COLIN Henri [COLIN Marie, Henri, Augustin]

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 28 août 1881 à Paris (Ier arr.), mort le 22 avril 1943 à Mauthausen (Autriche) ; conseiller municipal communiste de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; résistant ; déporté.

Henri Colin.
Henri Colin.

Fils de Célestin, employé et de Gabrielle, née Delighte, Henri Colin épousa Jeanne Varland le 30 juillet 1904 à la mairie de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Il exerçait la profession de mécanicien à façon au 28 rue Héloïse-Michaud à Gennevilliers, il y travaillait avec ses deux fils Raymond et Roger. Ils construisirent une automobile, Raymond la pilotera en 1931 et remportera la course du Bol d’Or à Saint-Germain-en-Laye.
Il adhéra au parti communiste en 1934, fut élu conseiller municipal sur la liste dirigée par Jean Grandel* le 14 octobre 1934, réélu en 1935, devint trésorier de la section communiste. Il proposa de donner une nouvelle impulsion au cours complémentaire industriel qui comptait cent dix élèves. En 1938 de nouveaux locaux furent aménagés, le nombre d’élèves progressa et atteignit deux-cent- trente en 1939.
Le chauffeur d’un camion domicilié à Gennevilliers et deux militants espagnols l’un de Saint-Denis, l’autre de Paris étaient interpellés par la gendarmerie et le service des douanes début septembre 1936 à proximité d’un chalutier espagnol amarré au port du Boucau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques). Le chargement fut évalué à deux tonnes, il comprenait des caisses de mitraillettes, mitrailleuses, pistolets automatiques, balles et cheddite, ainsi que des vivres et des produits pharmaceutiques. Le chauffeur déclara qu’Henri Colin l’avait sollicité pour transporter des vivres et des médicaments. Deux chargements furent effectués 12 rue Mathurin-Moreau au siège du Secours rouge international et dans un pavillon de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Le conducteur fut poursuivi pour « contrebande et détention d’armes et munitions de guerre ».
En septembre 1939 Henri Colin était arrêté et condamné à trois mois de prison pour propos séditieux. Il fut déchu de son mandat le 9 février 1940. Après avoir purgé sa peine, craignant d’être interné administrativement, il partit travailler en province. La police émit une fiche de recherches le 5 janvier 1942, le présentant comme « un propagandiste communiste clandestin ».
Il revint en région parisienne, fut hébergé notamment par des militants de Gennevilliers, puis entra en contact avec l’organisation clandestine. Il changea d’identité, devint Louis Perrot né le 28 août 1885 à Cherbourg (Manche). Il eut le contact avec Waldeck L’Huillier qui depuis la chute de Émile Dutilleul en octobre 1941 était chargé des finances du parti communiste.
Le 26 octobre 1942, Henri Colin sortit d’un garage situé rue Vergniaud dans le XIIIe arrondissement, des inspecteurs de la BS2 encadraient Marius Bourbon, responsable politique du groupe Valmy qu’ils venaient d’arrêter. À leur vue, il accéléra le pas, mais fut interpellé. Il prétendit ne pas connaître Marius Bourbon, présenta sa carte d’identité au nom de Louis Perrot. Les policiers vérifièrent, le numéro de la carte ne correspondait pas avec l’identité, il déclina alors son nom et son adresse 15 rue de la Convention Paris (XVe arr.).
Il portait sur lui vingt-huit mille francs, un reçu signé de « Louise », une liste de timbres-poste de collection, une liste d’ouvrages littéraires. Henri Colin reconnut qu’il vivait dans l’illégalité depuis 1940 et qu’il était chargé par le parti communiste d’achat de denrées alimentaires, de linge, de meubles pour les militants illégaux.
Détenu plusieurs jours dans les locaux des Brigades spéciales, interrogé, il déclara qu’un militant nommé « Arthur » lui avait donné le nom de Marius Bourbon. Il voulait lui demander d’entreposer des meubles dans les box qu’il louait et s’il pouvait lui procurer des timbres de collection. Selon ses déclarations Henri Colin dépensait chaque mois entre deux mille et quinze mille francs pour acheter du ravitaillement pour les militants illégaux. Les policiers lui firent remarquer que dans les box, des armes et des explosifs avaient été saisis. Colin ne varia dans ses explications, il ne disposait d’aucun dépôt de matériel, s’en remettait à Bourbon dont il ignorait l’activité.
Henri Colin n’était pas dans le groupe Valmy, un malheureux concours de circonstances fut la cause de son arrestation, il eut le même parcours carcéral, livré aux allemands, il fut incarcéré à Fresnes, puis au Fort de Romainville. Le jeudi 25 et le samedi 27 mars 1943, cent dix prisonniers partaient en wagons voyageurs, de la gare de l’Est à destination de Mauthausen (Autriche), parmi eux vingt-sept membres du groupe Valmy déclaré « NN » Nuit et Brouillard (condamnés à disparaître). Matricule 25308, il mourut à Mauthausen le 21 avril 1943.
Sur la plaque apposée au cimetière communal dédiée : « À la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la défense et la Libération de la France et dont les corps ne reviendront pas », figure son nom. Le 11 mai 1946, le conseil municipal inaugura l’école professionnelle Henri Colin. Son fils Raymond Colin, né le 19 décembre 1908, tourneur fut élu au conseil municipal de Gennevilliers le 29 avril 1945, puis adjoint au maire. Il témoigna dans La Voix populaire de son action : « mon père avait mis des sommes très importantes à l’abri dans différents endroits. Nous avons pu les récupérer. »
Henri Colin a parfois été confondu avec un autre résistant communiste de Gennevilliers, Marius Colin.
Henri Colin a été homologué membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20317, notice COLIN Henri [COLIN Marie, Henri, Augustin] par Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 décembre 2012, dernière modification le 17 septembre 2019.

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Henri Colin.
Henri Colin.

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 et Versement 10451/76/1. – Arch. PPo., BA 1665, Carton 13 activité communiste pendant l’occupation, GB 114 BS2 carton 22, 1W 1026, 77W 294. – Bureau Résistance dossier GR 16 P 136863. – Arch. Mun. Gennevilliers. – Jean Laffitte, Gennevilliers évocation historique, Éd. Ville de Gennevilliers, 1970. – La Voix populaire, 23 octobre 1991. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Site Internet GenWeb. – JO n° 299 du 24 décembre 1987. – État civil, Paris Ier arr.

PHOTOGRAPHIE : AM Gennevilliers.

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