DUCHER Auguste, Eugène

Par Daniel Grason

Né le 3 juillet 1908 au Creusot (Saône-et-Loire), mort le 29 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; magasinier ; militant communiste de Malakoff et de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine) ; volontaire en Espagne républicaine ; interné administratif ; déporté à Auschwitz.

Fils de Philippe Ducher, manoeuvre, et de Jeanne Baudin, sans profession, Auguste Ducher épousa le 1er octobre 1938 Berthe Plazanet, ouvrière d’usine, à Vanves (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple vivait 62 rue de Châtillon à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine). Il se porta volontaire en Espagne républicaine dans les Brigades internationales. Il fut rapatrié le 8 janvier 1937 pour des « raisons de maladie et de démoralisation. »
Il travaillait depuis 1937 en qualité de magasinier à la Société Indépendante de Télégraphie (S.I.T.) 170 route de Montrouge à Malakoff. Il a été membre de la cellule communiste de l’entreprise. Le gouvernement Daladier-Reynaud ordonna par le décret-loi du 26 septembre 1939 la dissolution du Parti communiste. La direction de la S.I.T. considérait Auguste Ducher comme un « extrémiste ».
Le 24 septembre 1941 Auguste Ducher fut interpellé par des policiers à son domicile du 28 rue Camille Pelletan à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Il fut en application du décret du 18 novembre 1939 interné au centre de séjour surveillé de Rouillé (Vienne).
Son épouse Berthe écrivit le 25 février 1942 au Préfet de police. « Monsieur le Préfet, je n’ai que 24 ans et mon mari est toute ma vie. Pourquoi me direz-vous a-t-il été arrêté ? »
« Parce que d’esprit et de cœur droits, il était (bien jeune pourtant 33 ans) écœuré de la vie injuste réservé au malheureux, le communisme était là, il adhéra à ce parti comme il aurait pu aussi bien adhérer à un autre, mais vous n’ignorez pas l’influence qu’avait ce Parti dans la métallurgie, c’est pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre. »
« Est-ce un crime, monsieur le Préfet, je suis sûre que vous me direz non ! »
« C’est pourquoi je viens vous demander d’étudier le cas de mon mari et de me le rendre, car il faut que vous sachiez également que mon mari est orphelin depuis l’âge de 19 ans, que depuis cet âge, il travaille pour lui, pour moi ; qu’il est estimé par tous ceux qui le connaisse, et plus triste encore, puisqu’il était le seul soutien de deux frères prisonniers en Allemagne, le premier Antoine Ducher, Stalag X.C. n° 49.905, le second François Ducher de 24 ans, Stalag IA n° 19.545 F.Z. »
Le 1er avril les Renseignements généraux publiaient une note : « À la suite des attentats commis contre des membres de l’armée d’occupation, les enquêtes effectuées ont démontré que ces actes étaient l’œuvre d’anciens légionnaires ayant combattu dans les Brigades internationales d’Espagne. Par mesure de sécurité, plusieurs de ces derniers ont été internés administrativement. »
Le 22 mai 1942 Auguste Ducher quitta le camp de Rouillé avec d’autres internés, cent vingt-cinq seront internés avec lui au camp de Royallieu à Compiègne (Oise) administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il sera dans le convoi de qui partit de Compiègne le 6 juillet 1942 et arriva le 8 juillet au camp de concentration d’Auschwitz (Pologne).
Ce fut un convoi politique de 1170 hommes, composé essentiellement de militants communistes ou considérés comme tels, de quelques socialistes et radicaux, de syndicalistes de la CGT, de 56 juifs, d’anciens volontaires des Brigades internationales dont Fernand Godefroy, Charles Rouyer, Auguste Ducher…
Le convoi arriva à Auschwitz le, matricule 45493 Auguste Ducher y mourut le 29 septembre 1942. Son nom a été gravé sur le Monument aux morts de Montrouge.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204411, notice DUCHER Auguste, Eugène par Daniel Grason, version mise en ligne le 25 juin 2018, dernière modification le 25 juin 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. de Moscou Mfm 880/47, 545-2-112 (BDIC Nanterre). – Arch. PPo. BA 1982, BA 2374. – Claudine Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz : le convoi du 6 juillet 1942, dit des « 45000 », Éd. Graphein, Paris, 1997 et 2000, de la même auteure, Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éd. Autrement, 2005. Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site internet GenWeb. — État civil.

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