REBOA Francis [pseudonymes dans la Résistance : André, Pétrus]

Par Annie Pennetier, Jean-Marie Guillon

Né le 18 octobre 1915 à Nice (Alpes-Maritimes) ; prothésiste dentaire, épicier ; cadre communiste dans les Alpes-Maritimes ; résistant Front national (FN) et responsable Franc-tireur et partisan (FTP).

Fils de Baptistin Reboa, marin, et de Joséphine Di Pino, employée de commerce, Francis Reboa avait une formation de prothésiste dentaire, mais il tenait une épicerie à Nice avec sa femme Yvonne, née Soppelsa à Nice, le 6 février 1913. Ils s’étaient mariés à Nice, le 10 juin 1937. Militant communiste, Francis Reboa alias André était un cadre du Parti communiste clandestin. Il avait d’abord été chargé de constituer le FN en 1941, ou plus vraisemblablement en 1942, sous la direction de Marcel Guizard*. Il participa peu après à la mise sur pied du ou des premiers groupes de FTP niçois avec Laurent Giaume et Charles Faraut. Le premier groupe aurait été créé dans le quartier Saint-Roch en 1942. C’est à cette époque et dans ce cadre que Reboa contacta Gabriel Pica*. Organisant des collectes pour les emprisonnés et les illégaux, diffusant la propagande, recrutant, Reboa faisait preuve de beaucoup d’activité. Il avait installé un centre d’impression où furent ronéotypés les appels communs contre la Relève signés par les mouvements clandestins et les organisations communistes en novembre 1942 et janvier 1943. Il créa le petit journal du FN des Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes intitulé Pour que vive la France. Son épouse, Yvonne, aurait été dénoncée par une femme qui l’aurait entendue appeler à une manifestation de femmes pour le ravitaillement. C’est du moins ce que raconta Reboa à Guizard, mettant sur le compte de cette dénonciation la descente de police dont il fut l’objet, le 30 avril 1943. Cela ne transparait pas des enquêtes de police et il est bien plus probable que l’activité importante qu’il déployait ne soit pas passée inaperçue. Son domicile, 15 boulevard de l’Armée-des-Alpes, fut perquisitionné par les Renseignements généraux le 30 avril, ce qui permit la découverte d’un important ensemble de documents : deux listes de militants dont le nom était codé, mais les autres indications (prénoms, année et département de naissance, profession, fonctions, observations) en clair, une liste noire partiellement conservée, quinze fiches biographiques, quarante-cinq jeux de titres de rationnement du mois de mai, un tract « A bas la Milice hitlérienne », des « Notes aux régions », des rapports, de la correspondance, un compte de caisse arrêté au 23 avril, quatre formules de certificat de travail, quatre listes de noms réclamant un meilleur ravitaillement cachées dans une statuette, deux mille francs. Dans la chambre de la sœur d’Yvonne, furent trouvés deux notices codées et Le Cri des Travailleurs caché dans une ceinture de femme. Ces documents attestent des responsabilités départementales de Reboa et de sa probable appartenance au « service cadres » pour les FTP au moins. La police avait trouvé Francis Reboa alité, sous prétexte d’une blessure au pied. Il réussit à s’enfuir par la fenêtre en passant par l’immeuble voisin. Yvonne fut arrêtée avec les six autres personnes qui se trouvaient dans l’appartement - la sœur d’Yvonne, son frère Antoine et son épouse, Léonard Allo, Marie-Jeanne Martino et Delphine Cevasco - qui furent inculpées de reconstitution de ligue dissoute, détention de tracts subversifs, soustraction et détention de feuillets de rationnement.
Au total, la police trouva dans les documents saisis deux-cent-treize noms. Elle put casser le codage et soixante-cinq militants furent identifiés. La plupart étaient des Niçois, mais d’autres résidaient dans des communes voisines (notamment Joseph Laurenti* d’Antibes-Juan-les-Pins) et, chose qui échappa à la police, également sur le littoral de l’Est-Varois (par exemple Alix Macario* de Cogolin). N’ayant pu être prévenus, quarante-deux de ces militants furent arrêtés par la police, du 3 au 6 mai, et écroués. Des tracts et des journaux clandestins (onze numéros de L’Humanité, Le Cri des Travailleurs, La Voix des travailleurs, La Tribune des mineurs) ainsi que La vie du Parti furent trouvés chez cinq d’entre eux. Onze militants ne purent être arrêtés car ils ne séjournaient plus chez eux et deux – Auguste Tortello* et Raoul Venturelli* - parce qu’ils se trouvaient en prison. Huit militants avaient pu fuir dont Georges Bonnaire* et Marius Castel*. Les inculpés furent jugés le 18 novembre 1943 par la section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Francis Reboa fut condamné par défaut à dix ans de travaux forcés, sa femme et Marie Lamberti, l’employée au Ravitaillement qui fournissait les feuillets d’alimentation, à deux ans de prison (elles furent déportées par les Allemands plus tard) ; sept autres inculpés furent condamnés à trois ans de prison, le plus souvent par défaut (dont Laurenti, Bonnaire, Edmond Brun*, lui aussi déporté plus tard), un à un an, les autres furent relaxés (dont Castel et Louis Settimelli*). D’autres militants furent inquiétés et interrogés, comme Gabriel Pica, mais, bien que l’affaire n’eut pas de suite pour eux, ils préférèrent se cacher ou rejoindre le maquis FTP, Pica par exemple. Francis Reboa fut d’abord « mis au vert » quelque temps, puis il fut muté et intégra l’état-major de l’interrégion FTP de Limoges (Haute-Vienne) avec le pseudonyme de Pétrus.
Divorcé le 13 juin 1952, Francis Reboa se remaria le 23 mai 1961 à Nice avec Jeanne Soppelsa.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204332, notice REBOA Francis [pseudonymes dans la Résistance : André, Pétrus] par Annie Pennetier, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 14 juin 2018, dernière modification le 23 janvier 2021.

Par Annie Pennetier, Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 8 W 51. — Henriette Dubois, "Nelly". En résumé... nous devons témoigner. Une vie militante... toujours en prise avec les événements, dactylographié, 78 p. + annexes, déposé à la bibliothèque du Musée de la Résistance des Alpes-Maritimes. p. 49. ⎯ Max Burlando, Le Parti communiste et ses militants dans la Résistance des Alpes-Maritimes, La Trinité, Fédération PCF des Alpes-Maritimes, 1974. — Marcel Guizard, Mémoires de Simon 1941-1945, Marseille, par l’auteur, 1990, p. 201. — état civil.

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