DUSART Étienne

Par Yves-Claude Lequin, Jean-Louis Ponnavoy

Né le 4 juin 1898 à Auchel (Pas-de-Calais), suicidé pour ne pas parler le 14 mai 1944 à Dole (Jura) ; cheminot ; militant communiste puis socialiste, militant syndical de la CGT du Jura ; résistant réseau Buckmaster et FTP.

Étienne Dusart était le fils d’Henri, houilleur et de Marie Rosalie Boulet, ménagère. Il se maria le 11 septembre 1918 à Dole avec Émilie Françoise Doilon.
Venu vraisemblablement à Dole (Jura) vers la fin des années 1920 comme mécanicien aux chemins de fer PLM, Étienne Dusart (écrit parfois Dussart ou Dussard) fut présenté aux élections municipales à Dole sur la liste communiste : il recueillit personnellement 166 voix sur 3 251 suffrages exprimés, alors que la moyenne obtenue par cette liste était de 282 voix ; il devait donc être encore relativement peu connu. C’est peu après ces élections qu’il quitta le Parti communiste, à la suite de l’exclusion de Lucien Constantin ; il s’affirma dans l’opposition à l’intérieur de la CGTU notamment contre la subordination de la CGTU au Parti communiste et se déclara, en décembre 1929, partisan du passage à l’autonomie.

Peu après, il militait à la CGT et se signalait par des interventions très anti-unitaires ; il avait également adhéré au Parti SFIO, dont il fut élu candidat lors des élections municipales de mai 1935 : il totalisa 695 voix sur 3 364 suffrages exprimés.

En novembre 1933, il était dit secrétaire provisoire de la Bourse du Travail de Dole. Il assura définitivement cette fonction, en remplacement de Paul Schwenck, à partir de 1934 et demeura vraisemblablement secrétaire jusqu’à la dissolution des organisations syndicales en 1940.

Il était manœuvre spécialisé à la SNCF selon le mémorial des cheminots ou conducteur selon La Voix du Jura.
Sous l’Occupation, Étienne Dusart participa à la Résistance, facilitant à des prisonniers puis à des réfractaires le passage de la ligne de démarcation. Il entra dans la Résistance au réseau Buckmaster en février 1943 puis il devint chef d’un groupe de francs-tireurs et partisans français (FTPF) la même année. Il adhéra à nouveau au Parti communiste clandestin. ll participa à de nombreuses missions clandestines (distribution de tracts, réception d’armes, presse clandestine de la Résistance, fabrication de fausses cartes d’identité, etc.) Il sabota la rotonde de la gare de Dole. À la suite de la découverte d’une cache d’armes par les allemands, il fut arrêté par la Gestapo le 13 mai 1944. Conduit à la caserne Brach, il fut durement interrogé et même torturé. Afin de ne pas parler, il s’étrangla dans sa cellule avec son foulard dès sa première nuit de détention.
Il fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile de vermeil et obtint la mention « Mort pour la France » portée sur son acte de décès. Le titre d’Interné résistant lui fut attribué en 1958.
Son nom figure sur les plaques commémoratives 1939-1945 à la mémoire des agents de la SNCF en gare et au pied du monument aux morts, à Dole (Jura).

La municipalité de Dole donna, le 30 août 1945, son nom à une rue de la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204172, notice DUSART Étienne par Yves-Claude Lequin, Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 8 juin 2018, dernière modification le 3 avril 2019.

Par Yves-Claude Lequin, Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Arch. Dép. Jura, M. suppl. 180, M suppl. 239, M suppl. 271. — Arch. Com., Dole, 7 F 3 et 1 K 3. — Registre des délibérations municipales. — Fichier de Mme Baud, correspondante du CHG. — Le Semeur ouvrier et paysan, 25 novembre et 28 décembre 1929. — Maurice Pagnon, sa vie et son œuvre, s.d., éditée par le PCF, p. 22 et 23.— Les martyrs dolois de la Résistance, journal La Voix du Jura du 8 septembre 1994.— Véronique Desormeaux et Henri Dropsy, notice" Étienne Dusart" dans Cheminots victimes de la Répression 1940 1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris 2017.— État civil (naissance). — Note de Jean-Pierre Besse.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable