BOILLE Pierre [Pseudonyme dans la Résistance : Guy]

Par Eric Panthou

Né le 6 janvier 1927 à Saint-Angel (Puy-de-Dôme) décédé le 19 décembre 1995 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; ouvrier de l’aéronautique ; révoqué ; militant de la Confédération générale du Travail (CGT) ; membre du Parti communiste (PCF) ; résistant au sein des Francs-Tireurs et Partisans (FTP).

Son père, d’origine paysanne, était devenu ouvrier Michelin peu avant la naissance de Pierre. Il adhéra plus tard à la CGT puis au PCF et habitait la cité Michelin de la Plaine. Pierre Boille a fait ses études à l’école Michelin Charasse puis à la Mission, école professionnelle Michelin. Il obtint un brevet professionnel d’ajusteur-tourneur.
Il se maria en 1952 à Clermont-Ferrand, il eut un fils et une fille.
Pierre Boille a rejoint les FTP à l’âge de 17 ans et demi. Il a rejoint le maquis dans le secteur de Saint-Angel (Puy-de-Dôme) à partir du 27 mai jusqu’au 28 août 1944. Il appartenait au Camp Gabriel Péri et au maquis des Fades. Il a notamment participé à la spectaculaire évasion de la prison de Riom, organisée le 13 août 1944 sous le commandement de Jean Bac, dit Lenoir. Il participe aussi à un accrochage avec des troupes allemandes dans un train à la gare d’Aigueperse.
Son père Antoine Boille, membre de l’état-major FTP du département, avait été arrêté le 22 juillet 1944 chez lui, par la Milice. Celle-ci déclara chercher également Pierre Boille. Son père fut torturé et fusillé sommairement mais son corps ne fut pas identifié. A la fin de la guerre, Pierre Boille était régulièrement convoqué pour reconnaître son père, chaque fois qu’un cadavre était déterré....Sa vie en fut à jamais marquée.
Il a continué à agir au sein de sa formation après la Libération jusqu’au 9 septembre 1944 puis il s’est engagé dans les troupes régulières jusqu’à la fin du conflit. Il a été rappelé sous les drapeaux très peu de temps après sa démobilisation, la troupe étant envoyée dans le Pas-de-Calais pour réprimer la grève des mineurs. Il aurait été libéré en 1948 après avoir été affecté dans le Doubs.
Sa mère ne s’étant jamais remise de la disparition de son mari, Pierre Boille se retrouve chargé de famille en devant élever sa soeur de 12 ans après 1954.
Il est embauché à l’Atelier industriel de l’Air (AIA) à Aulnat (Puy-de-Dôme) et devient Secrétaire de la CGT. En septembre 1950, il subit une mise à pied pour avoir diffusé l’Appel de Stockholm. Puis il est révoqué le 11 janvier 1951 pour avoir à l’intérieur de l’usine proféré “des accusations inexactes et injurieuses pour le Ministre” lors d’une grève survenue la veille. Il avait déclaré : “ Maroselli vient de se voter 10 000 francs de plus par mois, mais ne veut rien donner à l’ouvrier”. La fédération CGT des Travailleurs de l’Etat n’a jamais cessé d’œuvrer pour la réintégration de ces syndicalistes licenciés abusivement.
Pierre Boille sollicite sa réintégration en application de loi d’amnistie votée le 6 août 1953 mais le ministère refuse, l’amnistie n’obligeant pas au réemploi dans la fonction publique.
Pendant près de vingt ans, il n’a pu trouver de travail dans les grandes entreprises clermontoises, ne trouvant des emplois que dans des petites structures, avec des salaires bien inférieurs à celui qu’il avait au moment du licenciement. Il réussit néanmoins à passer avec succès un essai chez Michelin, mais deux jours avant le résultat il recevait un télégramme de ne pas se présenter comme convenu.
Il fut finalement réintégré à l’AIA en 1969 mais sa vie fut alors extrêmement difficile.
Naturellement, la plupart de ses anciens collègues avaient acquis des postes supérieurs et par ailleurs Pierre Boille se retrouvait en partie dépassé en raison de l’évolution des technologies. Il vécut ce retour à l’entreprise comme une mise au placard attendant la mise à la retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article203716, notice BOILLE Pierre [Pseudonyme dans la Résistance : Guy] par Eric Panthou, version mise en ligne le 23 mai 2018, dernière modification le 3 mars 2021.

Par Eric Panthou

Sources : Lettre du Ministère de la Défense à Pierre Boille, 18 octobre 1954 (archives privées Andrée Boille).— Certificat d’appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur, signé du général de Hesdin, 29 septembre 1949 (Service Historique de la Défense).— SHD Vincennes, dossier 19 P 63/5 : Liste des membre de la formation Gabriel Péri ou 12e Bataillon comprenant 1103e, 1104e, 1105e et 1106e compagnie FTPF du Puy-de-Dôme, avec durée des services homologuées .— Courriel d’Andrée Boillet à Eric Panthou, 22 mai 2018.— PV du bureau de l’UD CGT, 26 septembre 1950, archives Robert Marchadier, conservées par Eric Panthou .— “Quelques exemples de révocations arbitraires”, La Défense : organe de la Section française du Secours rouge, juillet 1954.— Courriel d’Andrée Boille à Eric Panthou, 8 mai 2018.— Jean Bac, Avec les maquisards, Aubière, J. Drouin, 1978.—"Les retrouvés", billet de Marie Causse sur son blog : https://lodeurdelavillemouillee.wordpress.com/2016/03/01/les-retrouves/

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