COLPIN Jean, Pierre, Marie, Jacques

Par Odette Hardy-Hémery, Claude Willard

Né le 26 avril 1928 à Jumilhac-le-Grand (Dordogne), mort le 18 janvier 1985 à Paris (XIXe arr.) ; employé, puis permanent ; militant communiste et syndicaliste ; secrétaire fédéral du Parti communiste dans le Nord (1955-1970) ; membre du comité central (1970-1985), du bureau politique (1973-1985) et du secrétariat (1976-1982) du PCF.

Jean Colpin naquit en Dordogne d’un père notaire, né à Lille le 19 janvier 1895, et d’une mère sans profession, originaire de Levroux (Indre). Marquée par la mort de sa mère alors qu’il avait deux ans, sa petite enfance se passa en Dordogne où il fit ses études primaires à Jumilhac-le-Grand. Quelques années après, son père le délaissa pour s’installer à Paris comme administrateur de société. Jean Colpin fut alors recueilli à Lille (Nord) par ses grands-parents paternels. D’où un sentiment d’abandon qui marqua durablement sa personnalité. Ses grands-parents, catholiques et humanistes, firent poursuivre à Jean Colpin ses études primaires, puis secondaires dans l’enseignement privé. Mais Jean Colpin abandonna en classe de première pour entrer à l’École des Beaux-Arts de Lille, avec l’objectif de devenir architecte.

Jean Colpin interrompit définitivement ses études en 1949 pour chercher du travail à Paris. Il fut d’abord embauché chez Citroën, puis, comme cadre dans une briqueterie de Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). En octobre 1951, il épousa Françoise Bonvalet (voir Françoise Colpin*). Le couple eut trois enfants : Nathalie, Perrine, François.

Le ménage Colpin s’installa à Lille, retrouvant les racines familiales et ses amis (de nombreux artistes notamment). Jean Colpin travailla d’abord dans un laboratoire de Kuhlmann, puis à la direction des achats de Massey-Ferguson, usine fabriquant du matériel agricole, notamment des tracteurs.
Jean et Françoise Colpin adhérèrent ensemble au PCF, en février 1952. Intriguée par l’adhésion conjointe de ces deux jeunes, issus de milieux plutôt de droite, Martha Desrumeaux* vint les voir et Jean Colpin devint rapidement son fils adoptif.

Jean Colpin adhéra à la CGT en mars 1952 et, en juin 1953, devint délégué du personnel. À la fin de 1953, il fut élu secrétaire du comité PCF de l’usine. Après une école interfédérale (fin janvier 1954), il devint secrétaire de la section communiste de Saint-André (dont dépendait son entreprise) et, toujours en 1954, fut élu membre de la commission fédérale de contrôle financier.

Élu le 13 novembre 1955 au secrétariat fédéral, aux côtés de Gustave Ansart, Léon Legrand et Hector Viron, Jean Colpin, responsable de l’organisation, devint permanent. En juillet 1956, il fut délégué au congrès national du Havre. Comme secrétaire à l’organisation, Jean Colpin contribua fortement à l’élargissement de l’implantation communiste dans les entreprises (mines, métallurgie...) du Nord, tout en conservant des liens étroits avec les milieux intellectuels.

Au cours de l’été 1963, Maurice Thorez* voulut tester, sur Jean Colpin, l’expérience d’élargir les réunions du bureau politique à des secrétaires fédéraux afin que ceux-ci apprennent à mieux connaître la vie de la direction ; l’essai n’étant point jugé concluant par Jean Colpin, il ne fut pas renouvelé. La même année, Jean Colpin dirigea une école centrale du PCF.
Jean Colpin fut élu membre suppléant du comité central au XIXe congrès (février 1970). Les Colpin déménagèrent, d’abord à Fontenay-le-Fleury (Yvelines), puis à Paris dans le XIXe arr. Jean Colpin devint l’adjoint de Paul Laurent au secteur Jeunesse. Françoise Colpin entra à l’Humanité-Dimanche.

À l’issue du XXe congrès (décembre 1972), où il intervint sur « la jeunesse, levain de l’unité populaire », Jean Colpin fut titularisé au comité central et élu au bureau politique comme responsable du secteur Jeunesse.

Après le XXIe congrès (novembre 1974), Jean Colpin devint responsable du nouveau secteur - un des plus importants de l’organisation communiste -, celui des entreprises et du travail parmi les immigrés. Il parcourut alors la France d’usine en usine et, en 1979, il rédigea, avec la collaboration de militants de quarante-trois entreprises, un livre intitulé Communistes à l’entreprise, des travailleurs témoignent. Mais Jean Colpin souffrait de plus en plus de son asthme. Il fut plusieurs fois candidat, sans succès, aux élections législatives dans le Nord et dans les Yvelines.

Lors du XXIIe congrès du PCF tenu en février 1976, Jean Colpin devint membre titulaire du bureau politique ainsi que secrétaire du comité central. Au cours de ce congrès, son discours sur la question du parti dans les entreprises fut considéré comme l’un des plus durs sur les rapports avec les socialistes. Jean Colpin continua à s’occuper des entreprises, mais peu à peu l’influence du PCF dans ce secteur et dans les autres se dégrada.

Après les échecs électoraux cuisants de 1981, Jean Colpin servit de bouc émissaire et c’est cette évolution négative, à laquelle sans doute il ne pouvait pas grand-chose, que Jean Colpin paya au XXIVe congrès du Parti communiste en février 1982. Rétrogradé au bureau politique, il fut démis du secteur Entreprises confié à Jean-Claude Gayssot, nouvel arrivant au bureau politique. Il fut également remplacé au secrétariat du comité central par André Lajoinie. Mais Georges Marchais insista pour que, en pleine affaire Juquin, Jean Colpin demeurât au bureau politique. Bien que ressentant un impérieux besoin de changement, Jean Colpin, au tempérament à la fois de rebelle et de soldat, se résigna et ne marqua jamais d’opposition à la direction du parti. Il fut alors chargé (aidé par Jean Garcia) de s’occuper de l’aide à la promotion et de la formation des cadres du parti, et appartint jusqu’à la fin à la petite équipe qui, avec Maxime Gremetz et Jean-Claude Gayssot, entourait Claude Poperen, responsable des fédérations.

Malade, souffrant par ailleurs d’une grave dépression, liée à des questions familiales et au contrecoup du XXIVe congrès, Jean Colpin se suicida le 17 janvier 1985, à l’âge de 56 ans. Dans sa dernière lettre à sa femme Françoise, il écrivit notamment : « Il faut qu’il soit clair que j’adhère profondément à la démarche du Parti... Les raisons physiques et nerveuses : voir dossier médical. Pas de bidon. Je devine qu’il y aura beaucoup de spéculations sur mon suicide. D’avance, je les récuse. Vive le 25e Congrès ! »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20428, notice COLPIN Jean, Pierre, Marie, Jacques par Odette Hardy-Hémery, Claude Willard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 mai 2010.

Par Odette Hardy-Hémery, Claude Willard

ŒUVRE : De nombreux articles dans les Cahiers du communisme, les Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, Économie et Politique. — Communistes à l’entreprise, des travailleurs témoignent, Éd. sociales, 1979.

SOURCES : Arch. fédération PCF du Nord. — Arch. comité central du PCF. — Interview de Françoise Colpin, 1997.

ICONOGRAPHIE : Arch. de Liberté.

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