COMBE Pierre [Sarthe]

Par Gérard Boëldieu

Né le 19 avril 1912 à Auriac (Corrèze), mort le 10 mai 1992 au Mans (Sarthe) ; ingénieur agronome ; militant communiste, secrétaire de la fédération communiste de la Sarthe.

Fils d’instituteurs, Pierre Combe poursuivit des études secondaires au lycée de Tulle puis prépara « I’Agro » au lycée Montaigne de Bordeaux. En 1934, à sa sortie de l’Institut national agronomique de Paris, il entama sa carrière d’ingénieur agronome qui le conduisit successivement à Montpellier, à Yvetot, à Chambéry, où il fut mobilisé en 1939 (ensuite prisonnier de 1940 à 1942), à Caen, enfin à la direction des Services agricoles de la Sarthe, au Mans, où il résida de 1945 jusqu’à sa mort.

Sous le Front populaire, en 1936, il adhéra au Parti communiste auquel il resta fidèle jusqu’au bout. Peu après son arrivée dans la Sarthe, il devint un des militants communistes les plus en vue, bénéficiant dans la fédération d’une aura d’intellectuel. En octobre 1950, il présida les assises départementales de la paix puis le comité départemental du Mouvement de la paix jusque dans les années 1960. En 1953, siégeant au secrétariat fédéral, il fut présenté, en position éligible, aux élections municipales du Mans. De 1953 à 1959, au conseil municipal, il fut un des plus actifs opposants au maire gaulliste Jean-Yves Chapalain. En avril 1955, Pierre Combe refusa avec éclat une mutation d’office dans un département voisin, arguant qu’elle n’était justifiée par aucune considération d’ordre professionnel. Fort de l’appui d’un comité de défense regroupant personnalités du monde agricole et militants politiques et syndicaux de tendances diverses, de l’extrême gauche au centre, il obtint gain de cause. En mai 1958, il représenta la fédération du PCF au comité sarthois de défense des institutions républicaines. Défenseur de l’école publique dans les années 1960, il siégea au comité départemental d’action laïque et milita au sein de la fédération des parents d’élèves Cornec.

En 1959, le mode de scrutin contribua à écarter communistes et socialistes du conseil municipal du Mans. En 1965, Pierre Combe mena une liste d’union de la gauche qui ne fut devancée par celle de la droite que de huit voix. À l’élection municipale partielle du 6 novembre1966, après la démission de la municipalité (celle-ci précédant l’annonce de l’annulation du scrutin de 1965), la division de la gauche contribua au succès de la liste du maire sortant centriste, Jacques Maury, sur celle de Pierre Combe qui réunissait communistes, socialistes dissidents et personnalités de gauche. En 1971, Pierre Combe mena une nouvelle fois une liste de ce type. Elle fut battue au second tour.

En 1967, il entra au conseil général de la Sarthe, élu dans le nouveau canton du Mans sud-ouest, comprenant le grand ensemble d’Allonnes. Il y siégea jusqu’en 1979, s’intéressant aux questions agricoles et d’enseignement, particulièrement au développement du centre universitaire au Mans. De 1976 à 1979, sous la présidence du socialiste indépendant Fernand Poignant, soutenu par la gauche, il devint second vice-président de l’assemblée départementale.

À trois reprises, en 1968, en juin 1969 (élection partielle) et en 1973, son parti le présenta à des législatives contre le gaulliste Joël Le Theule, sans aucune chance de succès.

En 1977, il fut candidat malheureux aux élections sénatoriales. À ce moment, depuis quelques mois, il siégeait à nouveau au conseil municipal du Mans, occupant les fonctions de premier adjoint du maire, son camarade Robert Jarry, ancien premier secrétaire de la fédération sarthoise du PCF. Réélu aux municipales de 1983, Pierre Combe resta simple conseiller jusqu’en 1989.
Du 3 décembre 1974, date de son inauguration, à février 1979 fonctionna au Mans l’Université nouvelle que Pierre Combe fonda et présida, en vue de la diffusion, « sans œillères », auprès du grand public, des éléments du marxisme, avec le concours de conférenciers locaux et parisiens (140 auditeurs lors de l’inauguration, de trente à cinquante ensuite). Pierre Combe fut aussi le président très actif de la section locale de France-URSS (France-Russie après 1989) : organisation de débats, voyages, entretien de la stèle à la mémoire de combattants soviétiques de la Seconde Guerre mondiale, près du Lude (Sarthe), Lors du bicentenaire de la Révolution française, il fonda et présida l’association Vive la Révolution qui, tantôt par ses propres forces, tantôt avec le soutien de « Vive 89 » qu’animait Claude Mazauric, sortit un bulletin, organisa un cycle de conférences et contribua à la réédition des mémoires du conventionnel sarthois René Levasseur préfacés et annotés par Christine Peyrard.

Pour son 75e anniversaire et ses cinquante années de militantisme, la fédération sarthoise du PCF rendit un hommage public à Pierre Combe le 30 janvier 1987 au Palais des congrès du Mans, en présence du maire de la ville, Robert Jarry, de Philippe Herzog, représentant la direction nationale, et de Juliette Gréco qui se produisit sur scène.

Lors de la campagne des municipales de mars 1989, Pierre Combe, comme Robert Manceau, ancien député communiste*, approuva la décision de son parti d’exclure Robert Jarry et ses camarades favorables à une entente dès le premier tour avec les socialistes. Mettant tout son poids moral au service du PCF, il figura en seconde position sur la liste menée par Daniel Boulay, premier adjoint sortant en rupture avec Jarry, conseiller général, ancien député ; en vain car sa liste n’obtint qu’un seul élu.

Marié, Pierre Combe eut quatre enfants. Son épouse, Renée, milita au PCF et à I’UFF. Un de ses fils, le docteur Martin Combe, également communiste, entra au conseil municipal du Mans en 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20445, notice COMBE Pierre [Sarthe] par Gérard Boëldieu, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 juillet 2012.

Par Gérard Boëldieu

SOURCES Arch. comité national du PCF, comités fédéraux. — Arch. personnelles (sur l’Université Nouvelle, sur Vive la Révolution). — L’Aurore sarthoise, puis Sarthe-Nouvelle (hebdomadaire de la fédération sarthoise du PCF). — Presse locale, en particulier : Ouest-France, 29 et 31 janvier 1987, 2 février 1987, 11 mai 1992 ; Maine-Libre, 12 mars 1990, 11, 12 et 15 mai 1992 ; Ouest-France. — L’Humanité, 12 mai 1992. — La Vie mancelle, janvier-février et mars-avril 1993 (notice par Michel Rosier). — R. Jarry, Les Communistes au cœur des luttes des travailleurs sarthois, Le Mans, 1970. — Conversations avec Pierre Combe.

ICONOGRAPHIE : R. Jarry, Les Communistes..., op. cit. — Articles de presse cités dans les sources.

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