BÉGUIN Roger, Émile, Arthur

Par Frédéric Stévenot

Né le 27 septembre 1913 à Montloué (Aisne), mort le 13 mai 1945 en déportation à Bergen-Belsen (All.) ; marié ; cultivateur ; résistant ; Juste parmi les Nations.

Marié à Madeleine Corneille, née le 16 juin 1912 à Cuiry-lès-Iviers (Aisne), qui mourut le 5 novembre 2005 dans cette même commune.

Roger Béguin fit partie du groupe OCM d’Émile Fontaine, dans le secteur de Rumigny et Signy-l’Abbaye (Ardennes) qui rayonnait dans l’Aisne, dans le canton d’Aubenton. Le groupe comprenait une filière d’aide aux prisonniers de guerre français évadés, aux aviateurs alliés, aux Juifs du camp des Mazures, aux réfractaires du STO. Il fut arrếté le 8 mars 1944.

Pierre Massé, René Lesur, Roger Béguin et Léon Franssen furent déportés en deux temps. Roger Béguin (matr. 30359) et Pierre Massé (matr. 31556) furent les premiers à partir, avec le convoi I.214 vers le KL de Neuengamme, au départ de Compiègne le 21 mai 1944.
Roger Béguin mourut avant son rapatriement de Bergen-Belsen ; il était resté pour aider les autres déportés, et mourut du typhus.

Roger Béguin fut homologué FFI et DIR (GR 16 P 43561), et reconnu « mort pour la France » (AC 21 P 17151) à titre militaire. Il obtint la médaille de la Résistance à titre posthume (décret du 24 mai 1957 ; JO du 29 mai 1957). L’arrêté du 20 mai 1987 du secrétariat d’État aux anciens combattants (JO du 18 juillet 1987, p. 8045) autorisa l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur ses actes de décès.

Son nom figure sur le monument commémoratif de Brunehamel (Aisne) le monument aux morts de Cuiry, et le mémorial de Berthaucourt, à Charleville (Ardennes).

Avec sa femme Madeleine, Roger Béguin fut distingué le 25 mars 2012 par l’attribution de la médaille des Justes. Leur nom est donc inscrit à ce titre dans l’Allée des Justes, près du Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy-l’Asnier à Paris, et sur le mur d’honneur du Jardin des « Justes parmi les Nations » de Yad Vashem, à Jérusalem.
D’après les renseignements donnés par le Comité frnaçais des Justes, « Monsieur et Madame BEGUIN ont hébergé toute la famille Flaum. [...] le père, Pinkus, né le 12 novembre 1895 à Rawa (Pologne), arrive en France en transitant par l’Allemagne en 1920. La mères Sarah Malka Maguid, née le 14 mars 1899 à Odessa (Russie), vient en France en 1924. Ils se marient en 1925 et ils ont eu 2 filles, Estelle et Denise.
Avant la guerre la famille habite 55 rue Marcadet 75018 Paris. Le père travaille comme ébéniste dans le quartier du Faubourg Saint-Antoine , puis comme brocanteur au Marché aux Puces de Saint-Ouen.
Le 16 juillet 1942, la police vient arrêter la famille mais, prévenue par une commerçante de leur rue, tout le monde se cache dans l’atelier du père près de Saint-Ouen pendant environ 6 semaines.
Par l’intermédiaire de l’UGIF, en septembre 1942, ils arrivent au camp de travail du Radois par Chaumontagne, dans les Ardennes.
Le 5 janvier 1944, le commandant S.S. ordonne l’arrestation de tous les Juifs des camps des Ardennes, la famille désobéit à l’ordre de rassemblement pour monter dans les cars direction Drancy et Auschwitz. Ils se cachent et 4 jours plus tard, ils arrivent à Cuiry-lès-Iviers.
Monsieur Béguin et son épouse sont à la tête d’une grande exploitation agricole. Ils reçoivent la famille Flaum à bras ouverts et leur attribuent une pièce avec des lits dans une maison annexe. Ils leur fournirent vêtements et nourriture. Ils savent bien sûr qu’ils sont juifs. Estelle travaille à la ferme mais souligne qu’elle a été traité avec gentillesse et respect ; les Béguin l’ont vouvoyée pendant tout son séjour à la ferme.
Après l’arrestation de M. Béguin, le 8 mars 1944, sa femme prend le relais pour continuer à protéger la famille. Mais la ferme est surveillée par la Milice française. Devant les dangers, la mère est placée comme aide-ménagère chez un couple de personnes âgées, dans une maison du village ; le père y reste caché. Denise est placée chez une vieille dame Mme Dequin.
Madame Béguin a fourni gratuitement jusqu’à la libération de quoi nourrir et vêtir la famille, autant aux Pêcheux qu’à Mme Dequin.

Monsieur Flaum et sa fille aînée ont assisté à la cérémonie d’hommages rendus à M. Béguin pour ses actes héroïques de résistance.

Monsieur David Dawidowicz indique dans son témoignage que ses parents, qui se trouvaient dans un camp de travail également dans les Ardennes, ont été aidés par M. Béguin, qui leur a fourni des faux papiers et qui les a conduit lui même chez des fermiers des environs. Monsieur Dawidowicz a réalisé quelques missions pour M. Béguin en raison de sa connaissance de l’anglais et de l’allemand.

Monsieur Béguin, grand résistant qui a sauvé de nombreuses personnes juives et des résistants, a été dénoncé et arrêté ; il mourra en déportation en 1945. Sa femme a œuvré à ses côtés et après son arrestation dans le même but : sauver des vies.

Le 17 mai 2011, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Roger Béguin et son épouse Madeleine » (dossier n° 12113).

Le site indique la liste des personnes sauvées par le couple : M. David Dawidowicz ; M. Pinkus Flaum ; Mme Sara Flaum (née Maguid) ; Mme Denise Landzberg (née Flaum) ; Mme Estelle Lubicki (née Flaum).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204164, notice BÉGUIN Roger, Émile, Arthur par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 7 juin 2018, dernière modification le 13 mai 2019.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. SHD, dossiers adm. des résistants. Liste des médaillés de la Résistance à titre posthume, 1948. — Sites Internet : FMD ; arr. du 20/5/1987 ; Mémoire des hommes ; Comité français des Justes.

ICONOGRAPHIE. Comité français des Justes

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