HOHN Balthasar (Baltasar Mathias Hohn) dit aussi Balthazar Hohn de Boer

Par Jacques Defortescu, Françoise Saunier

Né le 17 février 1850 à Linz am Rhein (Allemagne), mort le 22 juillet 1937 à Paris 3e arr. ; anarchiste d’origine allemande, actif en Belgique puis en France, se rapproche des milieux socialistes.

Balthasar Hohn est né le 17 février 1850 à Linz am Rhein en Allemagne, de Matthias Hohn employé de poste, et de Maria Hohn née Casper. Il est le dernier enfant de la famille, sa sœur ainée était d’une vingtaine d’année plus âgée que lui. Né prématuré, il fut baptisé le jour même à l’église Saint-Martin. Ses parrains et marraine furent Balthasar Niedere et Catharina Unkel.
Hohn quitta le milieu familial à l’âge de dix ans.
Il fit d’après sa petite fille Hélène, sa première fugue dès sa communion, parce que , dit la mémoire familiale, il y avait des carottes au repas qu’il détestait. Après la mort de son père, maître de poste, il devint vagabond jusqu’à sa rencontre avec un photographe néerlandais qui l’initia à la photographie et l’emmena à Rotterdam, ou il lui échappa de nouveaux.
Il avait à peine 15 ans, travaillant comme journalier, ou comme apprenti photographe, cantonnier, poseur de rail . Il s’inscrivit au centre de volontaires de Harderwijk, auprès de l’armée coloniale des Indes orientales et occidentales, mais déserta après avoir touché sa prime d’engagement, traversant les Pays-Bas et le Luxembourg dans tous les sens.
Balthasar Hohn résida à partir de 1871 en Belgique. Il habita à Malines, Turhout, Gand et Willebrock. En novembre 1874, il s’établit en tant que photographe à Bruxelles au 9 rue Coenraets à Saint Gilles et en 1880 au 39 rue de Hollande..
D’après certaines sources, Hohn aurait épousé sa concubine, mais les sources policières déclarent le contraire. Ils eurent malgré tout deux enfants que Hohn reconnaîtra. En raison de ses antécédents, Hohn parlant couramment l’allemand et le néerlandais, et rapidement le français à Bruxelles.
Il y rencontra le vieux révolutionnaire "Vater" Rottmeyer et plus tard Karl Söhnle. qui lui enseigna les idées socialistes. Finalement suite à ces lectures, Hohn devint anarchiste. Très connu à Bruxelles, il s’était constitué une bibliothèque privée qui compta plusieurs centaines de livres. De 1878 à 1880, Hohn fut un des piliers des cercles de réfugiés allemands "Deutscher Leseverein" . En 1879, il abandonna son comité d’ agitation clandestin, puis fin septembre Ehrhart lui succéda comme leader à Bruxelles.
Hohn l’anarchiste était un fervent partisan du journal Die Freheit de Most, il avait de bons contact avec les socialistes belges, et surtout avec les évolutionnistes flamands. Entre 1877 et 1879, il fut membre de la section flamande du Parti socialiste belge de Saint-Jans Molenbeek. Fin 1879, il fréquenta le "Cercle Démocratique" et début 1880 il chercha le rapprochement avec les révolutionnaires et anarchistes de Bruxelles. Hohn en tant qu’exilé apatride fut alors politiquement très actif. Il appela les Allemands à assister aux réunions des anarchistes de Bruxelles et s’abonna au journal le Drapeau rouge.
Il participa avec Joseph Saelzawka au congrès national du BSP (Parti Socialiste Belge) du 16 au 17 mai 1880 à Bruxelles. Critiquant les révolutionnaires du groupe " Les Cercles Réunis" dont il fut un initiateur, il participa au nom de la "Leserverein" au congrès national révolutionnaire qui eut lieu à Bruxelles le 19 septembre 1880. Le 20 septembre 1880, il fit un exposé sur les thèses révolutionnaires de Bakounine. Il devint alors adepte de la "propagande par le fait" et des formes d’organisation conspiratives. Dès le printemps 1880, il fit sur le nihilisme russe le commentaire suivant : " Si les nihilistes ne professent pas justement les mêmes principes que nous, au moins nous tracent-ils le vrai chemin à suivre. A bas les despotes ! vive le nihilisme !" Pour Hohn, cela signifiait entre autres qu’il fallait constituer un stock d’armes, ce à quoi sa femme aurait dit :" Voilà de quoi nous armer lorsque la révolution éclatera" et Hohn lui répondit :" Le bon révolutionnaire doit faire abstraction ; il ne s’appartient plus à lui-même, ni à sa famille, mais bien à la révolution et si l’intérêt de celle-ci exige qu’il s’arme d’un poignard ou d’un revolver, il doit agir et ne pas hésiter."
Le 7 novembre 1880, Hohn reçu une lettre d’expulsion du tribunal. Il dut quitter le pays. Il partit alors pour Paris. Sa famille le suivit plus tard. Le Leseverein de Bruxelles organisa alors des concerts de solidarité pour soutenir sa famille. Au congrès international de Londres le 14 juillet 1881, il représenta les groupes socio-révolutionnaires de Paris et de Darmstadt (voir Gustave Brocher). Il revint encore une fois en Belgique en 1891, lors du Congrès international ouvrier socialiste des 16 au 23 août 1891.
Expulsé de Bruxelles, il connut alors une période de disette à Paris, faisant tous les menus travaux, jusqu’à curer les égouts. Il remonta ensuite la pente ; redevenu photographe, il se déplaçait avec sa propre voiture. Il se lia alors avec les socialistes français de la Grange-aux-Belles.
Il serait entré à l’Humanité, où il fut un spécialiste de l’Allemagne, jusqu’à l’assassinat de Jaurès.
Il mourut à 87 ans, le 22 juillet 1937, à son domicile, 11 rue des Fontaines, Paris 3e arr. Sa famille fut connue sous le nom de Hohn de Boer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204291, notice HOHN Balthasar (Baltasar Mathias Hohn) dit aussi Balthazar Hohn de Boer par Jacques Defortescu, Françoise Saunier, version mise en ligne le 16 juin 2018, dernière modification le 13 janvier 2020.

Par Jacques Defortescu, Françoise Saunier

SOURCES : Monographie de Françoise Saunier. — Entrevue de juin 2018 avec son arrière petite fille Micheline Laigre. — Etat civil de Paris. — Die Hintermänner der Socialdemokratie, von einem Eingeweihten [Karl Schneidt], H. Conitzers Verlag, W., Nettelbeckstr. 4, Berlin 1890.

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