COLLAVERI Louis [COLLAVERI Ezio, Corrado, dit]

Par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier

Né le 13 septembre 1878 à Livourne (Italie), mort le 5 mai 1963 à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) ; journalier en 1919, employé d’octroi en 1925 ; conseiller municipal socialiste SFIO de Pantin (1925-1935) ; conseiller général du canton de Pantin (1929-1935) ; maire SFIO de Pantin (1953 à 1959).

Louis Collaveri naquit en Italie mais il passa les vingt-cinq premières années de sa vie à Marseille (Bouches-du-Rhône) où, selon les notes autobiographiques qu’il fournit aux services du conseil général de la Seine, « très jeune, à côté de son père, il s’est consacré à l’action professionnelle » (Le Conseil municipal, op. cit.). Il anima le syndicat des employés et ouvriers liquoristes de Marseille. Installé dans la Seine en 1906, il participa activement à la vie associative sociale, (bienfaisance, entraide, éducation sociale), syndicale et politique. Il avait adhéré au Parti socialiste unifié vers 1906. Son fils François écrivait le 30 janvier 1981 : « Je crois que mon père avait donné son adhésion à une organisation socialiste avant 1906. Il appartenait à Marseille à un groupe de jaurésiens qui participa ensuite à l’unification du Parti socialiste. »

En 1917, il avait été à l’origine de la création de la loge maçonnique Jean Jaurès, qui prit des positons pacifiste et qui appela au soutien des mutins de la mer Noire en 1919 condamnés, comme André Marty.

Les militants de Pantin lui confièrent le secrétariat de la section en 1919. Louis Collaveri suivit vraisemblablement l’évolution politique du maire de Pantin, Charles Auray : adhésion au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920), départ pour l’Union socialiste communiste en janvier 1923 puis retour au Parti socialiste SFIO en 1924.

Louis Collaveri entra dans la municipalité Auray, comme adjoint, le 3 mai 1925 et fut réélu le 5 mai 1929. Secrétaire de la section socialiste SFIO depuis 1928, il se présenta avec succès au conseil général, dans la 1re circonscription de Pantin, les 26 mai et 2 juin 1929. Arrivé en tête au premier tour avec 2 084 voix sur 10 885 inscrits, devant le communiste Marcel Verpy (1 376 voix), il obtint au second tour 2 308 suffrages contre 1 502 à Verpy et 1 550 à un candidat de droite. Il succédait au député socialiste Louis Marsais qui ne désirait pas se représenter. Collaveri fut secrétaire de la 6e commission (Assistance). Un conflit politique avec le maire de Pantin lui fit perdre son électorat. Charles Auray quitta le Parti socialiste SFIO en 1933 avec les néo-socialistes. Sa popularité lui permit de conserver la municipalité aux élections de mai 1935, malgré l’opposition des conseillers socialistes comme Collaveri, et de prendre à celui-ci le siège de conseiller général le 26 mai 1935, par 4 346 voix contre 1 167 à Collaveri et 2 609 au communiste Eugène Hénaff (11 504 inscrits, 8 226 votants).

Louis Collaveri avait été pendant plusieurs années le secrétaire général de l’Université populaire de Pantin qui jouissait d’une réputation justifiée dans la banlieue parisienne. Elle groupa jusqu’à 3 000 membres, organisa de nombreuses conférences, débats, représentations théâtrales et concerts. Elle abrita une vingtaine de cours du soir (français, langues étrangères, dessin industriel, peinture, etc.), une école de chant choral, un groupe de gymnastique harmonique.

Louis Collaveri, retiré en province pendant l’Occupation, reprit ses activités politiques à la Libération. À l’été 1944, il fut vice-président du conseil municipal provisoire de Pantin issu du comité local de Libération qui rassemblait les différentes composantes des mouvements de la Résistance, les conseillers municipaux écartés par Vichy et les partis politiques non compromis dans la collaboration. À la veille des élections municipales d’avril 1945, organisées au scrutin majoritaire, Collaveri, inquiet de la force du Parti communiste français, présenta sa propre liste intitulée « Parti socialiste SFIO, Libération Nord-Prisonniers de guerre libérés ». Il s’opposait ainsi à la liste « d’Union patriotique, républicaine et antifasciste » conduite par Paulin Cornet, son ancien colistier de 1925 à 1929 et celle du Mouvement de libération nationale (MLN) marquée à droite.

La liste de Paulin Cornet, regroupant les communistes mais aussi les chrétiens démocrates MRP et les radicaux, sortit victorieuse de la consultation électorale avec 9 265 voix (sur 17 938 votants et 22 835 inscrits). Elle fut élue intégralement au premier tour de ce scrutin, devant la liste du MLN (4 158 voix) et celle de Collaveri (3 677 voix). Après cet échec, Ezio-Louis Collaveri ne se représenta pas aux élections municipales suivantes, le 19 octobre 1947. Resté administrateur du bureau de bienfaisance et délégué cantonal, Collaveri, ancien secrétaire du conseil général de la Seine, ne revint en politique qu’en octobre 1949 à la suite de la dissolution du conseil municipal pantinois. Placé au second rang de la liste SFIO, derrière Georges Marie, maire adjoint sortant et secrétaire de la section SFIO, il fut un des trois socialistes élus à l’assemblée communale.

Sa consécration en politique survint aux élections municipales du 26 avril 1953. Au lendemain du scrutin, la coalition anticommuniste, qui présidait aux destinés de la commune depuis 1947, se trouva plus que jamais divisée. Pour contrer la candidature du communiste Jean Lolive, aucune majorité ne se dessinait. Au premier et au second tour de l’élection du maire, Jean Lolive fut ainsi placé en tête. Le troisième tour était donc décisif, l’élection du maire se faisant désormais à la majorité relative. Face au risque de voir Jean Lolive élu maire de Pantin, un compromis se dessina alors autour de la candidature du doyen de l’assemblée, Louis Collaveri, alors âgé de 74 ans. Élu maire de Pantin, il devint le troisième premier magistrat socialiste SFIO de Pantin après Charles Auray et le très contesté André Faizas passé au RPF.

Durant son mandat de 1953 à 1959, Louis Collaveri dut composer avec son adversaire communiste Jean Lolive qui, suite à la persistance de dissensions au sein de la coalition anti-communiste, fut élu, à la surprise générale, premier adjoint. Il dut ainsi manœuvrer habilement face à un conseil municipal aux sensibilités partisanes morcelées. Son image de doyen de l’assemblée et de vieux socialiste resté fidèle à la SFIO confortait cependant son autorité. Dans le prolongement des actions menées par ses prédécesseurs, il se consacra à la résorption des îlots insalubres et à la création de programmes de logements sociaux qui furent conçus et amorcés au début des années 1950, avec l’aide du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme.

Âgé de quatre-vingts ans au moment des élections municipales du 8 mars 1959, il se retira du combat politique. Hostile à toute idée de rapprochement avec la section locale du Parti communiste, selon certains, estimant que le rapprochement avec celui-ci était préférable à l’élection des radicaux selon son petit-fils, il s’opposa pas à la présence au second tour des municipales de deux socialistes SFIO, Georges Marie et Octave Lucas, élus sur la liste conduite par le député communiste Jean Lolive. Georges Marie, son ancien colistier et adjoint, fut ainsi élu premier adjoint au maire de Pantin.

Louis Collaveri mourut le 5 mai 1963 à Pantin où il fut enterré. Sa femme, Pauline Wachter, fut employée à la mairie de Pantin de 1923 à 1929 comme femme de service auxiliaire payée à la journée. Elle travailla notamment à l’école maternelle du centre et à l’école de Plein Air. L’un de ses fils, François Collaveri, résistant pendant l’Occupation, devint haut-fonctionnaire à la Libération : directeur de cabinet du préfet puis secrétaire général des Bouches-du-Rhône en 1944-1948, préfet, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur (1948-1950), du ministre de la Défense nationale (1950), du préfet de l’Ain (1951), d’Alger (1955), de la Sarthe (1956), de la Loire (1959), inspecteur général régional à Constantine (1961).
César Collaveri, maire socialiste de Livry-Gargan (1947-1961) et conseiller général du Raincy (1958-1961) n’était pas son fils comme on l’a écrit parfois mais son neveu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20344, notice COLLAVERI Louis [COLLAVERI Ezio, Corrado, dit] par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 avril 2022.

Par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13586, novembre 1923. — Arch. Dép. Seine, DM3. — Arch. J. Zyromski, dossier Fédération de la Seine. — Arch. mun. de Pantin, bulletin municipal de la ville de Pantin, dossiers élections. — Le Conseil municipal : nos édiles, op. cit. — Who’s Who in France, 1979-1980. — Emmanuel Bellanger, Mémoire de ville, mémoire de communaux, histoire de l’activité municipale et du personnel communal à Pantin, XIXe-XXe siècles, 2001. — Lettre de François Collaveri, Paris, 30 janvier 1981.

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