LE RIGOLEUR Émile, Jean, Marie

Par Daniel Grason

Né le 2 février 1903 à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 5 janvier 1986 à Brignoles (Var) ; ouvrier décolleteur ; militant communiste ; résistant de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; déporté à Sachsenhausen (Allemagne).

Fils de Pierre et de Marie, Josèphe née Le Coq, Émile Le Rigoleur épousa en première noce Louise Faquet le 20 mars 1926 en mairie de Clichy-la-Garenne, puis le 22 août 1931 dans la même mairie, il épousait Antoinette, Émilie Zollo. Le couple habita 36, rue du Gros-Orme à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), deux garçons naquirent Émile en 1930 et Jacques en 1935. Il travaillait comme décolleteur dans une entreprise d’Asnières, ville mitoyenne de Gennevilliers.
Le 22 septembre 1939 par décret-loi le gouvernement Daladier-Reynaud mettait le Parti communiste hors la loi, toute activité était interdite.
Le 10 décembre 1940 des inspecteurs du commissariat de Puteaux se présentèrent au pavillon où vivaient les familles Lecompte et Le Rigoleur. À la vue des policiers Émile Le Rigoleur s’enfuyait, un inspecteur tira et courut à sa poursuite sans succès. Lors de la perquisition les policiers se rendirent compte que les lieux qui étaient occupés par les deux familles, et qu’il n’y avait aucune séparation entre les pièces occupées par les uns et les autres.
Antoinette Le Rigoleur déclara qu’elle n’avait pas vu son mari depuis quelques temps. Un inspecteur lui affirma qu’il venait d’être blessé d’un coup de revolver alors qu’il s’enfuyait. Elle « pâlit » et « sanglota » selon le rapport de police et elle reconnut que s’était bien lui qui venait de prendre la fuite. La perquisition du rez-de-chaussée fut infructueuse.
Dans une pièce du premier étage étaient installées deux machines à ronéotyper, des paquets de papier blanc et des tracts. Sur l’une des ronéos, un stencil portant l’en-tête de l’Humanité n° 91 datée du 3 décembre 1940, en titre « La “Révolution nationale” des saltimbanques de Vichy, c’est simplement la réaction antinationale des oligarchies capitalistes. »
« Dans tous les pays capitalistes, les peuples sont traités en esclaves.
En U.R.S.S. pays du socialisme, règnent le bien être, la liberté et la paix. »
« A bas le capitalisme ! »
« Vive la République française des Soviets ! »
Des paquets contenant les tracts étaient prêts pour la diffusion.
En janvier 1941, Émile Le Rigoleur se présenta de la part de Raymond Aubrun, ex-responsable de la CGT, chez Arthur Moreau sympathisant communiste de Villeneuve-la-Garenne. Celui-ci habitait un pavillon au 47 boulevard Galliéni. Moreau acceptait qu’une ronéo soit installée dans son grenier.
Le 4 décembre 1942 vers 10 heures 30, deux membres de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat du XVIIe arrondissement interpellaient un homme qui déclara se nommer « Charme ». Il portait sur lui des outils et une somme de 42 500 francs. Emmené au commissariat de Courbevoie, l’enquête menée fit apparaître que « Charme » se nommait en réalité Émile Le Rigoleur. Il demeurait 12 rue Chartran à Paris (XVIIe arr.). Dans la même affaire les policiers interpellaient Paul Géral pour « propagande communiste ».
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, Émile Le Rigoleur a été incarcéré à la prison de la Santé le 5 décembre 1942, puis courant mars 1943 à Fresnes.
Le 8 mai 1943, Émile Le Rigoleur était dans le convoi de 960 hommes qui partit de Compiègne à destination de Sachsenhausen (Allemagne). Il fut affecté au Kommando de travail des usines Ernst Heinkel, les blocks des déportés alternaient avec les halls de fabrication des avions, puis au Kommando Klinker. Les bâtiments comprenaient une briqueterie et une usine où étaient fabriquées des grenades de Panzerfaust. Il s’agissait de petits lance-grenades antichars sans recul à un coup destinés aux fantassins.
Le camp de Sachsenhausen a été libéré le 22 avril 1945 par une unité de la 47e Armée Soviétique, 40% des déportés de ce transport étaient morts, matricule 66295 Émile Le Rigoleur était vivant.
Il divorça de son épouse Antoinette en 1945, se remaria le 10 janvier 1948 avec Gaétane, Charlotte, Éliane Farin à Paris. Émile Le Rigoleur a été homologué au titre de Résistance intérieure française (RIF). Il mourut le 5 janvier 1986 à Brignoles (Var).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204251, notice LE RIGOLEUR Émile, Jean, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 juin 2018, dernière modification le 2 mars 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/11 dossier 111 (Lucien Carcedo et autres), AN Z/4/71 dossier 501 (dossier Le Rigoleur), AN Z-6-109 (transmis par Laurent Dingli). – Arch. PPo. KB 24, 221W 2. – Bureau Résistance GR 16 P 365183. – Base FMD des Hauts-de-Seine. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil numérisé E_NUM_CLI_N1903 acte n° 104.

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