COLLIGNON Auguste, Robert

Par Didier Bigorgne

Né le 18 juillet 1902 à Paris VIe arr. (Seine), mort le 24 mai 1968 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; ouvrier d’usine, puis commerçant ; syndicaliste, anarchiste puis communiste, et résistant ; dirigeant de l’UD-CGT des Ardennes (1944-1951) ; secrétaire fédéral du Parti communiste des Ardennes (1946-1947) ; maire adjoint de Charleville (1947-1953).

Robert Collignon était le fils d’Émile, Léon Collignon, journalier, et de Jeanne, Anna Thiry, sans profession. Orphelin à l’âge de huit ans, il traîna les rues pendant deux années avant d’être placé chez un oncle qui était secrétaire de la section socialiste de Vouziers (Ardennes).

Pendant la Première Guerre mondiale, Robert Collignon, ajourné de la classe 1902, travaillait en qualité de mouleur-noyauteur à Courbevoie (Seine). Il se lia alors d’amitié à des anarchistes français et espagnols. En 1917, il mena une lutte active contre la guerre et devint l’ami d’Émile Cottin qui tira sur Clemenceau. Le 1er mai 1919, il adhéra au syndicat des Métaux de la région parisienne.

À son retour dans les Ardennes en 1919, Robert Collignon travailla dans le bâtiment, puis dans la métallurgie ; licencié d’une dizaine d’usines, il se fit marchand forain par intervalles. Le 17 décembre 1925, il épousa Marie, Laurence Brun, sans profession, à Mézières. Pendant toutes ces années, il mena des actions multiples selon les méthodes anarchistes, personnelles et violentes, au syndicat CGTU et dans les Jeunesses communistes. En 1920, il lutta pour l’amnistie des marins de la Mer noire. En 1923, il fit campagne contre l’occupation de la Ruhr et fut impliqué dans une affaire d’excitation de militaires à la désobéissance ; il semble qu’à cette époque, il entraînait avec Albert Vassart des troupes de choc, en majorité formées d’Italiens, dans la forêt des Ardennes. Le 5 janvier 1924, Robert Collignon arrivait à Saint-Quentin (Aisne). Il y provoqua des grèves violentes dans les fonderies où il travaillait et participa fréquemment à des bagarres. Après avoir été hébergé par Jacques Doriot à Paris en 1925, il rentra à Charleville. Il fut arrêté à son domicile, puis incarcéré à la prison de la ville pour avoir distribué un tract rédigé en arabe qui dénonçait la guerre du Rif. En 1926, pendant le look-out de neuf mois imposé par les industriels de la boulonnerie aux ouvriers de Château-Regnault, il fut soupçonné par les militants de la CGTU et du Parti communiste d’avoir procuré de la dynamite à certains meneurs.

Veuf de Marie Brun, Robert Collignon épousa en secondes noces Reine Marguerite Mangin, noyauteuse, le 25 mai 1935 à Charleville. À cette date, il exerçait son métier de noyauteur-modeleur. Il était aussi secrétaire ou trésorier, selon les années, du syndicat des Métaux de la ville.

En octobre 1939, Robert Collignon fut placé en résidence forcée à la Ferté-Saint-Aubin (Loiret). Il quitta pourtant ce lieu pour aller travailler à Vierzon (Cher). Mobilisé, il fut fait prisonnier. Il s’évada de Montargis (Loiret) le 28 juillet 1940. Le 1er août suivant, il était de retour à Vierzon et organisait un groupe de résistance dans la ville ; deux jours plus tard, il passait un premier prisonnier évadé en zone libre avec la complicité de l’archiprêtre de Vierzon, Monseigneur Pierson. Arrêté par les gendarmes français, Robert Collignon fut traduit devant un conseil de guerre allemand qui le condamna à trente-huit jours de prison. Il rentra dans les Ardennes le 15 août 1941 et prit immédiatement contact avec les communistes du département. Après la Libération, il reçut la Croix de guerre, la Croix du combattant et la Croix du combattant volontaire de la Résistance.

Robert Collignon adhéra au Parti communiste en 1944. Lors du 7e congrès régional qui se tint à Charleville les 16 et 17 juin 1945, il entra au comité fédéral des Ardennes avant d’être élu secrétaire à l’organisation et aux cadres. Il devint secrétaire fédéral après le 8e congrès départemental des 27 et 28 avril 1946, poste qu’il conserva jusqu’au 15 juin 1947. Il continua de siéger au comité fédéral jusqu’au 19 mars 1950. Dans le même temps, Robert Collignon exerçait des responsabilités syndicales. Membre du bureau provisoire depuis le 21 septembre 1944, il fut élu à la commission exécutive de l’UD-CGT des Ardennes au mois d’octobre suivant. Il devint membre du bureau le 14 avril 1947, fonction qu’il occupa jusqu’en 1951. Parallèlement, il était secrétaire du syndicat CGT des Métaux des Ardennes depuis le 23 mars 1946 ; il le demeura jusqu’en 1949.

En septembre 1944, Robert Collignon avait été nommé conseiller municipal de Charleville. Aux élections municipales du 29 avril 1945, il fut élu sur la liste républicaine d’union démocratique, composé en majorité de socialistes et de communistes, qui remporta une victoire totale. Il fut réélu le 19 octobre 1947 sur la liste communiste qui obtint sept sièges à égalité avec celle présenté par le Parti socialiste SFIO et devint deuxième adjoint au maire socialiste Jacques Bozzi, mandat qu’il conserva jusqu’au 26 avril 1953. De nouveau réélu à ce scrutin, avec cinq de ses colistiers communistes, il siégea au conseil municipal jusqu’à sa démission en décembre 1953, consécutive à sa rupture avec le Parti communiste. Pendant ces années, Robert Collignon avait représenté son parti à plusieurs élections. Le 23 septembre 1945, il échoua au premier tour de l’élection pour le Conseil général dans le canton de Charleville en obtenant 4 673 voix sur 18 837 inscrits et 13 489 votants. Le 2 juin 1946, il fut candidat, en quatrième position sur la liste communiste, à l’élection de la seconde Assemblée constituante : premier parti des Ardennes avec 37 500 voix sur 148 950 inscrits et 124 936 votants, le Parti communiste eut deux élus, Pierre Lareppe et Jules Mouron. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, Robert Collignon figurait de nouveau à la quatrième place sur la liste du Parti communiste qui arriva encore en tête avec 39 439 suffrages sur 150 937 inscrits et 121 141 votants ; seul, Pierre Lareppe fut réélu.

Libertaire de formation et de tempérament, Robert Collignon s’accommodait mal de la discipline du Parti communiste. Après la rupture en 1953, il adhéra au groupe oppositionnel Unir en 1958, puis à l’Amicale des anciens du Parti constituée en 1961 pour laquelle il mena une propagande active jusqu’à sa mort. En 1964, il appartint au comité pour la réhabilitation d’André Marty.

Veuf, Robert Collignon se remaria avec Julia Yvonne Defave, employée de maison, le 16 août 1963 à Charleville. Il était alors commerçant sur le marché de la ville, activité qu’il exerça jusqu’à son départ à la retraite en 1967. Lors de ses obsèques civiles, ni la direction du Parti communiste des Ardennes ni celle de l’UD-CGT n’étaient représentées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20367, notice COLLIGNON Auguste, Robert par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 avril 2013.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Nat. F7/12973 ; F7/13090. — Arch. Dép. Ardennes, 1 M 15 ; 3 M 7, 8 et 9. — Archives communales de Charleville-Mézières. — Liberté, 1945 à 1950. — Le Débat communiste, 15 janvier 1964 ; 10 juillet et 10 août 1968. — Presse locale. — Notice DBMOF par Henri Manceau. — État civil de Paris (mairie du VIe arrondissement) et de Charleville-Mézières.

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