épousa Raymond Ribon en mairie de Maincy, le couple vécut dans la localité au 15 rue de Choiseul.
Ils quittèrent la Seine-et-Marne, vécurent à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine) où naquit un garçon prénommé Paul. Le 15 octobre 1936, le couple Ribon et leur fils Paul habitaient 18 rue de l’Arbre-Sec (Paul-Vaillant-Couturier) à Gennevilliers, elle exerçait la profession de couturière à domicile. Elle était appréciée comme « serviable » par le voisinage, et connue comme communiste.
Elle militait Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, très active elle participait aux réunions. Elle fit partie du Comité des femmes de Gennevilliers, elle participa à des initiatives vers l’enfance. En juin 1940 la famille Ribon prenait le chemin de l’exode une courte période.
En juillet 1940 elle participa à une réunion avec René Sevi et Raymond Colin. Elle collectait les cotisations des adhérents de Gennevilliers. L’argent recueilli était destiné à la solidarité, en partie aux femmes de prisonniers de Gennevilliers, le reste était remis à Geneviève Leider. Celle-ci faisait parvenir l’argent à François Lucien Carcedo ex. permanent de l’Université Ouvrière. Celui-ci coordonnait et dirigeait les actions dans les villes de Levallois-Perret, Suresnes, Puteaux, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne.
Le nom d’Adèle Ribon figurait sur une liste établie par Jean Gourdoux et saisie par les policiers. Son fils Paul membre des Jeunesses communistes avait été arrêté en décembre 1940 et inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 pour « distribution de tracts ». Adèle Ribon assista avec trois autres militants aux réunions du noyau dirigeant de Gennevilliers qui assurait une liaison avec quelques communistes de Villeneuve-la-Garenne. L’organisation communiste était composée de trente-six membres à Gennevilliers et six à Villeneuve-la-Garenne.
Durant cette période un numéro spécial de La Voix Populaire commun aux organisations communistes de Gennevilliers, Clichy, Asnières, Levallois daté de janvier 1941 fut diffusé, avec en manchette les sections communistes « adressent à notre grand camarade Maurice Thorez leurs souhaits paternels de bonne année ainsi qu’à tous les membres du Comité Central, État-Major courageux de la classe ouvrière. »
Le 22 février 1941 les inspecteurs de la BSi de Puteaux l’interpellèrent à son domicile. Lors de son interrogatoire, les policiers lui demandèrent comment elle vivait, elle répondit : « Je suis couturière à domicile. J’ai une petite clientèle. Je gagne très peu. Je vis surtout du salaire de mon mari qui travaille comme ajusteur-outilleur. » Elle reconnaissait avoir rencontré François identifié par les policiers comme étant Lucien Carcedo. Elle démentit avoir été membre du parti communiste avant la guerre.
Le 23 février 1941 elle était incarcérée à la prison de La Roquette. Emprisonnée à la prison de la Santé, le 18 mars 1941, assistée par un avocat elle fut auditionnée par un juge d’instruction. Elle assuma l’activité militante qu’elle déployait depuis « novembre 1940 » en liaison avec Jean Gourdoux et Hippolyte Génard qui lui apportaient les tracts. « J’en ai distribué dans la rue jusqu’à la fin de l’année » déclara-t-elle.
Sollicitée par Jean Gourdoux pour assumer la fonction de responsable politique dans le quartier des Grésillons où elle habitait, elle accepta. Elle confirma ce qu’elle avait déclaré aux policiers de la BSi de Puteaux, elle avait effectivement distribué des tracts.
Le 20 octobre 1941, vingt militants communistes de Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne, Levallois-Perret, Suresnes et Puteaux dont Adèle Ribon comparurent sous l’inculpation de « propagande communiste » devant la Section spéciale, elle fut condamnée à six ans de travaux forcés.
Transférée le 21 octobre 1941 à Fresnes, le 14 novembre 1941 elle était envoyée à la centrale de Rennes (Ille-et-Vilaine), le 1er mai 1944 Adèle Ribon fut internée au Fort de Romainville. Le 7 août 1944, elle était dans le convoi de 552 femmes à destination de Ravensbrück (Allemagne), 93 femmes moururent. Matricule 39218 elle a été libérée le 30 avril 1945.
Alors qu’il était sans nouvelles de ses parents, Paul Ribon fils d’Adèle et de Raymond témoigna devant la commission d’épuration de la police. Il déclara : « Mon père a été arrêté sur son lieu de travail le 22 février 1941 par deux policiers en civil, à la suite de l’arrestation de ma mère, survenue la veille pour activité clandestine. »
« Emmené au commissariat de Puteaux, où ma mère se trouvait déjà détenue, ils y sont restés trois jours au cours desquels ils ont été interrogés et maltraités. Ma mère en particulier à reçu de violents coups et a été tirée par les cheveux, mon père n’a été que bousculé et n’a pas reçu de coups. »
Sa belle-fille Raymonde témoigna devant les membres de la commission rogatoire chargés du dossier de l’inspecteur P. Absente au moment de l’interpellation de sa belle-mère, elle fut dans l’incapacité de reconnaître sur photographies les inspecteurs. Elle déclara : « Je ne pense pas qu’elle ait été martyrisée lors de son passage aux Brigades spéciales ; d’autre part, rien n’a été dérobé au cours de la perquisition »
Quand elle rentra Adèle Ribon reprit ses travaux de couture, garda des enfants, milita au Parti communiste et à la section locale de la Fédération nationale des déportés internés résistants patriotes (FNDIRP). Elle fut la trésorière de la FNDIRP de Gennevilliers, assistait à l’assemblée générale annuelle qui se tenait à l’Épiphanie, la galette était républicaine. Adèle lisait l’Humanité quotidienne, elle fêta une nouvelle formule au champagne, un article paru dans l’Humanité qui en rendit compte. Elle ne parlait pas des circonstances de son arrestation, était convaincue qu’ils « avaient été trahis », ce qui était faux.
Les filatures, les saisies domiciliaires aboutirent aux arrestations, Lucien Carcedo qui coordonnait la diffusion de la propagande du parti communiste de Levallois-Perret, Suresnes, Puteaux, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne avait été fusillé le 15 décembre 1941 comme otage en même temps que Gabriel Péri, et de 52 otages Juifs. La plupart d’entre eux furent désignés au peloton d’exécution pour le seul fait qu’ils étaient Juifs.
Adèle Ribon mourut le 3 août 1990 à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), elle a été inhumée au cimetière communal de Gennevilliers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article203097, notice RIBON Adèle, née COUILLARD dite Denise par Daniel Grason, version mise en ligne le 15 mai 2018, dernière modification le 5 août 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/11 dossier 111. – Arch. PPo. BA 1928, BA 2057, KB 11, 77 W 1339-291622. – Bureau Résistance GR 16 P 100572 (non homologuée). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004, FMD base des Hauts-de-Seine. – État civil AD de Seine-et-Marne 6E 286/19 1892-1899, année 1896 acte n° 21.

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